“Nous manquons de visibilité dans cette période de préparation qui s’amenuise”, Anne-Sophie Serre

En vue des Jeux olympiques de Tokyo, reportés à l’été 2021 compte tenue de la pandémie de Covid-19, Anne-Sophie Serre fait bien sûr partie de la longue liste établie par la Fédération française d’équitation. Avec Actuelle de Massa, la Sudiste compte parmi les sept couples ayant une chance de représenter la France à Tokyo, comme son époux Arnaud Serre avec son ancien complice Vistoso de Massa. À un peu plus de dix semaines du coup d’envoi de l’échéance majeure de l’année, Anne-Sophie Serre dévoile son état d’esprit.  



Déjà touchés par la pandémie de Covid-19, les sports équestres ont récemment été impactés par l’épidémie de rhinopneumonie. Comment traversez-vous ces crises ? 

Nous le vivons mieux que beaucoup d’autres personnes. Malgré tout, nous pouvons continuer notre activité et les chevaux nous permettent de garder presque le même quotidien. Nous sommes tenus d’aller les travailler, et même lors du confinement, nous n’en avons jamais été empêchés. Cela a bien sûr un impact sur l’aspect compétition, puisque celles-ci sont devenues inexistantes. Les Jeux olympiques sont très proches mais nous n’avons aucun moyen de préparer les chevaux et manquons de visibilité sur cette période de préparation qui s’amenuise. Cela est inquiétant. Nous disions de 2020 qu’il s’agissait d’une année particulière, mais nous n’avions pas idée de ce qu’allait être 2021 ! Entre la Covid-19 et la rhinopneumonie qui s’est ajoutée à cela, la période est pour le moins compliquée. 

Il semblerait toutefois que nous puissions reprendre les compétitions mi-avril. Nous devrions dans le meilleur des cas prendre part à trois concours avant l’annonce des sélections pour Tokyo. Autant dire que cela est très court, que nous n’aurons pas beaucoup de marge de manœuvre et qu’il va falloir éviter de se rater. 

Comment parvenez-vous à gérer l’entrainement de vos chevaux dans cette période particulière ? 

De la même façon qu’on ne fait pas sauter 1,60m aux chevaux de saut d’obstacles tous les jours, nous ne déroulons pas des reprises quotidiennement avec nos chevaux de dressage. Dès lors qu’un cheval connaît tous les exercices, le gros du travail restant consiste à le gymnastiquer quotidiennement. Avec notre entraineur Raphaël Saleh, nous insistons beaucoup autour du travail de base et de la gymnastique du cheval. 

Comment se portent Actuelle de Massa et Ultrablue de Massa, vos deux meilleurs chevaux ? 

Actuelle et Ultrablue se portent très bien. Je ne sais pas si les concours leurs manquent, mais ils sont en bonne forme, frais et prêts à concourir. Si les compétitions reprennent bien mi-avril, nous devrions commencer par Hagen, en Allemagne (où se tient un CDI 4* du 21 au 25 avril, ndlr). Je croise les doigts pour que tout se passe bien ! Ils sont prêts, nous verrons bien si les résultats le montreront. Depuis leur dernier concours (en octobre, ndlr), le temps est long donc ils auront sûrement besoin de se remettre en route. Ils ont quoi qu’il en soit de l’expérience, donc je ne me fais pas trop de soucis. 

En vue des Jeux olympiques de Tokyo, comptez-vous plutôt sur Actuelle de Massa ou préparez-vous également Ultrablue de Massa ?  

Actuelle est plus concernée compte tenu du groupe formé par la Fédération française d’équitation (FFE). Il n’empêche qu’il faut toujours avoir plusieurs cordes à son arc. Ultrablue a été très bien formé et a pris beaucoup d’expérience avec Arnaud (son époux, avec qui le hongre a notamment pris part aux championnats d’Europe de Göteborg en 2017 et de Rotterdam en 2019, ndlr). Ce serait idiot de faire une croix sur ce cheval, sur lequel nous avons toujours pu compter jusqu’ici. Bien sûr, je compte sur Ultrablue et je ne l’imagine pas hors-circuit pour Tokyo. Nous ne savons jamais de quoi l’avenir est fait. Normalement, je suis en lice avec Actuelle, et pour Arnaud, ce sera Vistoso (de Massa, le gris auparavant monté par Anne-Sophie Serre, ndlr)

Actuelle de Massa aurait eu dix ans si les Jeux olympiques s’étaient tenus en 2020, comme cela était prévu avant la pandémie de Covid-19. Le report de l’échéance pourrait-il lui être bénéfique compte tenu de l’expérience engrangée ? 

Effectivement, cela est peut-être un mal pour un bien. L’an passé, nous étions prêts et avons été malheureux que l’échéance n’ait pu se tenir. Il s’avère que jusqu’ici les chevaux vont bien, qu’ils n’ont pas d’ennuis de santé et qu’ils prennent de la maturité. S’il n’y a pas d’incident entre aujourd’hui et le jour du départ du Grand Prix, nous pouvons légitimement penser que cela aura été bénéfique. Monsieur Henriquet disait quelque chose que je trouvais très juste : “nous ne sommes aux Jeux olympiques que le jour où nous rentrons sur la piste”. Je pense qu’il a raison, il peut se passer tellement de choses… Qui aurait pu penser qu’il allait se passer tout cela ? Qu’en plus du Covid-19, la rhinopneumonie allait frapper… Tout peut arriver donc il faut garder la tête froide.