La vaccination contre la rhinopneumonie en question

Quand et comment vacciner contre la rhinopneumonie? Le vaccin est-il efficace? Quel est son prix? La flambée épidémique de la rhinopneumonie EHV-1 a soulevé bon nombre de questions chez les équitants. On peut en apprendre davantage grâce à la documentation de l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE), du Réseau d’épidémiosurveillance des maladies équines (RESPE) et de la Fédération équestre internationale, ainsi qu’aux réponses de Dr Christel Marcillaud-Pitel, directrice du RESPE, et du Dr Christophe Schlotterer, vétérinaire équin et délégué vétérinaire de la Fédération équestre internationale (FEI) lors de compétitions.



Quelle est l’efficacité des vaccins et dans quelles circonstances faut-il vacciner son cheval? 

Dr Christel Marcillaud-Pitel : La rhinopneumonie EHV-1 est une catégorie particulière de virus que l’on retrouve chez l’humain et qui provoque les mêmes difficultés vaccinales. Les vaccins sont moins efficaces que celui de la grippe par exemple. Il porte néanmoins une efficacité, sur le plan individuel par exemple. Le vaccin diminue les manifestations respiratoires de la maladie. Grâce à lui, le cheval excrète moins de virus, est moins malade donc moins contagieux, ce qui limite la propagation du virus. Il est aussi très efficace pour la réduction des avortements, que la maladie peut engendrer. En ce qui concerne les atteintes neurologiques, en revanche, il reste peu efficace. Collectivement, plus les chevaux sont vaccinés, moins ils sont contagieux les uns pour les autres: c’est là que réside tout l’intérêt de jouer collectivement en ce qui concerne la vaccination. L’efficacité individuelle du vaccin est augmentée lorsque tous les chevaux d’un même effectif sont vaccinés, ou qu’au moins 80% d’entre eux le sont, selon les recommandations du RESPE.?On parle alors de?vaccination d’effectif. 

Le vaccin contre la rhinopneumonie est-il obligatoire en France?

Dr Christel Pitel : La rhinopneumonie n’est pas une maladie réglementée en France. De fait, chaque filière ou sous-filière peut imposer la vaccination. Par exemple, elle est obligatoire depuis longtemps dans les courses et dans l’élevage. Depuis 2018, année de la dernière épidémie, c’est aussi le cas dans les structures d’entraînement de chevaux de course. En revanche, pour l’heure, il n’y a pas d’obligation légale de vaccination contre la rhinopneumonie dans les sports équestres. À titre d’exemple, on compte 80% de chevaux vaccinés contre la grippe équine, qui est un vaccin obligatoire, contre seulement 20% de vaccinés contre la rhinopneumonie.

Pourquoi la FEI ne rend-elle pas obligatoire la vaccination contre le HEV-1 des chevaux concourant en concours internationaux pour les protéger contre la forme neurologique du virus?

FEI : Il y a trois ans, nous avons soigneusement examiné la possibilité d’introduire la vaccination obligatoire contre le HEV-1, mais il n’existait à l’époque aucun vaccin protégeant contre la forme neurologique du virus. C’est toujours le cas en 2021. Tant que l’industrie pharmaceutique ne produira pas un vaccin efficace pour assurer une protection contre cette forme neurologique, nous n’envisagerons pas de rendre la vaccination obligatoire.

Quel est le prix d’une dose de vaccin? 

Dr Christophe Schlotterer : Le prix peut varier d’un cabinet vétérinaire à l’autre, mais en principe, il faut compter entre environ 30 euros par dose. 

Quel est le protocole de vaccination contre la rhinopneumonie? 

Le protocole peut varier selon le vaccin utilisé?: le vaccin Pneumequine de Mérial ou le Equip EHV 4.1 de Zoetis. Le RESPE recommande la vaccination de tous les chevaux, même dans le cas où ils ne sont pas reproducteurs. Pour une poulinière, la primovaccination doit se faire en deux injections à un mois d’intervalle avant la première saillie. Le premier rappel doit être effectuer six mois après, idéalement entre le quatrième et le sixième mois de gestation. Des rappels annuels sont à effectuer par la suite, ou tous les six mois, toujours selon le vaccin. Ils sont à éviter en période de saillie. Des rappels supplémentaires peuvent également être exigés par les étalonniers durant la gestation, au cinquième, septième et neuvième mois pour le vaccin Equip EHV 4.1. Pour les autres chevaux, la primovaccination se fait avec deux injections à deux mois d’intervalle à l’âge de six mois, puis des rappels sont à faire annuellement, ou dans l’idéal, tous les six mois, toujours selon le vaccin utilisé.



Des effets secondaires limités

Compte tenu de l’épizootie en cours, est-il opportun de vacciner un maximum de chevaux aujourd’hui? 

Il est conseillé pour les chevaux déjà vaccinés, en bonne santé, n’ayant pas été en contact avec des foyers avérés ou suspects, dont le rappel vaccinal remonte à plus de six mois, de procéder à un rappel. Pour les chevaux non vaccinés et non exposés,?n’ayant pas été en contact avec des foyers ou chevaux confirmés ou suspects, une vaccination peut également être envisagée, mais n’aura que peu d’effet en pleine épizootie. En effet, la primo-vaccination demandant a minima deux injections à un mois d’intervalle, la protection commencera à être efficace lors de la seconde injection, soit quatre à six semaines après la première injection. Pour les chevaux exposés qui peuvent être en phase d’incubation, la vaccination est déconseillée et n’aurait que peu d’effet; sur un cheval malade, la première injection risque de n’entraîner aucune réponse immunitaire, voire de déclencher plus rapidement la maladie. 

Quels effets secondaires peuvent apparaître à la suite de la vaccination contre la rhinopneumonie?

La vaccination consiste à introduire une substance étrangère immunogène, capable de provoquer la formation d’anticorps, dans l’organisme afin de provoquer une immunité protectrice. L’injection entraîne donc l’activation de plusieurs processus physiologiques, comme une hyperthermie et/ou une inflammation consécutive à l’immunisation, qui peut entraîner un œdème local et/ou une raideur musculaire. Généralement, ces effets s’estompent au maximum quelques jours après l’inoculation. 

Existe-t-il certaines fraudes aux vaccins dans certaines filières? 

Dr Christophe Schlotterer : Étant donné qu’il ne s’agit pas d’un vaccin obligatoire pour le sport, les fraudes ne sont pas monnaie courante, contrairement au vaccin pour la grippe, exigé dans la filière sport. C’est une démarche personnelle. Il n’y a aucun intérêt à avoir une étiquette dans un livret de santé dans le cas d’un vaccin non obligatoire.