La France se pare de bronze aux mondiaux d’endurance

Les champions en titre espagnols ont une nouvelle fois remporté l'or par équipe lors du championnat du monde d'endurance Longines FEI 2021 à San Rossore, à Pise, en Italie, tandis que les Émirats arabes unis ont dominé le podium individuel en décrochant les deux premières places. Après une bonne course, qui faisait également office de grande rentrée, les Tricolores se sont parés de bronze par équipe. La meilleure performance individuelle française est à mettre crédit de Nicolas Ballarin, treizième avec son jeune Anir de la Teulière.



Les deux Émiratis ont franchi la ligne d'arrivée main dans la main.

Les deux Émiratis ont franchi la ligne d'arrivée main dans la main.

© FEI/Christophe Tanière

Au domaine de San Rossore, près de Pise, en Italie, ce sont déroulés, samedi 22 mai, les championnats du monde d’endurance, organisés sous l’égide de la Fédération équestre internationale (FEI). Longues de 160km au total, les six boucles de la course ont finalement sacré les Espagnols par équipe, comme lors de la dernière édition. Boni Viada de Vivero, lui, a écrit une page de l’histoire en devenant le premier cavalier chilien à monter sur un podium de championnat du monde. Associé à As Embrujo, le pilote s’est offert une breloque de bronze. Le Brésil a également célébré sa toute première médaille en décrochant l'argent par équipe, devant la France.

Dans un scénario dramatique, le titre individuel était bien parti pour tomber également entre les mains des Espagnols, lorsqu’Omar Blanco Rodrigo et son brillant gris, For Ferro, sont passés de la cinquième à la première place après la deuxième boucle et sont restés en tête jusqu'aux dernières étapes. Cependant, la vitesse et l'excellente condition physique des chevaux émiratis, Haleh, qui a décroché l'or pour Salem Hamad Saeed Malhoof Al Kitbi, et Birmann Aya, qui a décroché la médaille d'argent pour Mansour Saeed Mohd Al Faresi, leur ont permis de prendre de l'avance dans la dernière boucle pour terminer au coude à coude et main dans la main, sans aucun adversaire en vue.

"Je suis dans ce sport depuis maintenant onze ans et c'est mon premier championnat du monde et j'en suis très fier !", s’est réjoui le nouveau champion du monde. Pour son coéquipier en revanche, la dernière boucle a été particulièrement difficile. "Jusqu'aux cinq derniers kilomètres, les autres poussaient et nous rendaient la tâche difficile, et lors du contrôle vétérinaire final, j'étais tellement nerveux que j'ai cru que mon cœur allait éclater !", a plaisanté Mansour Saeed Mohd Al Faresi à l’issue de la course.



Des contrôles drastiques

Les juges de la FEI ont particulièrement surveillé l'état des chevaux.

Les juges de la FEI ont particulièrement surveillé l'état des chevaux.

© FEI/Christophe Tanière

La fréquence cardiaque de Haleh n'a jamais dépassé cinquante battements par minute et, à la toute fin de l'épreuve de 160 km, elle n'en n'a enregistré que quarante-sept. Lors de l'examen vétérinaire final, le hongre de dix ans n'avait pas l'air perturbé et grignotait de l'herbe, tandis que la jument australienne Birmann Aya, qui a un record de vitesse, était également refroidie avec un rythme cardiaque de cinquante-quatre.

Le Chilien Viada de Vivero a produit une course d’une grande maturité, et le jeune homme de vingt-sept ans, installé en Italie, a reçu un excellent accueil de la part des supporters locaux.  Dix-neuvième après la première boucle, il est passé à la dix-sept, seize, dix puis cinquième place avant de grimper sur la troisième marche du podium aux rênes d’As Embrujo, neuf ans. "J'ai du mal à y croire ! Je savais que j'avais un bon cheval, mais en avoir un qui soit dans les trois premiers du monde, c'est tout simplement incroyable", a-t-il déclaré.

Les médaillés d'or et d'argent individuels étaient les deux seuls membres de l'équipe des Émirats arabes unis à terminer la course. Au total, quarante-huit des chevaux engagés au départ de cette épreuve ont été éliminés avant son terme. Après avoir connu beaucoup de dérives dans ce sport, la FEI a visiblement resserré la vis et aucun incident majeur n’a été à déploré. Douze pays se disputaient initialement le titre collectif, les États-Unis ayant déclaré forfait la veille du départ à la suite de fièvre chez certaines de leurs montures. Avec seulement trois équipes étant parvenus à achever les 160km sans trop d’encombres, la bataille pour les médailles a été intense. 



La France déroule une belle course

Les médaillés d'or et d'argent espagnols et brésiliens ont chacun terminé avec les trois membres essentiels de leur équipe, tandis que les médaillés de bronze français ont terminé avec un impressionnant groupe de quatre. À noter la bonne forme de tous les équidés français à l’issue de l’épreuve, preuve d’une bonne préparation. Pourtant, les Tricolores effectuaient là leur grande rentrée, après une saison particulièrement remaniée, la faute à la pandémie de Covid-19 mais aussi à l’épizootie de Rhinopneumonie équine.

Bien que les Espagnols semblaient avoir le vent en poupe au départ, ils ont été soumis à une pression intense après l’élimination de Jaume Punti Dachs et Alex Luque Moral. Blanco Rodrigo ne pouvait donc pas prendre de risques avec For Ferro sur les derniers kilomètres, il devait terminer en sécurité si son équipe voulait garder une chance. Ses efforts ont payé et, sans véritable surprise, les Espagnols ont conservé leur titre. Avec un temps total de 23h10min34sec, l’Espagne avait trois minutes d’avance sur le Brésil, et un peu plus de trente sur la France. 

Les Français, qui ont décroché la médaille d'argent par équipe lors des quatre derniers Championnats du monde, ont perdu Charles Cappeau et Camil des Ormeaux après la quatrième boucle, mais Nicolas Ballarin (Anir de la Teuliere), Gaëlle Ollivier-Jacob (Pot Made), Margot Thomas (Kalon Milin Avel) et Roman Lafaure (Akim Cabirat) ont assuré leur place sur le podium avec une course bien maîtrisée.



Les réactions tricolores

© FEI/Christophe Tanière

"Tout le monde a fait le travail. Avoir quatre chevaux dans le Top 20 mondial, c’est une sacrée performance surtout dans les conditions de préparation difficiles que l’on a eues. Et malgré ça, on a quatre chevaux à l’arrivée en pleine forme, sportivement c’est une vraie réussite. La tactique était d’évoluer à la même vitesse que lors de notre course de préparation à Compiègne. Il fallait mutualiser les moyens afin de faire une course propre. Le travail effectué avec les préparateurs mentaux Maxime Châtaignier et Franck Larrey a également payé. Depuis le début de l’aventure, il y a une belle cohésion, cette médaille est méritée", s'est félicité le sélectionneur national, Jean-Michel Grimal.

Meilleur Français en individuel, Nicolas Ballarien a pu compter sur Anir de la Teulière, qui a répondu présent. "Si on m’avait dit il y a trois mois que ce championnat aurait lieu, je n’y aurais pas cru ! Mais le staff nous a épaulé pour préparer l’échéance et aujourd’hui, les résultats sont là, c’est chouette ! On savait que nous ne pourrions pas faire de médaille individuelle alors on a couru en équipe. Après l’annulation de la course à Tryon (USA), ce championnat du monde a une saveur particulière. J’avais un peu perdu l’envie pour le très haut niveau mais Jean-Michel a su me remotiver. Le staff a su nous mettre dans une bulle, nous n’avions pas de pression et nous avons pu nous concentrer sur notre course. Faire la dernière boucle avec Gaëlle était un moment à part, j’ai vraiment apprécié", a commenté le Tricolore.

Malgré une préparation difficile, Gaëlle Ollivier-Jacob a salué la performance de l'équipe nationale, soulignant la magnificence de la course disputée par les Français. "Les chevaux sont beaux et frais après la course, c’est notre plus belle récompense", a-t-elle ajouté. Et Margot Thomas de poursuivre : "Nous avons fait un vrai travail d’équipe et nous sommes les seuls avec quatre chevaux à l’arrivée et au sprint ce qui prouve leur fraîcheur. C’est mon premier championnat du monde Seniors mais mon cheval avait déjà décroché l’argent avec ma sœur lors des Europe en 2019. À seize ans il est encore très frais et pour moi, c’est une super expérience." Romain Lafaure, quant à lui, a déplorer l'élimination de son coéquipier, mais souligné, comme tous ses camarades, l'excellent état d'esprit qui a entouré l'équipe tout au long de sa préparation.

Les résultats complets par équipe ici.

Les résultats complets en individuel ici.