Klaire d’Honvault, un style inimitable et une générosité sans faille
Klaire d’Honvault a non seulement lancé la carrière à haut niveau de Guillaume Foutrier, obtenant un ISO 170, mais elle s’est aussi révélée une excellente mère, donnant notamment l’étalon Todt un Prince (ISO 159), vingt-deuxième des championnats d’Europe Longines de Rotterdam en 2019 avec le Danois Søren Møller Rohde, et Appy Days une Prince (ISO 142), qui poursuit une belle carrière sous la selle de Juliette Faligot. Itinéraire d’une championne made in Nord-Pas-de-Calais!
Gitane mit le cap au Nord
Notre série de portraits baptisée “Trésors de championnes” s’intéresse aujourd’hui à Klaire d’Honvault. Pour rappel, GRANDPRIX s’est appuyé sur une sélection de juments nées après 1995, ayant obtenu d’excellents résultats sportifs, matérialisés par l’obtention d’un indice de performances supérieur à 160, et ayant engendré au moins deux produits eux-mêmes indicés à 140 et plus. Si cette belle alezane a marqué les esprits des connaisseurs avertis et du grand public pour son atypique lancer d’antérieurs, elle a surtout brillé par sa régularité exemplaire en concours de saut d’obstacles. Originaire des Hauts-de-France, née le 10 mai 1998, l’ancienne complice de Guillaume Foutrier a obtenu durant trois années consécutives un ISO 170 et elle bénéficie à ce jour de 8,5 points PACE.
Si l’on se réfère à l’affixe de Klaire, celui d’Honvault, on situe en premier lieu l’élevage d’Henri-Pierre Delplace sur la côte d’Opale, à cheval entre les communes de Wimereux et de Boulogne-sur Mer. Cet ancien agriculteur, également cavalier et enseignant aujourd’hui disparu, a transmis sa passion à son fils Arthur, qui a concouru à bon niveau, en As Poneys, avec Tralala des Salines (IPO 163, PFS, Linaro x Lusty, Co). Faire naître, puis initier ses jeunes chevaux nés chez lui tenaient tout autant à cœur.
Klaire d’Honvault est une fille de Clair de B’Neville (ISO 138, SF, Gaverdi, AAC x Muguet du Manoir), étalon valorisé en concours jusqu’à sept ans et dont la seule autre réussite fut Kalif d’l’Herbage (ISO 153, SF, mère par Jalisco B). L’alezane provient de la précieuse souche de L’Impératrice (SF, Danseur II x Barigoule, AA), sa troisième mère, à qui l’on doit Ugo de l’Anglaie (ISO 172, SF, Tcherco, AA), sacré champion de France Pro 1 avec le regretté Stéphane Delaveau, ainsi que Sweet de l’Anglaie (ISO 137, SF, Jeton de Thurin). Seule fille de L’Impératrice, Venus de l’Anglaie (SF, Grand d’Escla) a produit plusieurs chevaux indicés en compétition dont Kicka d’Honvault (ISO 140, SF, Quick Star), elle-même mère de Trinity de Favi (ISO 136, SF, Mr. Blue) et Vengeur de Favi (ISO 137, SF, Diamant de Semilly). Gitane d’Honvault (SF, Quam de la Lande), la mère de Klaire, n’a que très peu concouru, mais a engendré quatorze produits dont Réplique d’Honvault (ISO 130, SF, Luccianno), Magie d’Honvault (ISO 134, SF, Cook du Midour, AA) et Oasis d’Honvault (ISO 138, SF, Heartbreaker), elle-même de Cyndrom un Prince (ISO 143, SF, Guépard de Brekka).
Cette souche maternelle est assez marquée par le sang de Barigoule (1962, Florealys x Lord Bob, Ps), un étalon Anglo-Arabe à l’origine d’une lignée de galopeurs et qui fut longtemps stationné au haras de Compiègne aux côtés d’autres étalons AA en vogue comme Dare-Dare II, que l’on retrouve dans le pedigree de Dilème de Cèphe (ISO 185, AAC, Starky d’Anchin x Et Hop, AA), qui a fait de Bruno Broucqsault le seul et unique vainqueur français de la finale de la Coupe du monde, en 2004 à Milan. Barigoule a laissé plus de trois cents produits. Nombre d’entre eux se sont distingués sportivement, comme Lama II (ISO 174, SF, mère par Ascot), Îlot A (ISO 162, SF, mère par Tiros, Ps), Fucus du Major (ISO 157, SF, mère par Pré Catelan II, Ps) et Pompée (ISO 156, SF, mère par Diableur) en saut d’obstacles, Gavroche P (ICC 173, CS, mère par Monceaux, Ps) et Istamboul A, (ICC 161, CS, mère par Joram, AA) en concours complet ou encore Œnologue (IDR 149) et Émir de Belle (AA, mère par Licteur, AA) en dressage. Ses qualités intrinsèques ont nourri le stud-book AA mais aussi le SF. On le retrouve ainsi en arrière-grand-père maternel de Kellémoi de Pepita (ISO 183, SF, Voltaire x Jalmé des Mesnuls), médaillée d’argent par équipes aux championnats d’Europe de Madrid, en 2011,
Une carrière sportive sagement menée
Initiée au saut d’obstacles par Henri-Pierre Delplace, son naisseur, Klaire d’Honvault participe à la Grande Semaine de Fontainebleau à quatre puis à cinq ans, sans défrayer la chronique. La saison suivante, elle commence à attirer les regards, en particulier celui de Guillaume Foutrier. “Je l’ai repérée à six ans lors du concours de Béthune et j’ai demandé à Henri-Pierre Delplace s’il pouvait me la confier”, se souvient le cavalier nordiste. Un accord est conclu l’année suivante, puis le Haras des Princes et la famille Huchin acquièrent la jument après la finale de Fontainebleau. Cette année charnière est synonyme de progression et de résultats prometteurs mais le cavalier veille à ne pas brûler les étapes. “Klaire était douée d’un respect rare et se montrait très compétitive, mais elle pouvait aussi être rigide. C’est pourquoi nous avons pris le temps de l’amener progressivement vers de belles épreuves.” Un choix mûrement réfléchi qui s’impose concluant.
Guillaume et Klaire réussissent un joli doublé à Fontainebleau en remportant successivement le Critérium Pro 2 en 2006 puis le Championnat en 2007. Les années suivantes, les victoires et accessits s’enchaînent en Grands Prix CSI 2*, 3* et 4*. “Une année, je me souviens que nous en avions trois de suite (en 2009 à Wisbecq, Verquigneul et Marnes-la-Coquette, de niveau 2*, ndlr). Klaire m’a aussi permis d’honorer ma première sélection en Coupe des nations lors du CSIO 4* à Linz, en Autriche”, renchérit Guillaume. “Sans oublier notre premier CSI 4* à Arezzo en Italie, où nous avions réussi un double sans-faute dans le Grand Prix et terminé quatrièmes. Elle était extrêmement régulière et compétitive et avait un gros mental”, conclut Guillaume Foutrier.
Des résultats tout aussi encourageants à l’élevage
Klaire d’Honvault a mené de front sport et élevage. Ainsi, Ohappie et Oklaire d’Honvault, ses deux premières filles, issues de Happy Villers et obtenues par transferts d’embryon, ont vu le jour dès 2002. Mariée à Number One d’Iso, Oklaire a donné le tout bon Uno de Thunes (ISO 146). En 2007, Klaire produit deux nouveaux embryons, cette fois pour le compte du haras des Princes: Todt Un Prince (ISO 159, SF Baloubet du Rouet) et Tarantino Un Prince (L’Arc de Triomphe). À ses débuts, le premier évolue sous la selle de Véra Benchimol-Brot avant d’être acquis par Ask, l’écurie danoise collaborant avec le cavalier suédois Rolf-Göran Bengtsson, qui le monte en 2015 et 2016, en alternance avec le Suisse Andreas Erni. L’étalon approuvé se hisse jusqu’au meilleur niveau international avec le Danois Søren Møller Rohde, terminant septième du Grand Prix CSIO 5* de Falsterbo puis vingt-deuxième des championnats d’Europe Longines de Rotterdam en 2019. En 2010, Klaire engendre la prometteuse Appy Days une Prince (ISO 142, SF, Dollar de la Pierre), classée en Grands Prix CSI 2* avec Juliette Faligot.
En 2012, pour le haras de Wisbecq, naît Galantina by Wisbecq (sBs, Belitys de la Demi Lune), aujourd’hui poulinière à Eden Farm, l’élevage de Gaëtan Decroix. De 2014 à 2020, six autres produits de Klaire et Number One d’Iso, l’étalon maison, naissent au haras des Princes. Depuis 2013, après une première tentative infructueuse avec Diamant de Semilly, la championne porte elle-même ses poulains. “Klaire a aujourd’hui vingt-deux ans, elle commence à vieillir, alors nous faisons attention. En 2018, je ne l’ai pas faite saillir, par exemple”, précise Marius Huchin, son propriétaire. Klaire semble réunir nombre d’atouts pour l’élevage, à commencer par son incroyable respect et son envie de bien faire. “Je n’ai pas hésité à apporter du sang, tout en faisant attention à mes croisements”, tempère Marius. En digne fils de Baloubet du Rouet, Number One semble justement transmettre cette qualité. La relève de Klaire est donc en marche. Dans le Pas-de-Calais, ses filles Elaiklaire ou Free Days prennent le relais à l’élevage avec la mission de faire perdurer cette très belle souche.