Face à la rhinopneumonie, le RESPE est encore loin de crier victoire

La cellule de crise du Réseau d’épidémiosurveillance en pathologie équine a dressé un nouveau bilan de la situation en France et en Europe quant à l’épizootie d’herpèsvirose de type 1 (HVE-1 ou rhinopneumonie). Lors d’une réunion tenue le 29 mars, la reprise des compétitions nationales et internationales, prévue le 12 avril, n’a pas été remise en cause, mais l’organisation continue à appeler à la plus grande prudence.



© RESPE

Le 29 mars, la cellule de crise du Réseau d’épidémiosurveillance en pathologie équine (RESPE) s’est réunie une quatrième fois pour dresser un nouveau bilan de l’épizootie d’herpèsvirose de type 1 (HVE-1 ou rhinopneumonie) et en tirer des conclusions. Onze pays européens, avec cinquante-quatre foyers, la France mise à part, sont encore touchés, et trente et un d’entre eux sont déclarés en lien avec les CSI espagnols. Sur les cent quatre-vingts chevaux bloqués à Valence depuis le 20 février, la plupart a pu regagner leur pays d’origine après leur quarantaine. “Sur les vingt-quatre chevaux français consignés à Valence, selon le protocole sanitaire établi entre les ministères français et espagnol, sur proposition de la FFE, un dernier termine sa convalescence et sa quarantaine.” Il devrait être rapatrié cette semaine. Quant aux chevaux rentrés en France et placés en quarantaine au Parc équestre fédéral de Lamotte-Beuvron, dix d’entre eux ont pu retrouver leurs écuries après un test négatif. “Sur les treize restants, cinq autres devraient pouvoir les suivre d’ici la fin de semaine.

Sur le territoire national, trente-sept foyers symptomatiques ont été repérés, dont vingt-cinq en lien avec les CSI espagnols de Valence, Oliva et Vejer de la Frontera. Dans deux de ces foyers, des chevaux cas contacts, ne revenant pas d’Espagne, ont également été testés positifs. En France, comptabiliser le nombre de cas s’est compliqué ces dernières semaines. En effet, des déclarations sont enregistrées a posteriori et le lien avec le foyer ibérique n’est pas toujours précisé. Une enquête doit encore être menée pour établir, ou non, ce lien, mais aussi pour s’assurer du respect des mesures de prévention, en particulier de l’isolement du cheval et de la structure concernés.

À ce jour, sont comptabilisés sur le territoire national trente-sept foyers symptomatiques, dont vingt-cinq (67%) en lien avec les CSI espagnols, soit une proportion un peu plus élevée que dans le reste de l’Europe. “Celle-ci peut s’expliquer de deux manières: d’une part, par le nombre important de chevaux français présents dans ces concours (30% de chevaux français parmi les participants au CSI de Valence, par exemple) et d’autre part par l’incitation à la déclaration et la recherche systématique d’un lien avec les CSI pour toute déclaration, ce qui n’a pas toujours été le cas dans d’autres pays européens”, analyse le RESPE. Les vingt-cinq foyers confirmés dans des écuries de chevaux rentrant d’Espagne se situent dans quatorze départements. Dans deux foyers en lien avec les CSI espagnols, des cas contacts ont pu être identifiés. Il s’agit de chevaux présents, testés positifs, mais n’ayant pas concouru en Espagne. “À ce stade, aucun cas d’échappement d’un site n’a par contre été identifié. Les symptômes exprimés par ces équidés sont toujours majoritairement respiratoires, ou uniquement de l’hyperthermie. On note aussi quelques syndromes neurologiques, mais à ce jour, un seul cas de mortalité d’un cheval contact est rattachable à cet épisode. Des mesures sanitaires strictes sont maintenues, avec des tests réguliers des équidés de ces foyers et le nombre de positifs diminue très régulièrement”, ajoutent les experts.

À ce stade, l’épizootie est donc loin d’être terminée. “Les cas autochtones, soit seize foyers sans lien avec les CSI espagnols, ont augmenté depuis la dernière réunion de la cellule de crise, le 15 mars. On enregistre, par contre, quatre cas détectés suite à un dépistage (ventes et changement d’écurie), qui n’auraient sans doute pas été repérés sans l’appel à la vigilance, et trois foyers d’avortement, habituels en cette période de l’année. Quatre foyers ont aussi déclaré des syndromes neurologiques avec quatre équidés morts, sur trois sites différents.” Le RESPE se veut alors catégorique: déclarer les chevaux malades ou suspectés de l’être est primordial pour la suite. “Dans le contexte national et international de reprise des activités sportives, la surveillance d’éventuels nouveaux cas est un facteur clef de la maîtrise de la situation.”



“La vigilance reste de mise afin de ne pas anéantir les efforts consentis depuis début mars”

Concernant la reprise des compétitions, fixée au 12 avril, le RESPE appelle à la vigilance. “De manière générale, les procédures sanitaires seront renforcées dans l’ensemble des rassemblements organisés sous l’égide de la Fédération équestre internationale (FEI)”, rappelle le RESPE dans son communiqué. “Certaines de ces mesures ne seront actives que jusqu’au 30 mai, a minima, période définie par la FEI pour un retour à une situation normale vis-à-vis de la rhinopneumonie. […] Compte tenu de l’évolution favorable de la situation sanitaire, la Fédération française d’équitation (FFE) et la Société hippique Française (SHF) ont décidé conjointement de maintenir la reprise des compétitions équestres nationales et internationales, rassemblements d’équidés et stages qu’elles organisent, ou placés sous leur égide, à compter du lundi 12 avril 2021. Les conditions sanitaires établies par la FFE et la SHF s’aligneront sur celles de la FEI et seront très prochainement diffusées.

“Même si l’évolution de la situation sur le territoire semble favorable, la cellule de crise considère que la reprise de l’ensemble des rassemblements doit se faire avec prudence. Tous les foyers, ‘espagnols’ et autochtones, ne sont pas clos. Une circulation virale est toujours active au sein de certains effectifs. La vigilance reste de mise afin de ne pas anéantir les efforts consentis par l’ensemble des acteurs de la filière depuis début mars. Les mesures sanitaires de prévention restent donc d’actualité, notamment pour les rassemblements tels que les foires, ventes, entraînements et autres rassemblements de chevaux et de cavaliers, y compris les randonnées et chasses à courre, en particulier si des chevaux de sport sont concernés. Dans le contexte national et international de reprise des activités sportives, la surveillance d’éventuels nouveaux cas est un facteur clef de la maîtrise de la situation.” La cellule de crise rappelle donc l’importance de la déclaration des chevaux malades ou suspects, ainsi que des cas positifs.