Les jeunes talents de demain se sont affrontés à Saint-Lô

Après que Saint-Lô a sacré hier le meilleur mâle français de la génération des “I”, aujourd’hui, le pôle hippique manchois a accueilli des épreuves réservées aux chevaux de quatre ans et plus. Les étalons de quatre, cinq, six, sept et huit ans se sont présentés devant les quelques spectateurs professionnels présents, tout comme ceux de neuf ans et plus. À défaut d’avoir pu participer au traditionnel Salon des étalons, annulé en raison des restrictions sanitaires, éleveurs et passionnés ont pu juger quelques talents de demain. Retour sur l’édition 2021 des Masters et épreuves dédiées aux Performers.



À Saint-Lô, au cœur du pôle hippique, quelques professionnels ont garni les tribunes clairsemées du manège du Grand Hall, malgré les restrictions sanitaires en vigueur. Si le traditionnel Salon des étalons n’a pu voir le jour cette année, les passionnés ont pu se consoler en observant quelques étalons venus se tester sur différents parcours de saut d’obstacles, dessinés par Jean-François Morand.

Aujourd’hui, la journée a débuté avec le jugement au modèle des mâles de cinq et six ans. En parallèle, leurs cadets, qui viennent de prendre quatre ans cette année, se sont élancés sur un parcours de saut d’obstacles. Les parcours proposés aujourd’hui se sont révélés très bien dosés: ni trop compliqués, ni trop simples. Tout au long de la journée, les jeunes chevaux ont engrangé de l’expérience, malgré quelques fautes ci et là. Les dix-sept candidats de quatre ans se sont bien comportés, bien que certains aient montré un peu d’inquiétude. Non jugées, ces jeunes montures venaient avant tout pour montrer leurs aptitudes aux éleveurs susceptibles de les utiliser cette année. Si leurs origines sont assez hétéroclites, on notera la présence de deux fils de Candy de Nantuel, comme Itoki de Riverland, sacré hier champion des mâles de trois ans. Deux fils de Contendro I étaient aussi au départ. Parmi les plus remarqués, High Five Manciais a réussi une démonstration de facilité, tant à l’obstacle qu’en termes de contrôle, sous la selle de Manon Geismar Bonnemains, tout comme Hélios d’Helby et Horacio du Gué, très à l’aise ce matin sur la piste normande.



Ginko du Rouet et Fancy de Kergane séduisent les juges

Du côté des mâles de cinq et six ans, les juges ainsi que le cavalier français Frédéric David, de retour en France depuis quelques semaines, ont apprécié les performances des jeunes étalons selon plusieurs critères. En plus de leur note au modèle, les candidats se sont vu attribuer des points pour leur équilibre, leur locomotion et leur disponibilité, ainsi que leur force et amplitude, leur style, ou encore leur sang, leur énergie et leur intelligence. Tout cela correspondait à une note sur 100, à laquelle chaque faute aux obstacles, désobéissance ou barre renversée, retirait quatre points. Sur les dix obstacles hissés à 1,10m, dont un double en numéro sept, Ginko du Rouet (ISO 117) a été le plus plébiscité par les juges. L’alezan, fils de Vagabond de la Pomme (ISO 171, BWP, Vigo d’Arsouilles x For Pleasure), a récolté le très bon total de quatre-vingt-huit points. Ginko du Rouet a réalisé un parcours tout en facilité. Sa deuxième mère, El Ira du Rouet n’est autre que la propre sœur du joyau Baloubet du Rouet (SF, Galoubet A x Starter). Auteur de quatre sans-faute en six parcours en 2020, Ginko du Rouet avait terminé deuxième de la finale nationale des mâles de sa catégorie d’âge, à Fontainebleau. Crédité de 19/20 pour sa force, et de 18/20 pour son style et son sang, il a récolté quatre-vingt-huit points. Présenté par Gautier Pistiaux, l’alezan a sailli quarante et une juments en France en 2020. 

Le fils de Vagabond de la Pomme a devancé le bien nommé Génial de B’Neville (ISO 128). Fils du puissant Kapitol d’Argonne et de Nuance de B’Neville (SF, Talent Platiere), le bai a décroché de très bonnes notes après son parcours, effectué sous la selle d’Arthur Le Vot. Extrêmement régulier la saison dernière, le mâle n’avait renversé aucune barre en dix parcours. Avec un total de quatre-vingt-sept points pour sa présentation du jour, Génial a pris le meilleur sur Good Pleasure Semilly (ISO 120), troisième avec quatre-vingt-six points. Le fils de For Pleasure et d’une mère par Diamant de Semilly avait obtenu les meilleures notes lors du testage des mâles de trois ans, en décembre 2019. Selon le SIRE, il a sailli deux cent dix-neuf juments en 2020.

Pour les mâles de six ans, au nombre de douze au départ, les barres ont été élevées à 1,20m et une combinaison a été rajoutée, en numéro huit. Si le vertical numéro sept, placé en bout de ligne, a été fatal à plusieurs concurrents, Fancy de Kergane (ISO 134), né chez Louis Menier, ne s’est pas laissé piéger. Le puissant bai, fils du regretté Berdenn de Kergane (alias Casco Bay, SF, ISO 162, Quincy, Holst x Flipper d’Elle) et Vita de Kergane (ISO 127, Cor de Hus x Gold de Bécourt), a obtenu trois fois la note de 18, pour son style, sa force et son sang. Au total, les juges ont accordé quatre-vingt-sept points et demi à Fancy, présenté par Arthur Le Vot. Le SF compte déjà trois produits, et a sailli neuf juments en 2020, principalement à l’élevage de Kergane.

Protégé du Groupe France Élevage, le BWP Petrus de Brandegem (ISO 130) a totalisé quatre-vingt-sept points. Fils d’Up To You et Isetta (Adagio IV), le bai, qui évoluait avec Valentin Besnard, n’est pas sorti à quatre ans et a effectué neuf parcours parfaits sur dix l’an dernier, avant la finale nationale de Fontainebleau. Né chez Éric Levallois, Farenheit de Beaufour (ISO 128) a complété le podium avec quatre-vingt-six points. Cet étalon est évidemment issu du croisement entre Diamant de Semilly et une fille de Cassini I. Ce mélange de sang est d’ailleurs très apprécié par le champion du monde par équipes de 2002.

Les résultats complets des cinq ans ici et ceux des six ans ici.



El London King et Romando de l’Abbaye se démarquent

La journée s’est terminée par les épreuves réservées aux étalons sept et huit ans, ainsi qu’aux étalons de neuf ans et plus. Les mâles ont été jugés sur épreuve classique, au barème A avec barrage. Trois candidats se sont qualifiés pour un ultime parcours parmi les quelques chevaux de sept et huit ans au départ. Le meilleur d’entre eux a été El London King (OC, Carembar de Muze alias London x Kannan), auteur d’un double sans-faute en 30”84. Venu chercher son approbation, le frère utérin de Ze Carioca a rempli sa mission. Sa mère, Pandora, a d’ailleurs évolué à haut niveau, notamment avec le Belge Patrick Masset. Sous la selle de Benjamin Robert, l’alezan a déroulé deux parcours parfaits, prenant ainsi le meilleur sur l’attachant Dairzel Duverie (ISO 136, Air Jordan, Old, x Persan II), huit ans. La mère de cet excellent bai brun a été créditée d’un ISO 152 en compétition, et compte huit produits indicés sur les quatorze qu’elle a produits. Le meilleur d’entre eux reste pour l’heure Best Of Duverie (ISO 143, Diamant de Semilly), vu sous la selle du Français Kevin Staut en CSI et transféré dans les écuries du Portugais Duarte Romão. 

Éclat du Cerisier (ISO 144) a pris la troisième place après un barrage un peu plus lent que ceux de ses concurrents. Fils de Kannan, l’alezan brûlé n’est pas sans rappeler son demi-frère, Quabri de l’Isle, tant par sa robe dorée que par ses qualités à l’obstacle. Petit-fils de Loyalty du Cerisier (KWPN, Burggraaf x Nimmerdor), qui n’a donné que deux produits en France, Éclat a terminé cinquième du championnat des six ans en octobre à Fontainebleau. 

Enfin, quatre mâles se sont élancés dans la dernière épreuve de la journée. Tous se sont affrontés lors d’un barrage, après un premier parcours parfait. L’expérimenté Romando de l’Abbaye, seize ans, s’est facilement imposé avec Manon Geismar Bonnemains. Fils du regretté Flipper d’Elle et petit-fils de Diamant, Romando a été performant jusqu’à 1,50m. Le couple a devancé Ze Carioca (SCSL, Canturo x Kannan), qui a failli imiter son demi-frère. Pour quelques centièmes, l’ancien étalon de Rodrigo Pessoa, sensationnel l’an dernier à Saint-Lô, s’est incliné avec son nouveau pilote, Benjamin Robert. Malgré de belles prises de risque, le couple a terminé deuxième. Beau Gosse du Park (ISO 136) et Valentin Besnard ont clos le podium de cette épreuve courue en petit comité, avec une faute au barrage. Beau Gosse est issu du croisement Quincy et Rita du Park (SF, Kannan). Parmi la production de Rita du Park, Exploi du Park (Quick Star) et sa propre sœur, Anita du Park, se démarquent, avec des ISO de 136 et 130.

Les résultats complets des sept et huit ans ici et ceux des neuf ans et plus ici.