Face aux violences sexuelles, la FFE défend son action et dit vouloir l’amplifier

Face au mouvement de libération de la parole sur les violences sexuelles dans le monde du cheval, au sujet duquel GRANDPRIX a publié un nouvel article aujourd’hui, la Fédération française d’équitation vient d’annoncer un nouveau plan de lutte. À la veille du coup d’envoi de la campagne électorale en vue de l’assemblée générale du 18 mars, elle a publié un long communiqué à ce sujet.



© FFE

“Au-delà des discours, la fédération condamne tout acte de violence sexuelle et agit avec détermination pour lutter contre ce fléau. Il est primordial de renforcer les mesures en vigueur par des actions d’envergure permettant de sensibiliser, prévenir, former et lutter contre les violences sexuelles”, introduit Serge Lecomte, président sortant de la Fédération française d’équitation (FFE), en lice pour un nouveau mandat de quatre ans, et directement concerné par l’affaire Caudal, révélée au printemps dernier par Mediapart. “La réglementation spécifique au sport en général, et donc à l’équitation, établit une obligation d’honorabilité (vérification des casiers judiciaires) à l’égard des éducateurs sportifs, rémunérés et bénévoles, et des exploitants d’établissements d’activités physiques et sportives, dont les dirigeants de centres équestres font partie. Pour autant, cette réglementation ne semble pas suffisante”, a admis la FFE dans un communiqué paru ce midi.

“Depuis février 2020 et les premières révélations, la FFE œuvre pour stopper ces agissements et permettre aux victimes et aux témoins de prendre la parole et de dénoncer ces actes odieux. Nous avons notamment lancé une campagne de sensibilisation en créant une cellule d’écoute externalisée, une adresse courriel dédiée à la réception de signalements, ainsi qu’un visuel fort destiné à être affiché dans les clubs pour inciter chacun à dénoncer les violences sexuelles”, décrit Frédéric Bouix, délégué général à la FFE. 

L’ensemble de ces moyens de sensibilisation et de prévention a été appuyé par la campagne de communication du ministère chargé des Sports. La FFE a mis en place une page dédiée aux violences sexuelles sur internet et relaie régulièrement les informations sur ses réseaux sociaux. “À ce jour, la fédération a reçu vingt-huit signalements concernant vingt-quatre victimes, qui ont tous été communiqués à la cellule de signalement du ministère en charge des Sports et qui font l’objet d’échanges réguliers entre les services concernés”, assure la FFE. À ce sujet, Amélie Quéguiner, qui avait été la première à oser prendre la parole il y a tout juste un an, juge la politique fédérale insuffisante. “Après mon témoignage l’an dernier, j’ai reçu des tonnes de messages de victimes, qui pour beaucoup en parlaient à quelqu’un pour la première fois. Je les ai guidées, et certaines m’ont dit que tous les signalements n’ont pas été correctement transmis. Le ministère délégué aux Sports et la FFE se renvoient la balle pour savoir à qui est la faute…”



De premières sanctions

“Plusieurs sanctions administratives ont déjà été prises”, rappelle la FFE. “La Fédération est toujours en attente d’informations pour six de ces dossiers. La plateforme d’écoute externalisée mise en place par la FFE a reçu dix-sept appels évoquant de manière anonyme des violences sexuelles entre le 1er février et le 11 mars 2020. Depuis cette date, à la demande de l’État, les demandes sont directement relayées vers les plateformes d'écoute nationales (www.ffe.com/Signalement). Ces affaires relèvent de la justice pénale (mais ne sont jugées que lorsqu’elles ne sont pas prescrites, ndlr). Toutefois la commission disciplinaire examinera trois dossiers sur lesquels elle se prononcera prochainement. Avant 2020, La FFE a traité l’ensemble des dossiers portés à sa connaissance et avait déjà, en 2018, saisi la commission disciplinaire pour des faits de ce type et pour lesquels des sanctions avaient été prononcées”, assure encore le communiqué, faisant ici référence à l’affaire concernant Jacques Ferrari, champion du monde de voltige. 

“Outre ces moyens mis en place, et avec pour volonté d’aller plus loin encore, le président Serge Lecomte a demandé au comité fédéral de créer un groupe de travail pour prévenir et lutter fermement contre les violences sexuelles. Ce groupe est composé du président de la FFE ou de son représentant, du médecin fédéral, du président de la commission disciplinaire de première instance, du président du comité d’éthique, de la directrice technique nationale pour sensibiliser les acteurs de terrain et faciliter le retour d’informations, d’une dirigeante d’établissement équestre victime de violences et de la référente FFE, juriste de formation. Cette dernière est en charge de la réception des signalements. Elle garantit un cadre de sécurité et de confidentialité dans le traitement et la transmission de ces informations extrêmement sensibles aux services compétents du ministère des Sports. Ce groupe de travail a établi un plan de prévention, actuellement en cours de déploiement ce trimestre, qui sera renforcé au fil du temps”, poursuit Frédéric Bouix.



Un plan en deux axes

La FFE défend un nouveau plan en deux axes. “Tout d’abord, l’information du public et la libération de la parole, qui comprend la campagne de sensibilisation ‘N’en parle pas qu’à ton cheval’, lancée en février 2020, les interventions d’une association spécialisée pour l’accompagnement des victimes et le renforcement de la Charte d’éthique et de déontologie. Également un plan de formation des acteurs de l’équitation qui regroupe des séminaires de sensibilisation à destination des dirigeants, des éducateurs, des cavaliers, des officiels de compétition; la création d’un module d’e-learning adapté au public ciblé; la création d’un formulaire de questions/réponses à envoyer aux éducateurs et dirigeants; l’obtention de labels fédéraux conditionnée à la validation du module d’e-learning; et enfin la création d’une partie ‘violences sexuelles’ dans les titres à finalité professionnelle délivrés par la FFE: accompagnateur de tourisme équestre et animateur d’équitation et les brevets fédéraux d’encadrement”, décrit la Fédération.

“La FFE est pleinement mobilisée pour lutter contre les violences sexuelles et contre toutes formes de violences en général, et reste à l’écoute pour faire évoluer ce dispositif de prévention et de lutte”, conclut Sophie Dubourg, directrice technique nationale.

Pour tout complément d’informations : www.ffe.com/Signalement