“Il y aura des investigations pour comprendre ce qui s’est passé à Valence”, assure la FEI

Lors d’une conférence de presse organisée hier après-midi en ligne, des dirigeants de la Fédération équestre internationale ont longuement évoqué la gestion de l’épizootie de rhinopneumonie équine de type HEV-1. Sabrina Ibáñez, secrétaire générale, et Göran Åkerström, directeur du service vétérinaire, ont également jugé réaliste la date de reprise de concours internationaux, prévue le 29 mars.



Après avoir produit une grande quantité de contenus écrits ces derniers jours, la FEI, accusée par certaines parties prenantes du sport d’avoir tardé à réagir face à l’urgence de l’épizootie de rhinopneumonie équine qui a éclaté en février à Valence, a répondu hier après-midi à bon nombre de questions de journalistes représentant des médias de toute l’Europe, par la voix de Sabrina Ibáñez, secrétaire générale, et Göran Åkerström, directeur du service vétérinaire.

Pour comprendre “comment nous en sommes arrivés là aujourd’hui”, et peut-être aussi, espérions-le, pour que cela ne se reproduise pas, “nous mènerons des investigations approfondies. D’ailleurs, nous en publierons toutes les conclusions, nous serons complètement transparents à ce sujet”, a assuré Sabrina Ibáñez dans son introduction. “Cependant, pour l’instant, la santé des chevaux, leur retour à la maison et la lutte contre la propagation du virus HEV-1 restent nos priorités absolues.” Au terme de cette enquête, les organisateurs des concours de Valence pourraient d’ailleurs perdre les championnats d’Europe Jeunes de dressage, qu’ils doivent accueillir cet été. “La décision reviendra au conseil d’administration”, a commenté Sabrina Ibáñez.

Göran Åkerström a ensuite tenté de justifier l’attitude de la FEI depuis le 20 février, date à laquelle elle dit avoir été informée d’un possible foyer de contamination à Valence. “Dès que nous nous sommes retrouvés face à une suspicion de HEV-1, nous avons demandé aux organisateurs de mettre un terme aux épreuves (ce qu’ils n’ont fait que le lendemain, ndlr) et avons alerté les autorités espagnoles afin qu’elles interviennent sur le site et prennent la situation en main, selon la loi nationale. À partir du 22 février, elles ont pris la responsabilité des actions. Ensuite, des cavaliers restés sur place nous ont demandé de l’aide de façon désespérée parce que la situation clinique des chevaux devenait sérieuse. Nous avons immédiatement pris contact avec la Fédération espagnole, qui a organisé une première réunion. Avec l’aide des Fédérations française et allemande, qui ont joué un rôle crucial, des vétérinaires, des fournitures et du matériel de toute sorte ont été envoyés à Valence. […] Grâce à cette aide et aux personnes restés sur place, la situation a pu être peu à peu maîtrisée.”

Pippa Cuckson, éminente journaliste britannique spécialisée du bien-être équin, qui s’est fendu ce soir d’un éditorial sévère contre la légèreté de nombre de cavaliers mais aussi d’organisateurs et de la FEI, a interrogé Göran Åkerström au sujet des protocoles de biosécurité en place sur ces terrains de concours accueillant jusqu’à sept semaines consécutives de compétitions, sur de très nombreuses pistes et où, par là même, des milliers de chevaux se croisent dans les écuries, et non des dizaines ou des centaines comme dans des concours plus classiques. “Le nombre minimal de boxes de confinement, par exemple, n’est absolument pas suffisant face à une telle épizootie. Ce qui s’est passé vient de le prouver”, a-t-elle argué. “C’est une très, très bonne question. Nous y avons déjà réfléchi et ce sera à l’ordre du jour de la prochaine réunion du comité vétérinaire de la FEI. Effectivement, ces séries de concours sont très différents des événements habituels. Pour autant, nous réviserons les cahiers des charges de ces deux types de concours. Nos règles semblent solides, mais nous devons veiller à ce qu’elles soient bien respectées. Nous avons déjà travaillé là-dessus ces dernières années. En 2016, nous avions fourni une ‘trousse à outils’ aux vétérinaires fédéraux nationaux. En 2017, nous avons renforcé nos règles de biosécurité, puis à nouveau en 2020. Sans cela, la situation aurait d’ailleurs été encore plus délicate.”



Les finales des Coupes du monde maintenues à ce jour

Concernant la découverte, hier en Belgique, d’un cas positif, sur un cheval revenu du Sunshine Tour de Vejer de la Frontera, le vétérinaire suédois, interrogé par GRANDPRIX, s’est voulu relativement rassurant, estimant que cela ne remettait pas en cause la reprise du sport dès le 29 mars 2021. “Ce cheval, que nous suivons étroitement, a été en contact rapproché avec le premier sujet ayant manifesté des symptômes neurologiques à Vejer. Il est isolé depuis son arrivée en Belgique. Compte tenu de cette situation, son entourage a pris d’extraordinaires précautions pour son trajet de retour, afin de protéger les autres chevaux. Nous espérons vraiment qu’ils ont réussi à prévenir tout risque de contamination. Nous sommes en contact avec le cavalier et le vétérinaire.” À une question complémentaire de Jenny Abrahamsson, de World of Showjumping, Göran Åkerström a indiqué que le premier cheval placé à l’isolement à Vejer était lui aussi rentré en Belgique, “dans un box spécialement aménagé dans un camion. Un vétérinaire hautement qualifié a voyagé avec lui. Et le second cheval malade séjourne en unité isolée de soin dans une clinique de Madrid.”

À le croire, la date du 29 mars ne serait donc pas remise en cause à ce stade. “Nous travaillons actuellement sur des protocoles de reprise aussi sûrs que possible, et continuons à suivre attentivement la situation épidémique. Si chacun accorde la plus grande attention au respect des consignes de biosécurité et si nous parvenons à mettre en place ces protocoles, nous devrions pouvoir reprendre en toute sécurité dès cette date.” Celle-ci est d’autant plus importante que les finales des Coupes du monde Longines de jumping et FEI de dressage doivent se tenir à Göteborg dès cette semaine à cheval sur mars et avril… “Si nous n’étions pas capables d’assurer la sécurité des chevaux, nous n’avancerions pas vers ces finales. Lors de la précédente épidémie, il y a deux ans, nous avions déjà mis en place des protocoles spécifiques pour la finale, également organisée à Göteborg. Cette fois, nous comptons pousser hisser ces protocoles à un cran au-dessus en termes de précautions.” Croisons les doigts.