“Les championnats d’Europe Juniors et l’équipe de France sont mon objectif”, Rose de Balanda

Rose de Balanda poursuit son ascension vers le haut niveau. Âgée de seize ans, elle s’est installée depuis huit mois avec Édouard Mathé aux écuries Tendercapital, à Auffargis, à une dizaine de kilomètres au nord de Rambouillet, dans les Yvelines. Comptant trois championnats d’Europe Enfants à son actif, récompensés d’une médaille d’argent obtenue en 2017 avec sa fidèle Tzara Belin, la jeune amazone a lancé sa saison début février à Valence, en Espagne. Avec bonne humeur, elle parle de son piquet actuel, composé notamment des tous bons Sancho 492 et Babacool, de la retraite de la compétitive grise Imke 111, du travail quotidien de ses chevaux, de son envie de prendre part aux championnats d’Europe Juniors cet été, mais aussi de grandir au sein d’une famille passionnée et impliquée dans le monde équestre depuis toujours.



Photographiée ici lors des Européens Longines de Fontainebleau en 2018, Tzara Belin a débuté sa saison en février à Valence, en Espagne.

Photographiée ici lors des Européens Longines de Fontainebleau en 2018, Tzara Belin a débuté sa saison en février à Valence, en Espagne.

© Scoopdyga

Comment allez-vous et comment vont vos chevaux, qui ont concouru à Valence pendant trois semaines, du 28 janvier au 14 février, avant que l’épizootie de rhinopneumonie équine n’ait été officiellement déclarée?

Nous avons eu la chance de quitter Valence juste à temps. Quand nous sommes partis, personne ne parlait encore de cela. Nos chevaux ont donc évité le pire. Dès que nous l’avons appris, nous avons pris les mesures nécessaires pour ne prendre aucun risque. Les chevaux présents à Valence ont été mis en quarantaine, les camions ont été désinfectés comme tout ce qui pouvait l’être, et les grooms qui nous ont accompagnés en Espagne sont restés avec leurs chevaux. Tous les chevaux ont été testés négatifs, et ont aussi été vaccinés. Aucun n’a déclaré de symptômes, ce qui nous a rassurés. 

Que bilan tirez-vous de cette rentrée sportive, au cours de laquelle vous avez obtenu plusieurs classements avec vos six montures, dont la septième place d’un Grand Prix CSI 2* avec Sancho 492 (Old, Sandro Boy x Landor S)

Je suis très contente de mes concours à Valence. J’avais six chevaux avec moi, certains pour participer aux plus belles épreuves et des jeunes. L’objectif était de tous les remettre gentiment en route, car notre dernier concours remontait à novembre 2020, tout en essayant d’être aussi performant que possible. Tous ont répondu présent pendant ces trois semaines. 

Malheureusement, avec la rhino, qui s’est ajoutée à la Covid-19, nous avons été stoppés dans notre lancée. Nous avons essayé de maintenir un entraînement assez intensif à la maison pour conserver les chevaux dans un rythme de concours, afin qu’ils gardent le moral et ne perdent pas tout ce qu’ils avaient acquis à Valence. Cette pause leur a certainement fait du bien quand même. À Valence, nous avons eu la chance de pouvoir concourir pendant trois semaines, alors que certains cavaliers n’ont malheureusement pas encore pu débuter leur saison.

Quel travail avez-vous effectué ces dernières semaines avec vos chevaux?

Nous avons adapté le travail à chacun. Concernant les jeunes, nous avons essayé de leur faire prendre de l’expérience sur plusieurs parcours, à la maison, afin de ne pas les transporter dans des écuries extérieures. Nous leur avons proposé des tours plutôt simples, avec un objectif d’apprentissage et de construction. Quant aux plus âgés, nous les avons beaucoup fait travailler sur le plat, afin de les économiser. Comme ils ont l’habitude de sauter, rien ne sert de les “user” à la maison. Nous leur avons parfois proposé des petits exercices à base d’obstacles, et nous les avons remis en mode “concours” sur des parcours que l’on pourrait rencontrer en compétition. Nous ne les avons pas laissés tranquilles comme lors d’une pause hivernale, par exemple. 



“Tzara Belin sera moins sur le devant de la scène cette année”

Rose de Balanda fonde de grands espoirs en Hurbie, neuf ans.

Rose de Balanda fonde de grands espoirs en Hurbie, neuf ans.

© Sportfot

Sur quels chevaux comptez-vous pour les plus belles épreuves cette année? 

Il y en a plusieurs chevaux sur lesquels je compte beaucoup. Il y a Sancho 492 et Babacool (SF, Dollar dela Pierre x Urbain du Monnai), qui appartiennent à Édouard Mathé et Tendercapital Stables. J’ai également mon cheval, Hurbie (KWPN, Toulon x Coconut Grove), qui pourra, je l’espère, courir de belles épreuves. 

Je monte Babacool depuis sept mois. Pour moi, c’est la meilleure de tous mes chevaux. Elle est pétrie de qualités et courageuse – elle a un cœur énorme; elle est respectueuse et très volontaire, montrant toujours cette envie de bien faire. Aucun exercice n’est trop dur pour elle. Nous prenons le temps de la construire, avec l’espoir de réussir de belles choses à l’avenir. Je me suis tout de suite bien entendue avec elle.

Quant à Sancho, je l’ai récupéré dès mon arrivée aux écuries, il y a huit mois. Il avait davantage d’expérience (le hongre de douze ans a notamment concouru avec Marie Demonte en 2019, ndlr) et sauté quelques belles épreuves. Nous avons rapidement débuté à 1,45m, ce qui m’a permis de rejoindre le niveau d’Édouard (Mathé, ndlr) et Mathilde (Pinault, ndlr), qui évoluent au sein de la même écurie. Je l’adore et j’ai une confiance énorme en lui. Il est extrêmement généreux et ne me laissera jamais tomber.

Concernant Hurbie, nous l’avons acheté à sept ans, durant l’été 2019. Nous l’avions repéré par l’intermédiaire d’Abdel Saïd et Philippe de Balanda. Il a énormément de qualités et nous plaçons beaucoup d’espoirs en lui. Cependant, il est très sensible, donc nous avons dû prendre notre temps. Il a encore besoin d’apprendre, et j’espère qu’il va pouvoir évoluer cette année.

Tzara Belin (SF, Toulon x Diamant de Semilly), qui vous a accompagnée aux championnats d’Europe Enfants en 2017 et 2018, continuera-t-elle la compétition à vos côtés? 

Oui, elle fait toujours partie de mon piquet. Elle n’est pas venue dans les écuries d’Édouard, mais elle est restée chez moi (à Perdreauville, à quarante-cinq kilomètres au nord-ouest d’Auffargis, ndlr), où elle a pris ses habitudes – elle est un peu particulière. Je la monte donc seulement en concours. Comme je la connais par cœur, ce n’est pas problématique. D’ailleurs, elle a été très performante à Valence à 1,40 et 1,45m. Elle sera bien présente, comme elle l’a toujours été, mais elle prend de l’âge (quatorze ans, ndlr) et m’a déjà énormément donné, alors elle va continuer à sauter de belles épreuves, mais elle sera un peu moins sur le devant de la scène cette année.

Que devient Imke 111 (BWP, Der Senaat 111 x Heartbreaker), avec laquelle vous avez notamment remporté le Grand Prix Juniors d’Opglabbeek en 2019 et qui n’a plus concouru depuis un CSI 2* de l’Hubside Jumping de Grimaud, mi-juillet 2020? 

Malheureusement, après ce concours, nous avons décidé de mettre Imke à la retraite, en raison de problèmes de santé. La décision n’a pas été simple à prendre mais nous n’avions pas vraiment le choix. Imke est donc partie à l’élevage et ne reviendra pas sur les terrains de concours. 

Quels sont vos objectifs cette année? 

L’équipe de France, avec les championnats d’Europe Juniors et les CSIO, est un objectif que j’espère atteindre. Je vais tout faire pour y parvenir. J’ai également pour but de monter aux mieux les chevaux d’Édouard, de continuer à faire progresser les plus jeunes et d’être performante à 1,45m et 1,50m avec ceux d’expérience. 

Savez-vous où et quand vous reprendrez votre saison? 

Nous repartons la semaine prochaine à Opglabbeek, en Belgique, pour le CSIO Juniors (du 15 au 18 avril, ndlr). Comme nous avons déjà concouru trois semaines, les chevaux ne devraient pas être trop surpris par cette reprise, même si cette pause forcée a certainement dû modifier leur rythme habituel. Nous sommes prêts et pressés de concourir à nouveau. 

Vous avez entamé votre collaboration avec Édouard Mathé l’an passé. Après quelques mois, quel bilan en tirez-vous? 

C’est une super expérience et je suis ravie d’être dans ses écuries. J’ai l’opportunité de monter plein de chevaux différents, âgés de quatre à douze ans, avec beaucoup de qualités. C’est un plaisir de travailler avec Édouard au quotidien. J’ai le sentiment d’avancer et de réaliser de bonnes choses au sein de cette écurie, ce dont je suis très contente. 

Retenez-vous un conseil ou une méthode en particulier? 

Il me dit beaucoup de choses tous les jours! Ce n’est pas un conseil en particulier, mais il m’a donné énormément confiance en moi. Vu son expérience, quand il me dit quelque chose, je ne doute pas. Je lui fais confiance aussi, ce qui apporte beaucoup par rapport à mes chevaux comme à moi. Il m’a beaucoup aidé là-dessus. 

Rose de Balanda a pris la difficile décision de mettre un terme à la carrière sportive d’Imke 111.

Rose de Balanda a pris la difficile décision de mettre un terme à la carrière sportive d’Imke 111.

© Sportfot



“La carrière de mon grand-père fait rêver”

La jeune amazone souhaite que les concours puissent reprendre avec une certaine forme de normalité prochainement.

La jeune amazone souhaite que les concours puissent reprendre avec une certaine forme de normalité prochainement.

© Sportfot

Depuis un an, le rythme des compétitions s’est calmé entre la pandémie de Covid-19 et l’épizootie de rhinopneumonie équine. Avez-vous le sentiment d’avoir pu progresser suffisamment en tant que cavalière? 

Je pense avoir progressé, notamment grâce à l’expérience que j’ai pu prendre en faisant travailler les jeunes chevaux d’Édouard. C’est complétement différent par rapport au travail des chevaux d’âge et cela m’apporte énormément. J’ai aussi adopté une méthode de travail un peu différente, et les conseils de mon patron m’ont aidé à évoluer dès le début. Même si le rythme des concours est moins intense, nous avons continué à travailler à la maison, avec sept à neuf chevaux par jour pour ma part. Et fin 2020, nous nous sommes rendus à de beaux concours, où j’ai commencé à être performante en Grand Prix CSI 2*. 

Après tout cela, envisagez-vous le sport d’une autre manière? 

Je pense qu’il y aura des précautions à prendre et qu’on ne retrouvera jamais réellement une vie “normale”. Par exemple, je ne me vois pas arriver en concours demain et faire la bise à cinq personnes que je ne connais pas! On semble apercevoir petit à petit la sortie de la crise, mais des restrictions doivent être prises pour ne pas y replonger – c’est une certitude. Il faut apprendre des leçons qui nous ont été données cette dernière année, qui a été très compliquée. Le côté social ne sera plus le même, et il y aura des restrictions à prendre également vis-à-vis des chevaux, par rapport à la rhino, que je considère un peu comme notre Covid. Il faudra faire attention dans tous les cas. 

Compte tenu de tout cela, êtes-vous sereine quant à l’avenir?  

Il est difficile de répondre à cette question car on ne sait pas trop de quoi demain sera fait, si nous allons devoir rester confinés chez nous encore plusieurs mois, si tout pourra reprendre dans six mois… Du côté sportif, les concours devraient reprendre avec une certaine normalité d’ici peu. En tout cas je le souhaite. Malgré tout, le sport et le commerce en ont pris un coup, et il faudra un peu de temps pour que tout redevienne comme avant, mais je garde espoir à ce sujet. 

Ces temps plus calmes vous ont-ils été bénéfiques, notamment d’un point de vue scolaire? 

Cela fait plusieurs années que je suis des cours par correspondance. Le fait d’avoir moins de concours m’a aidé à travailler davantage, mais cela a aussi été un peu plus compliqué car j’avais l’habitude d’avoir des professeurs qui se déplaçaient à domicile pour m’aider. Du jour au lendemain, ils n’ont plus pu venir. Pouvoir prendre plus de temps pour travailler mes cours a été bénéfique. Même si ce n’est pas le côté le plus agréable, cela reste important. J’essaie donc de jongler entre les chevaux et les études. J’aimerais passer mon bac, c’est une certitude. Ensuite, vu la situation et si l’aventure continue avec Édouard, je pense que j’arrêterais mes études.

Quel héritage vous transmet votre grand-père, Gilles Bertrán de Balanda, ancien membre de l’équipe de France et double champion du monde par équipes, en 1982 à Dublin avec Galoubet A et 2002 à Jerez de la Frontera avec Crocus Graverie? Rêvez-vous d’une carrière comme la sienne? 

Ma mère (Inès de Balanda, ndlr) et lui m’ont transmis cette passion. Il est plus simple pour débuter de naître dans une famille passionnée, qui s’y connaît, vit dans ce milieu et possède des installations. Mon grand-père et ma mère (qui a également monté en équipe de France, ndlr) m’ont beaucoup apporté. Être passionnée de cheval et pouvoir dire que mon grand-père est double champion du monde est une fierté. Mon grand-père est un homme sur lequel je peux me reposer, que j’écoute et dont je prends tous les conseils. Ma mère et lui connaissent le milieu et m’aident à gérer les échecs comme les réussites. Encore une fois, c’est une chance d’être née dans cette famille. Et oui, évidemment la carrière de mon grand-père me fait rêver. C’est mon rêve et mon but depuis toute petite. C’est pour cela que je me lève le matin et que je travaille tous les jours. J’espère pouvoir atteindre mes objectifs grâce à Édouard Mathé et les écuries Tendercapital.