“Cet été, nous allons proposer aux cavaliers des clubs franciliens des rendez-vous sportifs dans chaque discipline avec les Open FFE en région”, Emmanuel Feltesse

Pour la deuxième année consécutive, en raison de la crise liée à la pandémie de Covid-19, le Generali Open de France ne pourra pas se tenir au Parc équestre fédéral de Lamotte-Beuvron. Pour autant, la Fédération Française d’Equitation a proposé et accompagné ses comités régionaux d’équitation à décliner ce concept à leur échelon. Ayant naturellement saisi la balle au bond, le Comité régional d’équitation d’Île-de-France (CREIF) propose à ses clubs de se retrouver lors d’Open sur différents sites de compétition régionaux selon les disciplines. Le saut d’obstacles, le dressage, le hunter et le tir à l’arc seront organisés à Fontainebleau, avec le concours de GRANDPRIX Events, le concours complet se tiendra à Grosbois, la voltige au Parc équestre francilien, au Pin en Seine-et-Marne, et les disciplines collectives ainsi que les épreuves Shetlands ont rendez-vous à la Carrière de la Vallée, à Bièvres. Emmanuel Feltesse, président, estime indispensable de maintenir un tel objectif sportif à la fois pour remotiver les cavaliers et redynamiser la filière équestre après les périodes creuses causées par les restrictions sanitaires.



En début d’année, plusieurs scénarios avaient été proposés à la Fédération française d’équitation concernant la tenue du Generali Open de France cet été. Pourquoi celui-ci n’aura-t-il finalement pas lieu à Lamotte-Beuvron?

Tout d’abord, l’Open de France n’est pas annulé. Il ne se tiendra pas en un seul lieu, mais sera décliné en régions. Ainsi, notre Open d’Île-de-France sera bien un Open fédéral et non un championnat régional. Pour s’y qualifier, il faut compter au moins deux participations à un concours depuis 2020. On sait très bien que l’Open Generali est un grand rassemblement populaire réunissant chaque année bien plus de cinq mille personnes. Compte tenu du contexte sanitaire, les différents scénarios qu’avaient envisagés la FFE ne permettaient de proposer un programme sportif en lien avec les attentes des clubs. Morceler les championnats, par discipline et sur des journées différentes, pour respecter les jauges sanitaires auraient contraint les clubs à modifier leur planning sur l’ensemble du mois, à une période où il faut également prendre en compte les stages d’été qui débutent. De plus, la spécificité de Lamotte-Beuvron est que les équipes campent très souvent sur place. Même en respectant de la jauge de cinq mille visiteurs autorisés, d’un point de vue sanitaire, on ne peut pas mettre sur pied un camping avec des milliers de personnes. L’option adoptée et la mise des Open FFE dans les régions relèvent de la sécurité et du bon sens.

Pourquoi avoir opté pour un Open régional?

Grâce aux actions menées par la FFE en lien avec les CRE, l’équitation a pu, à la différence d’autres sports, poursuivre partiellement ses activités dans ce contexte pandémique, néanmoins la compétition de niveau club a été suspendue. Il apparait très important de pouvoir relancer la dynamique sportive avec des objectifs sportifs pour les cavaliers. Les clubs en ont besoin. Régionaliser l’Open permet aux clubs de rester ouverts cet été tout en conservant une finalité sportive qui reste économiquement accessible. La fédération travaille main dans la main avec ses comités régionaux et départementaux, ainsi que les centres équestres, les cavaliers et les organisateurs au niveau local. C’est un exemple en matière de gestion.



“Le Grand Parquet est un site mythique pour notre sport”

Pourquoi avez-vous choisi le stade équestre du Grand Parquet pour les épreuves de saut d’obstacles, de hunter et de dressage?

Parce qu’il s’agit d’un site mythique pour notre sport, et que nous avons la chance qu’il se situe en Île-de-France. De plus, on y trouve désormais deux magnifiques pistes en sable qui ont été complètement rénovées ces deux derniers hivers. Cela nous permettra de proposer à nos cavaliers de club un concours de qualité internationale. Cet Open en région n’a donc rien d’un sous-produit! De même, les épreuves de complet auront lieu au château de Grosbois, avec des centaines d’hectares d’herbe à profusion. C’est fantastique, on a l’impression d’être en Grande-Bretagne! Nous ne pouvions pas trouver plus beau pour cette discipline. Nous proposons donc aux cavaliers un très bel objectif estival mis en œuvre par des organisateurs que je tiens ici à remercier pour leur mobilisation (dont GRANDPRIX Events, choisi pour opérer à Fontainebleau, ndlr).

L’an passé, vous vous êtes très vite et fortement engagé pour la cause des centres équestres mis en difficulté par la crise sanitaire et avez souvent pris la parole pour faire bouger les choses. Quel bilan tirez-vous de l’année traversée par ces clubs?

La pandémie de Covid-19 a été extrêmement difficile à vivre pour tout le monde. Cette crise nous a poussé à nous rapprocher les uns des autres pour mieux nous comprendre, ce qui est très positif à mes yeux. Ainsi, je n’avais jamais rencontré autant de clubs pour comprendre les difficultés de leurs dirigeants, qu’il s’agisse de petites, moyennes ou grandes structures. D’ailleurs, il ne faut pas opposer les uns aux autres, cela n’a aucun intérêt. C’est parce que nous nous sommes tous serré les coudes que nous sommes parvenus à nous faire entendre des collectivités qui, pour beaucoup d’entre elles, nous ignoraient jusque-là. Nous ne vivons pas de subventions. Ainsi, le budget de la FFE ne repose que sur 2,4% d’argent public, ce qui n’est pratiquement rien! De même, si nous avons réussi à obtenir la permission de poursuivre nos activités durant cette pandémie, c’est parce qu’ont été reconnues les spécificités de l’équitation, au premier rang desquelles figure un animal, le cheval, au centre de nos activités et toutes nos attentions. D’une certaine manière, cette crise nous a permis de nous recentrer sur nos valeurs et de les faire reconnaître à tous les niveaux.



“Maintenant que les autres sports se relancent, nous allons faire face à une concurrence extrêmement forte”

Dans quelle mesure pensez-vous que ce mouvement soit de bon augure pour l’avenir des clubs?

Les organes déconcentrés et les actions de la FFE ont joué, mais aussi les contacts entre les clubs. Une véritable chaîne s’est mise en place. Aujourd’hui, je recommande la prudence! Les autres activités sont en train de reprendre, alors ne nous endormons pas! Avec cette crise, nous avons pu montrer au grand public les atouts de l’équitation et accueillir de nombreux cavaliers dans nos clubs, qui ont donc pu continuer d’exister pendant la pandémie. Maintenant que les autres sports se relancent, ce qui est bien normal, nous allons faire face à une concurrence extrêmement forte. À nous de profiter de l’avance que nous avons prise pour montrer que l’équitation est un sport majeur dans notre pays. À nous de continuer à communiquer en direction du grand public, peut-être même encore plus afin de montrer les vertus du contact des chevaux. Les Français ont compris les bienfaits de notre sport d’extérieur. Nous devons mettre plus fortement l’accent là-dessus et sur le bien-être apporté à l’individu. C’est notre pari des prochains mois. Cette pratique est exceptionnelle car elle permet àn chacun de se poser des questions sur lui-même et sur son propre bien-être. En ce sens, l’équitation est plus qu’un sport. Du reste, l’objectif de la plupart des cavaliers n’est pas de devenir champion olympique mais de se faire plaisir.

En avril, le nouveau comité fédéral de la FFE vous a confié, entant que président du conseil des présidents de comités régionaux, l’organisation d’Assises des territoires, visant à renforcer les liens entre la fédération, les comités régionaux et départementaux et les clubs. Comment cela va-t-il prendre forme?

Nous nous étions engagés à consulter de nouveau les clubs. La pandémie nous a révélé que certains d’entre eux, justement ou injustement, se sentent éloignés de la FFE et de ses organes déconcentrés. L’objectif de ces Assises est tout simplement de savoir ce que souhaitent les clubs. C’était l’un de premiers points à l’ordre du jour de la première réunion du nouveau comité fédéral, qui a d’ailleurs été très largement renouvelé. Le premier acte a donc été de lancer un questionnaire, accessible jusqu’à fin juin, à tous les centres équestres. Actuellement, plus de sept cents clubs y ont déjà répondu. Ensuite, les comités régionaux et départementaux ont été consultés afin de définir le rôle de chacun. Nous nous sommes rendu compte qu’il y avait parfois des incohérences entre des actions menées en parallèle. Une fois que les rôles sont clairement attribués, il s’agit d’établir une communication au sein de ce maillage constitué par la fédération, les comités régionaux et départementaux, et les clubs.

L’étape à laquelle nous parvenons aujourd’hui sont les Assises en région de manière dématérialisée, la pandémie nous ayant aussi appris à organiser des réunions sans nous déplacer. Nous mettons tout à plat, sans tabou, en demandant concrètement aux clubs ce qu’ils veulent et ce qu’ils attendent de leurs comités et de leur fédération. Les premières réunions ont été plutôt productives, avec des idées intéressantes à mettre en place, tout en se remettant en question. Nous envisageons notamment de réformer les statuts des organes déconcentrés si cela s’avère nécessaire, en définissant plus concrètement leur rôle. Le plus important est que ceux-ci s’intègrent mieux à ce maillage territorial. C’est aussi mon cheval de bataille. Cette pandémie nous a énormément rapprochés des élus de nos territoires, des conseils départementaux et régionaux. Nous devons en profiter pour faire reconnaître l’équitation à sa juste valeur. Nous sommes la troisième fédération sportive, mais nous sommes très peu aidés par rapport à d’autres, alors il est très important que nous soyons reconnus.