Moins vermifuger pour limiter les risques de résistances aux substances ?

Pour lutter contre les vers infestant le système digestif des équidés, comme les strongles, l’administration systématique de vermifuges fait actuellement figure de méthode phare. Prodigués à intervalles réguliers, ces traitements permettent d’éviter le développement d’un nombre trop important de parasites, pouvant causer de multiples symptômes, voire entraîner la mort. L’Institut français du cheval et de l’équitation se pose aujourd’hui la question des limites de la vermifugation systématique. De fait, cette méthode pourrait être optimisée au bénéfice de la santé de l’animal.



Pour les propriétaires d’équidés, la vermifugation apparaît souvent comme un passage obligé. Elle s’effectue généralement deux à quatre fois par an, et coûte une vingtaine d’euros en moyenne. Utilisés à intervalles réguliers, les différents vermifuges existants permettent de lutter contre la prolifération des vers à l’intérieur du tube digestif des animaux. Présents en trop grand nombre, les parasites peuvent causer des coliques et diarrhées, un amaigrissement important, voire s’avérer mortels pour l’équidé infesté. Cependant, à l’instar des traitements antibiotiques, les vermifuges présentent un inconvénient de taille: administrés fréquemment, ils favorisent le développement de résistances chez les parasites, pouvant à terme rendre inefficaces les molécules utilisées. Pour l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE), il est donc urgent d’optimiser au maximum l’usage de ces traitements afin d’en préserver l’efficience.
Depuis 2020, une coopération autour du projet Parasit’ SimEq se développe entre l’IFCE, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (ANSES), l’École nationale vétérinaire, agroalimentaire et de l’alimentation de Nantes-Atlantique (ONIRIS), et l’Institut national de la recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE). Ce projet bénéficie de financements du conseil scientifique de la filière équine et du Fonds Éperon pour une durée de trois ans. L’objectif est de créer un outil permettant de rationaliser au maximum la vermifugation, en identifiant le moment optimal pour l’administration. Un tel outil existe déjà chez les bovins, qui nécessitent le même type de traitements. L’idée est donc de l’adapter aux équidés, en le paramétrant de façon à ce qu’il simule l’accumulation des larves de petits strongles sur les parcelles et mette ainsi en évidence les moments idéaux pour vermifuger chevaux et poneys.  Les périodes propices à l’administration de vermifuges, nommées périodes à risque parasitaire, sont en effet variables et propres à chaque lot d’équidés. Elles dépendent notamment des conditions météorologiques dans lesquelles ils évoluent, mais aussi des conduites d’élevage et de pâturage.



Des avantages économiques non négligeables

En plus de limiter la résistance des parasites au vermifuge, limiter le recours à ces traitements au strict nécessaire permet également de réduire les coûts, un avantage non négligeable pour les propriétaires et structures accueillant des équidés. À terme, les travaux de recherche en cours doivent déboucher sur le développement d’une application web. Celle-ci devrait tout d’abord permettre de réduire l’usage des vermifuges en ciblant plus précisément les périodes à risque parasitaire. Elle donnera également la possibilité d’observer et de comprendre l’influence de différentes conduites d’élevage et de pâturage sur ce risque. Plus généralement, l’application sera également un outil pour mieux comprendre les dynamiques d’infestation des pâtures et équidés par les parasites.
Il s’agit donc là d’un projet prometteur, qui devrait, à terme, mener à une optimisation de la vermifugation des équidés, et également à des gains financiers pour les détenteurs de chevaux.  À noter qu’une alternative au traitement systématique existe déjà. Il s’agit de la coproscopie. Cette analyse consiste à étudier la quantité d’œufs de parasites présents dans les crottins, afin de déterminer si l’administration d’un vermifuge est nécessaire ou non. Néanmoins, cette méthode requiert du temps et représente un coût significatif.