“Je voulais voir comment Silvermoons serait jugée à l’étranger”, Pierre Volla

Un peu moins de trois ans après sa dernière reprise présentée en selle sur Badinda Altena, la jument qui l’avait révélé, Pierre Volla a renoué avec les concours internationaux ce week-end à l’occasion du CDI 4* d’Ornago, en Italie. Crédité d’une moyenne de 68.478%, il a fini quinzième du Grand Prix qualificatif pour le Spécial avec Silvermoons Mariechen, qu’il monte depuis un peu plus d’un an. Malgré un retour précipité en France en raison de la découverte de cas de rhinopneumonie dans les écuries de Morgan Barbançon Mestre, le Rhônalpin installé à Chalain-d'Uzore, dans la Loire, a pu évaluer le comportement de sa jument de treize ans sur le sol étranger.



Ce week-end, l’annonce de cas de rhinopneumonie dans les écuries de Morgan Barbançon Mestre a incité les cavaliers tricolores à se retirer d’Ornago, en Italie, pour confiner leurs chevaux chez eux. En dépit de sa participation avortée à ce CDI 4*, Pierre Volla se dit très satisfait du galop d’essai de Silvermoons Mariechen (Silvermoon x Maizauber) sur la scène internationale, dans le Grand Prix qualificatif pour le Spécial. Le temps que les incertitudes d’une éventuelle contamination soient entièrement levées, la jument de treize ans, heureusement “en très bonne santé”, est actuellement placée à l’isolement dans les écuries ligériennes du cavalier.

Le Rhônalpin a tout de même eu l’occasion de faire le point sur l’attitude de Silvermoons à l’issue de sa reprise. “Nous avions déjà concouru en Grands Prix nationaux, en commettant des fautes et avec une jument très stressée, mais je voulais voir comment elle serait jugée à l’étranger”, explique Pierre Volla. “Et il s’est avéré que c’était mon plus beau Grand Prix, donc je suis très content de Silvermoons!” L’inexpérience de la jument dans une compétition de ce niveau s’explique par le fait qu’elle n’avait pratiquement jamais concouru avant son arrivée sous la selle de Pierre Volla, début 2020. Depuis, elle s’est illustrée en Pro Élite en remportant le Grand Prix de Limoges et en se classant deuxième du Spécial de Vierzon, l’an dernier. En février, le couple s’est également adjugé un Grand Prix Spécial Préparatoire Pro Élite à Mâcon.

La jugeant prête pour un CDI, Pierre Volla a donc décidé de l’emmener en Italie. “J’ai attaqué directement sur le Grand Tour, ce qui n’est pas évident pour un cheval pas habitué à la compétition. De plus, Silvermoons a du tempérament et de l’énergie, donc il faut quand même envoyer!” En matière de travail et de patience, le Tricolore avait été rodé avec son ancienne partenaire, la délicate Badinda Altena (KWPN, Tolendo x Goodtimes), avec laquelle il avait participé aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro en 2016, ainsi qu’aux championnats d’Europe d’Aix-la-Chapelle et Göteborg, en 2015 et 2017. 



“Elle ne plaisait pas plus que ça”

“Ma participation à Ornago constituait vraiment une reprise. Je voulais essayer de voir de quoi la jument était capable. Je voulais montrer ses points forts et travailler sur son mental. Au final, je suis très content d’elle et de son attitude!” De points forts, la grise n’en manque pas. Elle dégage “beaucoup d’énergie” et montre “une belle prestance sur le rectangle” qui ne cherche qu’à se déployer. “J’avais beaucoup de doutes avant, notamment parce qu’elle ne plaisait pas plus que ça. Et à l’étranger, elle ne déplaît pas”, rit-il. Le juge en E, Lars Andersson, a été le plus séduit par la prestation du couple, lui attribuant une moyenne de 70,870%.

Cependant, Silvermoons se montre toujours inquiète sur le rectangle. “Elle est quand même stressée, ce qui ne permet pas encore d’obtenir le bon relâchement pour chaque mouvement”, souligne Pierre Volla. “En revanche, à l’entraînement, le passage, le piaffer et les pirouettes se déroulent très bien!” En autocritique, il aborde les “zones un peu plus noires” sans aucune fatalité: “Les lignes de changements de pied sont fragiles. Cela vient-il de moi, puisqu’elles l’étaient aussi avec Badinda, ou de Silvermoons? C’est comme le trot allongé, qui n’est pas non plus mon point fort. Il reste encore des détails sur lesquels travailler.”

Pour la suite, Pierre Volla présentera sa jument au concours national organisé du 21 au 23 mai au Haras de Cluny, où il fera équipe avec Jean-Philippe Siat, puis au Grand National de Mâcon, deux semaines plus tard, afin qu’elle continue à s’aguerrir. Le Tricolore ne participera pas au CDIO 5* de Compiègne, préférant céder sa place au profit de cavaliers “potentiellement sélectionnables pour les Jeux olympiques de Tokyo”. “Par contre, je ne vais pas mettre de côté les compétitions à l’étranger. Je veux continuer à me mesurer un peu aux cavaliers et aux juges étrangers. Et je vise bien évidemment les plus grandes échéances. D’ailleurs, je prépare deux autres juments pour le Grand Prix, avec des objectifs comme les Jeux de Paris 2024”, conclut-t-il. Ces deux autres juments affirment progressivement leur potentiel. Eleganza (Old, Fürst Fugger x San Schufro), dix ans, “plaît beaucoup” et devrait commencer le Medium Tour, voire le Grand Tour sous peu. Quant à sa jument de sept ans, Donna Wichita du Soleil (Han, Don Frederic x Royal Olymp), pour laquelle Pierre Volla fonde beaucoup d’espoir, elle a “beaucoup de justesse, de force et de souplesse”. De quoi nourrir de belles ambitions pour l’avenir!