“Le moment le plus marquant de mon année 2020 a été mon arrivée chez Pénélope Leprevost”, Tressy Muhr

Après un court retour aux sources au sein des écuries familiales, Tressy Muhr s'est engagée dans une nouvelle aventure aux côtés de Pénélope Leprevost, avec qui elle collabore désormais. L’amazone de vingt-trois ans qui concourt sous les couleurs d'Israël depuis trois saisons continue donc son apprentissage auprès d’une championne olympique par équipes après avoir passé un an au haras des Grillons. Pour GRANDPRIX, Tressy Muhr raconte ce nouveau tournant dans sa carrière et évoque ses nouvelles ambitions. 



En juin, vous expliquiez avoir quitté le haras des Grillons pour retourner au haras des Templiers, dans la structure familiale. Mais la situation a depuis évolué… 

En effet, j’étais retournée chez moi, au haras des Templiers, pour remettre des jeunes chevaux en route. Un peu plus tard, au concours de Grimaud, Pénélope Leprevost est venue me voir pour me proposer de venir travailler chez elle. Je m’y suis d’abord rendue quelques jours pour voir comment les choses pouvaient se passer, et nous nous sommes bien entendues. Je me suis alors dit que ça pourrait être une excellente expérience et que cela pourrait me mener à de très bonnes choses. 

Quel rôle avez-vous chez Pénélope Leprévost ? 

Je dirais que je suis un peu son second. Je monte les chevaux pour lesquels elle n’a pas forcément le temps, je fais un vrai travail en amont. Le but est que les choses fonctionnent ensemble, et j’essaie également de me composer un piquet pour prendre part à des épreuves importantes. Je suis arrivée chez elle en octobre et je commence en ce moment à faire des concours de mon côté. J’ai participé aux épreuves de Saint-Lô et j’ai pour projet de concourir à Deauville et à Auvers. Même si Pénélope n’est pas toujours présente avec moi sur les concours, nous faisons régulièrement le point ensemble, ce qui nous permet de garder un lien privilégié. Les choses se passent très bien, Pénélope a sa méthode et j’essaie d’apprendre d’elle. J’ai la chance qu’elle me laisse faire, tout en m’aiguillant. 

Qu’apprenez-vous à ses côtés ? En quoi cette nouvelle collaboration est-elle différente de la précédente ? 

J’ai travaillé pour Carlos Lopez, au haras des Grillons, pendant un an. Je dois dire que la méthode de Pénélope est complétement différente, que ce soit en termes de gestion des chevaux ou dans la façon de monter. C’est vraiment super d’apprendre des nouvelles choses et de pouvoir voir d’autres manières de fonctionner.

La connaissiez-vous par le passé ? 

Je ne la connaissais pas personnellement, mais j’avais une très bonne image d’elle, c’est une cavalière que l’on ne peut qu’admirer, elle a réussi à atteindre le plus haut niveau, elle gère une structure seule… Pénélope est exigeante dans le travail, c’est vrai, mais c’est bien normal lorsque l’on veut progresser ! À côté de ça, elle est très sympa, on rigole bien, l’ambiance est très agréable ! 

Pourquoi avoir choisi cette écurie ? Y êtes-vous installée pour une durée déterminée ? 

Lorsque Pénélope m’a fait cette proposition, je me suis dit "pourquoi pas". Je suis encore jeune, et c’est le moment ou jamais pour moi d’essayer de nouvelles choses. Pour le moment, la durée de notre collaboration n’est pas définie mais j’espère qu’elle durera pour nous permettre de réaliser de belles choses. 



“Mon piquet de chevaux est tout neuf”

© Sportfot

Que retenez-vous de votre partenariat avec le haras des Grillons ?   

C’était vraiment une très bonne expérience. Cela m’a permis de prendre part à de beaux concours, de côtoyer le haut niveau et d’évoluer dans une écurie aux conditions de travail exceptionnelles. Le fait d’être entourée de très bons cavaliers et de monter d’excellents chevaux m’a apporté une réelle expérience. J’ai aussi pu y faire évoluer le cheval que j’avais amené là-bas, que j’ai par la suite vendu (Elias, désormais monté par l’Italien Piergiorgio Bucci, ndlr). Bref, cette expérience a été extrêmement enrichissante sur tous les plans.  

Vous vous éloignez donc de votre famille, et en particulier de votre papa Éric, avec qui vous vous entrainiez. Pensez-vous que cette décision soit plus profitable à votre carrière sportive?   

Je m’entends très bien avec ma famille, mais mes parents sont ravis que je puisse bouger et voir autre chose, ils trouvent que c’est mieux pour moi que de rester dans mon train-train quotidien. Le haras des Templiers reste bien sûr notre écurie familiale, et j’y retournerai peut-être, mais pour le moment mon entourage me conseille vraiment de multiplier les expériences et d’apprendre au maximum, pour continuer à évoluer, voir de nouvelles choses, progresser... Lorsque j’étais à Valence (au haras des Grillons, ndlr), je n’étais pas très loin de chez moi donc c’était particulièrement pratique, mais désormais, même si je suis plus éloignée chez Pénélope, je n’ai pas le mal du pays, et ce, malgré la température ! (rires)   

Sur quels chevaux pouvez-vous compter ?   

J’ai actuellement beaucoup de chevaux à monter, dont huit chevaux de huit ans ! La plupart ont fait le circuit des sept ans et seront bientôt prêts à prendre part à des épreuves plus importantes. Mon piquet de chevaux est tout neuf, je suis en train de faire les réglages et d’apprendre à les connaître. J’ai également récupéré un cheval qui pourrait devenir mon cheval de tête car il a plus de métier et a déjà couru de bonnes épreuves à l’étranger. Dans les huit ans, j’aime beaucoup Derby de Beaufour et Havane GP du Bois Madame, qui semblent prêts au niveau de la hauteur. Je m’entends également très bien avec Elvira de Beaufour, qui s’apprête quant à elle à disputer le circuit des sept ans.  

Songez-vous à une participation aux championnats d’Europe de Riesenbeck ?   

J’aimerais y participer si j’ai le bon cheval prêt au bon moment, mais pour l’instant je ne me projette pas encore aussi loin.



“Avec la pandémie de Covid-19, c’est difficile de se projeter”

2020 a été une année compliquée, mais vous semblez avoir réussi à en tirer profit. Quels sont vos meilleurs souvenirs l’année passée ?   

Les conséquences de la crise sanitaire m’ont permis de prendre le temps de bien travailler, sans nécessairement enchainer les concours à un rythme aussi soutenu que d’habitude. J’ai aussi pu en profiter pour bien m’acclimater à mes nouvelles écuries, et pour apprendre à connaître les chevaux. J’ai continué d’évoluer avec mes chevaux et ai pu faire quelques bonnes épreuves. Pendant tout ce temps, j’ai surtout continué d’apprendre de nouvelles choses, et je me plais beaucoup dans ce que je fais. Ce qui est sûr, c’est que le point marquant de mon année est sans aucun doute mon arrivée chez Pénélope Leprevost, à Lécaude.  

Si les choses ont bien changé pour vous en peu de temps, le contexte sanitaire, lui, ne s’est malheureusement pas grandement amélioré. Comment appréhendez-vous la situation actuelle ?   

S’il n’y a que les restrictions sanitaires, je dirais que nous nous en sortons plutôt bien, car nous avons surtout besoin d’avoir des échéances. Ce que je crains, ce sont les annulations de concours. Mon quotidien n’est sinon pas vraiment impacté par la crise sanitaire, mes journées sont bien remplies et je n’ai pas vraiment le temps de réaliser tout ce qu’il se passe, d’autant plus que je suis souvent à cheval, et en plein air. Comme tout le monde, j’espère néanmoins que les concours vont pouvoir reprendre plus normalement.   

Que retenez-vous de vos dernières expériences en concours ?  

Le dernier CSI auquel j’ai participé était celui de Saint Tropez, en octobre. J’étais à l’époque encore aux écuries familiales, et donc pas tout à fait dans la même optique qu’aujourd’hui. Cependant, ce concours a été très positif. Depuis mon arrivée chez Pénélope Leprévost, j’ai démarré la saison avec Derby de Beaufour, Havane GP du Bois Madame et Toulon de l’O Z. J’ai pu voir ce qu’il y avait à peaufiner et ai pu me constituer la ligne de conduite à tenir sur les prochains concours.   

En espérant que l’année 2021 soit plus clémente, quels sont vos objectifs pour la suite ?   

Je n’ai pas d’objectifs précis, le tout est pour moi de faire évoluer les chevaux au mieux, d’avoir les meilleurs résultats possibles, et pourquoi pas de commercialiser certains chevaux. Avec la pandémie de Covid-19, c’est difficile de se projeter car les choses changent assez régulièrement. Je devais par exemple participer au concours de Saint-Lô ce week-end, mais celui-ci a été annulé en raison du manque de participants. On peut dire que si j’arrive à me projeter mois par mois, ce sera déjà pas mal ! (rires) J’ai quand même prévu de faire quelques concours comme celui d’Auvers, mais pour le reste, cela se fera au fur et à mesure, et dépendra également de ce que les chevaux vont montrer.