“J’ai encore beaucoup à offrir à ce sport”, Marco Fusté

Le 22 décembre, la Fédération équestre internationale a annoncé la nomination de Marco Fusté au poste de directeur du saut d’obstacles. L’Espagnol, qui entrera officiellement en fonction ce 1er février, succède à l’Irlandais John Roche, en poste de 2007, date à laquelle ce poste avait été créé, mais dans les faits depuis 1987. Directeur du saut de la Fédération royale espagnole et chef de son équipe nationale depuis 2006, Marco Fusté a travaillé à l’organisation des Jeux olympiques de Barcelone, en 1992, puis des Jeux équestres mondiaux de Jerez, en 2002. Il fut aussi membre de différents groupes de travail de la Fédération équestre européenne ainsi que du comité technique de saut de la FEI, de 2011 à 2015. Par le passé, il est également passé par la Ligue mondiale de football américain, l’antenne européenne de la National Football League américaine ou encore la Fédération royale espagnole de tennis, dont il fut le directeur général, sans nommer d’autres structures privées liées à l’événementiel sportif. Ravi de sa nomination, ce polyglotte de cinquante-huit ans n’en connaît pas moins l’ampleur de la tâche qui l’attend.



Pensiez-vous à ce poste depuis longtemps ou avez-vous plutôt saisi l’opportunité lorsqu’il s’est retrouvé vacant?

J’ai toujours pensé que c’était un excellent poste, mais je n’y avais pas vraiment réfléchi. Cependant, quand l’occasion s’est présentée, j’ai sauté dessus.

John Roche a œuvré à ce poste pendant plus de trente ans. Quel genre de relations entreteniez-vous avec lui? Et compte tenu de vos échanges réguliers, vous attendiez-vous à ce que ce job soit tel qu’il est?

J’avais de très bonnes relations avec John Roche. Nous avons travaillé ensemble pendant les quatre années où j’ai siégé au sein du comité technique de saut d’obstacles de la FEI et même pendant les quinze années où j’ai officié en tant que directeur du saut de la Fédération espagnole. Je serai mieux placé pour répondre à des questions plus spécifiques après avoir vécu un certain temps à ce nouveau poste, où je débute le 1er février. Mais en tout cas, j’ai hâte de commencer, car je pense que ce job est une excellente occasion de servir le sport.

C’est un poste très stressant. N’auriez-vous pas espéré endosser une mission moins exposée pour ce qui sera probablement l’une des dernières étapes de votre carrière professionnelle?

J’ai occupé un certain nombre de rôles très stressants dans ma carrière et je dispose d’un ensemble d’outils personnels bien développés pour y faire face de façon positive. Je n’ai jamais eu l’intention de trouver un emploi où je pourrais poser mes pieds sur un bureau et y aller doucement! Je veux rester motivé et productif et je sais que ce poste me mettra au défi de donner le meilleur de moi-même chaque jour. C’est le travail de mes rêves et une chance d’œuvrer avec un groupe exceptionnel de professionnels. J’ai encore beaucoup à offrir au sport et j’aimerais utiliser ce nouveau poste pour faire la différence.

Que vos postes occupés en dehors du monde du cheval vous ont-ils apporté et comment avez-vous utilisé cette expertise au profit de vos engagements équestres?

Mon expérience dans le tennis et le football américain m’ont permis de comprendre différents aspects du sport, en particulier le marketing, la communication et l’organisation d’événements majeurs. Cela m’a également permis de mieux anticiper les exigences professionnelles des personnes de l’autre côté de la table afin que les relations se renforcent et que les processus soient plus efficaces. Quand vous avez travaillé pour des événements comme le Super Bowl ou organisé une finale de Coupe Davis, vous avez une perspective plus globale de ce travail. Certaines leçons que j’ai apprises dans ces sports ont certainement bien servi mon travail dans le monde du cheval.



“J’ai l’intention de m’atteler tambour battant à la révision complète des règlements”

Vous entrez en fonction à un moment très compliqué pour les sports équestres, et particulièrement le saut d’obstacles. De nombreux événements ont été annulés l’an dernier, ce qui  pourrait être à nouveau le cas cette année… Comment comptez-vous être aussi “utile” que possible dans ces circonstances?

La situation actuelle est éprouvante et difficile pour tout le monde, quel que soient son sport ou sa profession. Nous sommes confrontés à de nombreuses incertitudes et rien ne garantit la fin de cette pandémie. Nous espérons que le vaccin contribuera à dissiper bon nombre de ces incertitudes. Pour autant, notre force réside dans notre appartenance à une communauté. Aussi, j’ai bien l’intention d’unifier nos parties prenantes et de trouver des solutions qui nous permettront de sortir de cette pandémie plus forts que jamais. Je crois qu’il faut toujours rechercher les points positifs chez les gens et dans les situations. Je sais bien que cette pandémie est vraiment horrible, mais la réduction du nombre d’événements signifie aussi que la révision complète des règlements de saut d’obstacles peut être mon objectif principal dès mon entrée en fonction. J’ai bien l’intention de m’y atteler tambour battant.

Pouvez-vous expliquer comment s’articule vos fonctions et votre collaboration avec les membres du comité technique de saut d’obstacles? Où s’arrête leur “pouvoir” et où commence votre “pouvoir”?

Je ne regarde pas les choses sous l’angle du “je” et du “ils”. Je crois plutôt en “nous”. Il est de notre responsabilité collective de trouver des moyens d’améliorer le sport et de relever les défis qui se présentent à nous avec une vraie cohésion d’équipe. En tant que directeur, mon travail consiste à conduire le développement du sport et utiliser mon expérience et mes capacités pour donner suite aux propositions du comité technique une fois qu’elles ont été approuvées par l’organe compétent de la FEI, qu’il s’agisse du conseil exécutif, du conseil d’administration ou de l’assemblée générale.

Quels sont vos objectifs prioritaires pour les cinq et dix prochaines années? Comment aimeriez-vous que le monde du jumping soit lorsque vous quitterez ce poste?

Mon objectif est de développer davantage notre sport à l’échelle mondiale afin que plus de gens puissent en profiter et bénéficier de tout ce qu’il a à offrir. Le saut d’obstacles est déjà la plus grande discipline de la FEI. Bien que je connaisse les défis à relever, je vois également de grandes opportunités d’expansion, en particulier en Amérique du Sud, qui doivent nous permettre de développer ce sport encore plus largement.