“Nous demandons le rapatriement sanitaire immédiat de nos chevaux”, Sophie Dubourg

Alors que la crise sanitaire continue de menacer les clubs et l’ensemble des activités équestres, la filière doit maintenant faire face à une virulente épizootie de rhinopneumonie. Afin de protéger les chevaux et d’éviter la propagation du virus, lundi, la Fédération française d’équitation (FFE) et la Société hippique française (SHF) ont annoncé la suspension totale des compétitions nationales et internationales ainsi que les stages et rassemblements d’équidés placés sous leur égide, jusqu’au 28 mars 2021. Une initiative qu’a également prise la Fédération équestre internationale (FEI). À travers un communiqué relayé par la FFE, Sophie Dubourg, directrice technique nationale (DTN) et Frédéric Bouix, délégué général de la FFE, réclament notamment le rapatriement sanitaire immédiat des chevaux français bloqués à l’étranger.  



“Nous sommes tous très affectés par cette situation dramatique et nos pensées vont aux cavaliers, aux propriétaires, aux grooms et aux chevaux touchés par cette rhinopneumonie équine très contagieuse. La fédération est pleinement mobilisée depuis les tous premiers signalements fin février, aux côtés du RESPE et des instances vétérinaires, pour mettre en place les tests et les soins nécessaires, ainsi qu’un protocole sanitaire strict pour juguler cette épidémie dans les plus brefs délais. Pour l’heure, même si la vaccination et les rappels vaccinaux restent fortement préconisés sur le territoire, c’est un nouvel élan de solidarité dont nous devons faire preuve pour contrer ce fléau mais aussi de fermeté auprès des autorités espagnoles pour permettre le rapatriement de nos chevaux pour leur sécurité”, déclare Frédéric Bouix, Délégué général de la FFE.



“Nous avons été les premiers à tirer la sonnette d’alarme et à proposer des solutions”

Sophie Dubourg, Directrice technique nationale de la FFE, a quant à elle livré sa version de la chronologie des événements :

“Les écuries du CSI de Valence en Espagne ont ouvert le 26 janvier. De nombreuses épreuves se sont tenues avec des arrivées et départs de chevaux tout au long du mois de février. La première suspicion de chevaux malades avec de fortes fièvres et des symptômes neurologiques a été portée à la connaissance de l’encadrement fédéral le 20 février dernier. Avant la prise de décision des autorités sanitaires espagnoles, de la FEI, de l’organisateur de fermer l’enceinte du site le 21 février en fin d’après- midi, les cavaliers ont pu prendre le départ avec les chevaux ne présentant pas de symptômes. Depuis cet instant, 150 chevaux et des dizaines de cavaliers restent sur site compte tenu des symptômes que présentaient certains de leurs chevaux. Ce blocage entériné par les autorités sanitaires relève du statut réglementé de la rhinopneumonie en Espagne.

Le 22 février, la FEI adressait la liste des chevaux ayant concouru à Valence au cours du mois de février notifiant leur suspension, les mesures sanitaires à mettre en œuvre, dont l’isolement et le protocole de tests avant de pouvoir retourner sur les terrains de compétitions. La FFE a relayé l’information FEI aux cavaliers concernés en étendant au niveau national la mesure de suspension pour cette liste de chevaux et le protocole sanitaire avant retour en compétition.

Nous avons très rapidement échangé avec notre groupe de vétérinaires fédéraux des différentes disciplines et envoyé les protocoles de soins et d’isolement à ceux qui ont pu rentrer en France. Dans le même temps, pour les couples restés à Valence et compte tenu du foyer d’infection échappant au contrôle du binôme de vétérinaires traitants sur place, dévoué mais en sous-effectif et sous équipé, le staff fédéral et les services de la fédération se sont placés au service de nos cavaliers et chevaux mais également au service de l’organisateur de la FEI et de la Fédération équestre espagnole. Nous avons fait en sorte que la FEI dépêche en urgence des vétérinaires, des moyens supplémentaires et qu’elle fasse tout son possible pour que les actions FFE puissent aboutir. Ceci a été en grande partie permis grâce à l’engagement de nos cavaliers présents et à l'intervention de Quentin Simonet, Conseiller technique national, membre du bureau de la Fédération équestre européenne (EEF).

Nous avons mandaté sur place le Professeur Anne Couroucé-Malblanc, qui est en lien permanent avec Jérôme Thevenot, vétérinaire fédéral en charge du saut d’obstacles. Grâce à son expertise, ses expériences au sein des cliniques des grands championnats FEI et sa casquette de présidente de Conseil scientifique et technique du RESPE (le Réseau d’épidémio-surveillance en pathologie équine, ndlr), Anne Couroucé-Malblanc renforce le soutien apporté à nos chevaux et cavaliers tout en offrant à la FEI un appui efficace.

Nous avons été les premiers à tirer la sonnette d’alarme et à proposer des solutions avec nos cavaliers pour que cent vingt boxes supplémentaires soient livrés afin de pouvoir séparer le plus vite possible les chevaux asymptomatiques des autres dans le but d’éviter la propagation du virus et de débuter une quarantaine. Malgré notre proactivité, l’offre concrète, mais aussi l’engagement de prise en charge, notre requête n’a pas abouti.

Pour pallier les déficits constatés à distance, nous avons proposé de faire livrer des médicaments et équipements, nous avons référencé auprès de la FEI des cliniques équines françaises pouvant prendre en charge des chevaux et avons, en l’espace de 24h, commandé et livré 5 systèmes de levage par coussin d’air equi-lift pour contrer le manque de matériel sur place”



“Nous avons donc demandé au ministre de l'Agriculture d'intervenir”

Pendant que le staff technique fédéral explique se déployer et assurer un soutien aux cavaliers et aux chevaux en France et en Espagne, le siège de la FFE à Lamotte-Beuvron a activé de son côté la cellule de crise du RESPE dès le 27 février. “Nous avons contacté tous les organisateurs de concours et les responsables de clubs pour les avertir de la suspension des compétitions et des rassemblements d'équidés jusqu'au 28 mars inclus. Depuis, le staff fédéral est mobilisé pour venir en aide aux cavaliers français bloqués à Valencia car, là-bas, la situation n'est toujours pas sous contrôle et les chevaux sont en danger (comme l’a expliqué Guillaume Batillat à GRANDPRIX hier, ndlr), indique Frédéric Bouix.

Après l'envoi de matériel, la FFE explique également avoir déployé des renforts humains pour soulager les cavaliers et les grooms épuisés physiquement et moralement. “Il est hors de question pour la FFE d'abandonner ses troupes. Nous avons donc demandé au ministre de l'Agriculture d'intervenir immédiatement auprès de son homologue espagnol pour autoriser en urgence le rapatriement sanitaire de nos chevaux, selon un protocole sanitaire strict. Dès leur arrivée en France, ils seront isolés dans les meilleures conditions pour y recevoir les traitements adéquats”, confie le Délégué général. Les démarches sont toujours en cours.

Dès le début, la FFE a eu des échanges avec les autorités sanitaires françaises et espagnoles, avancé plusieurs alternatives dont la mise à disposition du site du Parc équestre fédéral pour organiser une unité de quarantaine, avec l’aide d’une équipe de vétérinaires ayant déjà proposé leurs services, afin de suivre dans les meilleures conditions possibles les chevaux français revenant d’Espagne. La FFE fait savoir que, dans l’attente de l’accord des autorités sanitaires espagnoles, plusieurs démarches de solidarité envers les chevaux et les équipes françaises restant à leurs côtés s’organisent conjointement avec la FFE.