“La relation avec le cheval est pour moi primordiale”, Mélie Gosa
Du haut de ses vingt-et-un ans, Mélie Gosa a fait parler d’elle le week-end passé en se classant dans une belle épreuve au CSI 2* d’Oliva, avec sa fidèle Alouette d’Éole. Soucieuse de faire les bons choix, la cavalière installée dans le Sud se laisse quelques semaines pour déterminer le chemin qui l'amènera au plus haut niveau.
Vous vous êtes classée deuxième d’une épreuve à barrage à 1,45m samedi au CSI 2* d’Oliva, devançant de grands noms tels que Julien Epaillard. Que tirez-vous de ces belles performances ?
À Oliva, les choses se sont spontanément bien passées. Je ne comptais pas m’engager avec Alouette dans des épreuves importantes, mais elle était tellement bien les jours précédents que j’ai pu nous inscrire dans cette épreuve à 1,45m. Lorsque je suis partie au barrage, je ne pensais pas que j’irais très vite, mais nous étions finalement tellement contentes elle et moi que nous y sommes allées à fond, et avons réussi ce résultat incroyable. Je pensais vraiment que les autres seraient plus rapides, mais je n’ai finalement qu’un centième de retard sur le vainqueur, Marlon Módolo Zanotelli. Ce que je retiens, c’est que le fait de ne pas trop me poser de questions avant de prendre le départ d’une épreuve fonctionne plutôt bien !
À seulement vingt-et-un ans, vous concourez déjà jusqu’en CSI 3* et comptez à votre palmarès un titre de championne de France des cavalières, obtenu en 2019. Comment en êtes-vous arrivée là et qu’est-ce que ce titre a changé pour vous ?
J’ai commencé par monter à poney lorsque j’étais enfant, majoritairement en balade. Mes parents m’ont fait pratiquer d’autres activités telles que la musique, le handball ou le tennis, mais je n’ai jamais décroché de l’équitation. Je me suis par la suite mise au saut d’obstacles lors de petites épreuves, et j’ai eu la chance de récupérer le poulain de la jument de ma mère, une Trotteuse. Celui-ci a été reconnu Selle Français, et j’ai pu concourir avec lui (Ugo de l’Emperi, ndlr) dans des épreuves allant jusqu’à 1,20m. J’ai ensuite acheté Oona du Moulin, avec qui j’ai concouru jusqu’à 1,30m, puis je me suis mise à la recherche d’un bon cheval à former, et j’ai trouvé Alouette! (Alouette d’Éole, jument Selle Français par Mylord Carthago, ndlr).
Le titre de Championne de France des cavalières a été pour moi une vraie récompense pour tout le travail effectué avec Alouette, notre couple s’est beaucoup développé et nous avons aujourd’hui une relation magique, fusionnelle.
Avec qui vous entrainez-vous et que vous apporte votre entraineur ?
J’ai été entrainée par Benjamin Negron de 2014 à 2016, c’est avec lui que j’ai effectué mon passage de poney à cheval. Je suis par la suite partie travailler avec Romain Dreyfus, grâce à qui j’ai également beaucoup progressé en passant de parcours de 1,25m à 1,35m en quelques mois seulement. J’ai ensuite continué à évoluer aux côtés d’Alouette, et nous avons signé un sans-faute lors de notre première épreuve à 1,45m. Après l’obtention de mon baccalauréat en 2018, je suis partie travailler en tant que cavalière maison chez Raphael Goehrs, avant d’arriver au centre équestre de Grammont, chez Harold Boisset, dont j’ai quitté les écuries il y a quelques semaines, juste avant mon départ pour Oliva. J’ai adoré être entrainée par Harold, le voir travailler, pouvoir monter ses chevaux et échanger avec lui au quotidien… Ça a été une expérience fantastique, et il reste d’une aide précieuse lorsque je le croise en concours.
Je suis désormais de retour à Istres, ville dans laquelle j’ai grandi, et je souhaite profiter des belles infrastructures de son centre équestre, tout en participant à son développement. Je suis en ce moment en pleine phase de réflexion quant à mon coaching et je prends un peu de temps pour y réfléchir. Je sais que je peux en tout cas compter sur mon père et ma sœur, qui me soutiennent énormément et que je tiens à remercier. J’admire par ailleurs beaucoup de cavaliers et je cherche à savoir avec lesquels il me serait possible de coopérer.
Quelle vision de l’équitation souhaitez-vous appliquer ?
La relation avec le cheval est pour moi primordiale, j’aime prendre le temps de tisser de véritables liens avec les chevaux, et je ne veux pas les envoyer trop vite sur les épreuves. Globalement, je dirais que j’écoute beaucoup mon cœur lorsque je monte à cheval.
"J’aimerais me consacrer pleinement à l’équitation."
Comment voyez-vous la suite ? Sur quels chevaux pouvez-vous compter ?
J’aimerais me consacrer pleinement à l’équitation. J’ai commencé une formation BE à Montpellier, et je voudrais par la suite continuer à me former chez différents cavaliers, peut-être en Belgique. Je compte pour le moment beaucoup sur Alouette, qui a de grandes qualités et que je connais par cœur. Il est vrai qu’elle n’est pas très motivée pour le travail à la maison, et je la sors donc beaucoup en extérieur. Nous avons la chance d’avoir un terrain de cross où je peux l’amener se défouler tout en travaillant son cardio. Dès qu’on est en concours en revanche, elle se transforme en véritable lionne, elle est extrêmement déterminée et n’a qu’une envie, c’est de gagner ! J’espère par la suite pouvoir également m’associer à de nouveaux chevaux afin de multiplier les épreuves.
Vous vous faites remarquer sur les terrains internationaux depuis plusieurs années, trouvez-vous que ceux-ci sont suffisamment ouverts aux jeunes cavaliers ?
Je pense que les concours internationaux sont plus ouverts aux jeunes cavaliers à l’étranger qu’en France. Il y a en France des concours auxquels j’aimerais vraiment participer, comme celui de Grimaud par exemple, qui se situe à seulement deux heures de chez moi, mais pour lequel il est compliqué pour un jeune cavalier d’être sélectionné. En France, ce sont effectivement les résultats qui priment, et il est donc assez logique qu’il nous soit difficile d’accéder aux concours d’importance en tant que jeunes cavaliers. En même temps, ce sont des événements qui nous font vraiment progresser et auxquels nous aimerions pouvoir participer plus facilement.
Quel regard portez-vous sur la crise sanitaire et ses conséquences pour le domaine équestre ?
Je pense que nous, les professionnels, avons beaucoup de chance par rapport aux amateurs qui ne peuvent actuellement faire aucun concours. Par ailleurs, la Covid-19 a permis aux chevaux de souffler un peu l’année dernière, ce qui est plutôt positif. Cependant, je dois dire que j’ai été embêtée que cela tombe sur ma dernière année de Jeune Cavalière, pour laquelle j’avais beaucoup d’objectifs. Je suis cependant consciente du fait que la situation ait été difficile pour tout le monde, et je pense que nous avons tous dû faire avec.
Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?
J’espère aller le plus loin possible avec Alouette, tout en restant dans cette bonne dynamique. Je voudrais que nous continuions à progresser, et que nous nous classions dans beaucoup de Grands Prix. J’aimerais également trouver de nouveaux partenaires avec lesquels progresser et évoluer en concours.