“Il y a des centaines de cavaliers meilleurs que moi, mais je vise le haut niveau, et ne me démonterai pas”, Nina Mallevaey

À vingt-et-un ans, Nina Mallevaey se prépare à dire au revoir au circuit jeunes à la fin de l’année. Pour finir en beauté, l’amazone originaire du Nord de l’Hexagone espère ajouter une ou plusieurs médailles à son palmarès aux Européens jeunes de Vilamoura, en juillet. Exilée en région toulousaine depuis son arrivée dans l’écurie Chev’el il y a trois ans, la cavalière compte déjà à son actif deux breloques en or par équipes aux Européens Enfants et Poneys, ou encore d’un titre de championne de France des cavalières en 2016. En route vers son nouvel objectif, la discrète mais déterminée Nina a participé dimanche passé à la victoire de la France dans la Coupe des nations Jeunes Cavaliers d’Opglabbeek grâce à Virtuose Champeix. Quelques jours après ce retour en fanfare, Nina Mallevaey fait le point et affiche ses ambitions.



Utha du Priel permet régulièrement à la jeune Française de s'illustrer dans des épreuves de vitesse.

Utha du Priel permet régulièrement à la jeune Française de s'illustrer dans des épreuves de vitesse.

© Sportfot

Comment vous sentez vous après ce week-end de CSIO à Opglabbeek ? Heureuse de retrouver les terrains de compétition ? 

Oui, cela fait vraiment du bien, et lorsque cela se passe ainsi, c’est encore mieux ! 

Quel était votre état d’esprit avant la Coupe des nations Jeunes Cavaliers que la France a remportée, et comment se sont déroulés les deux parcours ? 

L’état d’esprit est toujours très bon car nous nous connaissons et que l’entente au sein de l’équipe est très bonne. Nous pouvons aussi beaucoup compter sur le staff de l’équipe de France qui nous entoure beaucoup. L’ambiance est top et nous nous sommes régalées avant et pendant la Coupe des nations. Le parcours était bien pensé et ne mettait pas les chevaux dans le rouge. Il était tout de même assez délicat et pouvait engendrer des fautes un peu partout. Je suis sorti de piste avec un parcours à quatre points et un autre sans faute. Lors de la première manche, Virtuose (Champeix, ndlr) et moi avons commis une légère faute sur l’oxer précédant la rivière. Lors du sans-faute dans la seconde manche, Virtuose a été super ! 

Vous connaissez très bien Jeanne Sadran puisque vous évoluez quotidiennement auprès d’elle aux écuries Chev’el. Connaissiez-vous vos coéquipières Ramatou Ouedraogo et Leona Mermillod Baron ? 

Oui, j’avais déjà couru le CSIO de Fontainebleau avec Leona et nous avions déjà remporté une Coupe des nations ensemble. C’est très sympa d’en gagner une nouvelle avec elle ! Nous voyons aussi régulièrement Ramatou en compétition. 

L’été passé, vous avez récupéré Virtuose Champeix (SF, Rubins des Bruyeres x Avec Espoir), auparavant monté par Julien Épaillard, le numéro un français qui est aussi votre entraineur. Comment votre duo évolue-t-il et y a-t-il des choses que vous tenez à améliorer avec ce cheval ? 

Il y a forcément toujours des choses à améliorer. Virtuose et moi nous entendons de mieux en mieux et Julien m’aide beaucoup car il le connait par cœur. Ce cheval est extrêmement généreux et peut tout donner à son cavalier. Il a néanmoins son petit caractère et peut parfois être distrait ou chaud d’un jour à l’autre. Entre le Grand Prix et la Coupe des nations, Julien m’a conseillé de changer quelques réglages au niveau de la muserolle. Cette aide m’a été précieuse car Virtuose s’est ainsi beaucoup moins défendu lors de la Coupe des nations. Il reste des détails à améliorer : j’aimerais notamment gagner en fluidité avec lui, car lorsqu’il s’énerve un peu, j’ai tendance à tirer un tout petit peu plus qu’il ne faudrait. 



“J’ai confiance en Virtuose à cent pourcent”

Nina Mallevaey place de grands espoirs en sa fille d'Urtillo vd Heffinck, Comely de l’Hallali.

Nina Mallevaey place de grands espoirs en sa fille d'Urtillo vd Heffinck, Comely de l’Hallali.

© Sportfot

En juillet, vous disiez espérer atteindre les Grands Prix CSI 3* avec ce cheval. Comment vous situez-vous aujourd’hui par rapport à cet objectif ? 

Tout s’est fait un peu plus vite que prévu puisque nous nous sommes classés troisièmes du Grand Prix CSI 4* de Saint-Lô (le 25 octobre, dans la piste indoor du Pôle hippique, ndlr). Nous nous sommes tout de suite bien entendus et le couple s’est fait assez rapidement. J’ai noué une véritable complicité avec lui, j’ai confiance en lui à cent pourcent. La semaine prochaine nous courrons au CSI 4* de Grimaud (du 28 avril au 2 mai à l’occasion de la première des douze semaines de l’Hubside Jumping de l’année, ndlr). Cette saison, j’ai comme objectif de courir aux championnats d’Europe en Jeunes Cavaliers (prévus du 18 au 25 juillet à Vilamoura, ndlr) avec Virtuose et nous essayons de tout mettre en place pour arriver prêts à cette échéance. 

À vingt-et-un ans, vous courrez pour la dernière année dans la catégorie Jeunes Cavaliers. S’agit-il d’une source de motivation supplémentaire pour y décrocher un bon résultat ?

Il s’agit en effet de mon ultime année chez les Jeunes, j’aimerais donc vraiment conclure sur une bonne note. Je souhaiterais pour cela obtenir une sélection pour les Européens, et si j’ai la chance d’y aller, y réussir une bonne performance pour l’équipe, et pourquoi pas en individuel. 

Par rapport au reste de l’effectif du groupe France, comment vous situez-vous à ce jour en vue de cette échéance ? 

Tout peut toujours changer, nous ne sommes jamais à l’abri d’une blessure ou d’une méforme. L’équipe du week-end passé n’est bien sûr pas celle qui est sûre de s’élancer à Vilamoura. Nous avons tous le même objectif, donc pour cela nous préservons nos chevaux afin qu’ils soient en bonne santé, surtout compte tenu de l’épisode de la rhinopneumonie. Nous veillons à ce qu’ils soient en forme et chacun aborde l’échéance à sa manière. À ce stade, il est trop tôt pour savoir qui sera du voyage. 

Comment jugez-vous l’évolution d’Utha du Priel (SF, Ogrion des Champs x Type d’Elle) et Tisele du Park (SF, Tinka’s Boy x Ukase), qui étaient également à vos côtés à Opglabbeek ?

Ces juments sont plutôt destinées à des épreuves de vitesse. Les deux ont un peu concouru dans des épreuves comptant pour le classement mondial, mais elles sont mieux sur des parcours à 1,35m ou 1,40m, de temps en temps à 1,45m. Toutes deux sont très respectueuses et performantes. Je sais que lorsque j’entre en piste avec elles, il est rare que j’en ressorte avec une barre à terre, ce qui est vraiment agréable. 

Vous montez aussi la prometteuse Comely de l’Hallali (SF, Urtillo vd Heffinck x Quidam de Revel). Comment évolue-t-elle ? 

Comely progresse très bien. Cette saison, elle n’a couru qu’à Oliva pour le moment et sera la semaine prochaine à Grimaud. J’ai hâte de pouvoir la présenter à nouveau en concours car elle est en grande forme et que je pense qu’il s’agit d’une jument d’avenir. Elle a commencé à prendre part à des épreuves à 1,45m de très belle manière. Comely présente beaucoup de potentiel. 



“La concurrence est rude car la France n’est pas une petite nation”

Depuis trois ans, la Nordiste peut compter sur le soutien d'Olivier Sadran, propriétaire de l'écurie Chev'el.

Depuis trois ans, la Nordiste peut compter sur le soutien d'Olivier Sadran, propriétaire de l'écurie Chev'el.

© Sportfot

Compte tenu de la pandémie mondiale de Covid-19 et de l’épizootie de rhinopneumonie, les derniers mois ont été amputés d’un bon nombre de compétitions. Comment avez-vous vécu cette période ? 

Nous ne pouvons franchement pas nous plaindre car nous avons pu continuer à pratiquer notre sport et vivre notre passion. Pendant tous ces mois, nous avons été dehors avec nos chevaux, que nous avons pu monter tous les jours dans de superbes installations. Nous étions à la maison avec Jeanne, Louise et toute l’équipe de Chev’el. Tout le monde s’entend très bien, l’équipe est très soudée. Certes, il n’y a pas eu de concours mais les chevaux sont restés en bonne forme car nous avons continué à les travailler. Ils ont profité de nombreuses sorties en extérieur afin qu’ils gardent le moral. 

Que peut-on vous souhaiter pour les prochains mois ? 

De réussir de belles choses avec tous mes chevaux. Et pourquoi pas un titre aux championnats d’Europe si je suis du voyage. 

Appréhendez-vous ce qui vous attend à la suite de vos années Jeunes Cavaliers ? Quelle sera la suite ? 

Dire que j’appréhende serait un peu excessif je pense, mais il est vrai que je serai bientôt dans le grand bain. Je serai par la suite confrontée aux plus grands et je ne pourrai plus me reposer sur le championnat d’Europe des Jeunes comme échéance majeure de ma saison. La marche est haute, je le sais. Il y a des centaines de cavaliers meilleurs que moi, mais je vise le haut niveau, et ne me démonterai pas. Je travaille pour y parvenir, et même si je n’intégrerai pas l’équipe Seniors l’année prochaine, c’est un objectif et je vais tout faire pour l’atteindre. 

Toujours aux côtés de l’écurie Chev’el… 

Oui, tout à fait. Ils m’accompagnent depuis trois ans maintenant et me donnent l’opportunité de compter sur de très bons chevaux, de travailler avec des personnes extrêmement compétentes dans leurs domaines et d’évoluer dans une structure de haut niveau. Ils font énormément pour moi et je ne les remercierai jamais assez pour cela. 

Récemment, Lalie Saclier confiait à GRANDPRIX qu’il était en partie difficile pour les jeunes d’accéder à haut niveau en raison du grand nombre de cavaliers de haut niveau que l’Hexagone compte. Êtes-vous d’accord ?

Oui, la concurrence est rude car la France n’est pas une petite nation. Certains piliers sont là depuis longtemps et il y a d’autres bons cavaliers. Même lorsque l’on regarde la liste des cavaliers qui prennent part aux Grands Prix à 1,50m du Grand National, de nombreux sont bien devant nous. Il ne faut toutefois pas se démonter et travailler. Le staff de l’équipe de France essaie d’offrir beaucoup de visibilité aux jeunes et de leur donner des sélections lorsque cela est possible. Tout un système a été mis en place autour des jeunes et ils nous accompagnent vraiment bien dans ce cheminement vers le haut niveau. Ils nous donnent une chance et on ne peut décemment pas se plaindre en France.