Entre tradition et modernité, le Selle Français conserve son esprit de famille

Depuis des années, le Stud-book Selle Français se forge une véritable identité. Reconnue à l’international et dans toutes les disciplines, particulièrement en saut d’obstacles et en concours complet, la race entend bien poursuivre son expansion en 2021. Forte de son histoire et de l’esprit de famille qui règne autour d’elle, la maison du Selle Français n’a pas fini de briller.



Pour devenir celle que l’on connaît aujourd’hui, la race du Selle Français s’est solidement forgée une identité tout au long du siècle dernier. Issu de la fusion des Demi-sang régionaux anglo-normands, charolais, limousins ou encore vendéens, le stud-book de la race phare de l’Hexagone voit le jour en 1958. Résultat de la pluralité des territoires et des savoir-faire des éleveurs et éleveuses, le Selle Français se caractérise par plusieurs grands critères. Robustesse, courage et volonté ont souvent été des qualités recherchées chez les juments mères. Aujourd’hui, les équidés se veulent performants, polyvalents, énergiques, élégants, forts et intelligents. 

Si l’essor du Selle Français est intervenu dans les années 1970, coïncidant avec le développement des sports et loisirs, la race a toujours fait l’objet d’une sélection minutieuse, initiée par les militaires puis reprise par les cavaliers-éleveurs. “Il y avait un vrai potentiel de jumenterie”, analyse Pascal Cadiou, président du Stud-book Selle Français depuis 2014. Et de reprendre: “Des gens comme Jean Brohier ou Alain Navet ont passé leur vie à sélectionner des chevaux voués aux concours hippiques. Cette production et cette passion se sont transmises de génération en génération, pour devenir ce qu’elles sont aujourd’hui. Dans les années 1970-80, on se souvient de Jean Pottier, qui attelait toutes ses juments à la faneuse, tout en produisant des champions. Ce sont ces hommes qui ont sélectionné les juments les plus robustes, solides, courageuses et respectueuses, qui ont participé à fonder le Selle Français, en parallèle du travail réalisé par les Haras nationaux dans le choix des mâles.”

La notion de groupe, et plus largement celle de famille, a été et demeure fondamentale pour le stud-book. “Tous les éleveurs ne sont pas obligés de faire partie de la famille car chacun peut avoir ses propres critères, et beaucoup réussissent d’ailleurs dans cette voie-là. Mais le succès des uns entraîne celui des autres. Nous avons toujours besoin d’être inspirés, et il faut prendre exemple sur les éleveurs à succès pour être encore meilleurs”, développe Pascal Cadiou. “Il y a une part de chance dans l’élevage, certes, mais il y a surtout une énorme part de travail et de coup d’oeil. Les événements que nous organisons, tant au niveau régional que national, s’inscrivent dans cette volonté d’échange d’informations. Cette dynamique de groupe est la force de la France. Dans chaque région, il y a des gens amoureux et passionnés. Il faut que cette saine émulation puisse les entraîner.”



RESTER DANS LA COURSE

Désormais, le Selle Français doit poursuivre le travail engagé depuis plusieurs décennies. Défi numéro un : rester dans la course. Pour cela, les éleveurs savent qu’ils doivent répondre aux attentes et exigences de leurs clients. Il convient donc de faire régulièrement le point sur les évolutions du sport et des cavaliers. À la recherche de modernité, tout en conservant ses origines, le Selle Français entend maintenir et solidifier sa place aux côtés des quatre principaux stud-books que sont le KWPN, le BWP, le Holsteiner et le Oldenbourg. 

“Quelques pays européens détiennent le monopole de la production: la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne, un peu l’Irlande, et la France. Il y a une saine émulation entre ces pays. Il faut que nous restions parmi les stud-books leaders, et, pour cela, il ne faut surtout pas renier qui nous sommes, ni nos savoir-faire. En revanche, et sans devenir de viles copies, il faut aussi savoir s’inspirer et regarder ce que font nos voisins, amis et concurrents”, note Pascal Cadiou. 

Deuxième des classements mondiaux des stud-books de saut d’obstacles et de concours complet édités par la Fédération mondiale de l’élevage de chevaux de sport (WBFSH), le Selle Français “se porte bien”, selon son président. Grâce à des représentants performants, la race dispose d’une belle vitrine. Pour Pascal Cadiou, Victorio des Frottards (ISO 175, SF, Barbarian x Prince Ig’Or, AA), complice du numéro un mondial suisse, Steve Guerdat, représente parfaitement l’alliance de la modernité et de la tradition. “Victorio est le croisement d’un Selle Français et d’une jument issue d’un père Anglo-Arabe. C’est la base même de nos territoires, notamment dans le Sud-Ouest”, souligne Pascal Cadiou. “C’est un cheval qui reste sensible, avec de vraies qualités de courage et de force mentale. Il faut cultiver le fait que les chevaux gardent une envie naturelle de faire les choses, de coopérer, de participer.”

Toutefois, pas question de se reposer sur ses lauriers pour le Selle Français. “Il ne s’agit pas que de produire. Si nous produisons des chevaux, mais que nous ne savons pas les amener au meilleur niveau, cela n’a pas de sens”, juge le président du stud-book. “Nous avons la chance d’avoir de grands savoir-faire sur l’ensemble du territoire national et il faut en profiter. En outre, il faut poursuivre le travail de formation des éleveurs, cavaliers et formateurs. Il n’y a pas de profession qui ne continue pas à se former au cours du temps. Dans la mesure du possible, nous devons aussi essayer de développer le volet commercial, où nous sommes un peu moins brillants, bien qu’il y ait de très belles structures comme les agences Fences et NASH.” Après une année 2020 singulière, le Selle Français a tenu bon la barre et espère poursuivre son ascension en 2021. Cela devrait d’ailleurs commencer ce mois-ci, avec les Journées des Étalons Selle Français prévues à Saint-Lô, les 19 et 20 février.

Cet article est paru dans le dernier numéro du magazine GRANDPRIX (n°123).