Victoire magistrale pour Bernardo Cardoso de Resende Alves à Bourg-en-Bresse

Un scénario pour le moins très inhabituel s'est déroulé cet après-midi dans le Grand Prix de la ville de Bourg-en-Bresse : aucun des cinquante couples au départ n'a réussi à franchir la ligne d'arrivée avec un score vierge. Au terme d'un barrage entre les deux concurrents pénalisés d'un point en première manche, le Brésilien Bernardo Cardoso de Resende Alves s'est imposé aux rênes du tout bon El Torreo de Muze dans l'Ain.



Après une année blanche due à la Covid-19 en 2020, le coup d'envoi de l'édition 2021 du Grand Prix CSI 4* de Bourg-en-Bresse a été donné cette après-midi à quinze heures. Cinquante couples, qualifiés grâce à leurs performances dans les épreuves majeures de jeudi ou vendredi, se sont alors élancés un à un sur le difficile et subtil parcours dessiné par Grégory Bodo. Un triple délicat composé d'un oxer suivi à deux foulées d'un vertical puis d'un deuxième oxer à une foulée courte était notamment au programme, ainsi qu'une ligne très difficile qui débutait avec l'obstacle numéro huit. Les couples au départ devaient d'abord franchir une triple barre large de deux mètres, avant de sauter quatre foulées plus loin un double de verticaux, puis de se diriger vers un oxer sur bidet placé à cinq foulées courtes de la difficulté précédente. Le vertical numéro sept, qui culminait à 1,60m et était composé de trois barres blanches seulement, a également donné du fil à retordre aux cavaliers, à commencer par le numéro un mondial Steve Guerdat, qui avait pourtant sellé l'excellent Victorio des Frotards. Un autre vertical, placé en avant-dernier et agrémenté d'un bidet en faux-appel, a également anéanti les chances de plusieurs couples, dont le premier au départ, à savoir Edward Levy et Rebeca LS. Si la fille de Rebozo a une nouvelle fois démontré toute sa qualité, elle n’a en effet pas pu éviter une faute sur cet obstacle numéro douze, qui a également été fatal à la troisième concurrente au départ, Nina Mallevaey, toujours associée au très bon Virtuose Champeix.
Juste après elle, Bernardo Cardoso de Resende Alves s’est élancé aux rênes d’El Torreo de Muze, un étalon gris fils de Taran de la Pomme. Tous deux ont fait trembler le dernier obstacle du parcours mais ont réussi à laisser toutes les barres sur leur taquet, ce qui s’avérerait par la suite comme une vraie prouesse. Ils ont cependant manqué le sans-faute – de peu – et pris un point de pénalité pour avoir franchi la ligne d’arrivée en 73″01 au lieu des 73″ imparties. “Quand je suis rentré au box, je me suis dit que j’allais finir huitième ou dixième”, a par la suite expliqué le Brésilien, qui a finalement remporté cette épreuve majeure. À peine cinq minutes plus tard, Laurent Goffinet et Atome des Étisses, qui avaient terminé deuxième de la dernière édition de ce Grand Prix, ont à leur tour pris le départ. L’ancien cavalier de Flipper d’Elle et le fils de l’excellente Eve des Étisses ont, eux aussi réussi à laisser toutes les barres sur leurs taquets, écopant seulement d’un point de temps dépassé et laissant penser que des parcours parfaits arriveraient par la suite.



Pluie de parcours à quatre points

Aux rênes de Blood Diamond du Pont, Julien Anquetin a signé le parcours à quatre points le plus rapide, montant ainsi sur la troisième marche du podium.

Aux rênes de Blood Diamond du Pont, Julien Anquetin a signé le parcours à quatre points le plus rapide, montant ainsi sur la troisième marche du podium.

© PSV

Pour autant, il n’en a rien été. Si aucune catastrophe n’a eu lieu et que selon Grégory Bodo, “aucun cheval n’a été mis à l’effort”, aucun autre concurrent n’a réussi à sortir de piste sans faire tomber d’obstacles. Pas moins de dix-huit couples (!) ont franchi la ligne d’arrivée avec quatre points au compteur. Parmi eux, on retrouve notamment la très attendue Pénélope Leprévost, qui avait terminé neuvième puis deuxième des épreuves qualificatives aux rênes du même Vancouver de Lanlore. En lice pour une sélection lors des Jeux olympiques de Tokyo, le couple qu’elle forme avec son étalon a terminé douzième aujourd’hui après une faute de postérieurs sur l’oxer de sortie du triple. Leurs coéquipiers aux championnats d’Europe, Nicolas Delmotte et Urvoso du Roch, ont quant à eux fauté sur l’entrée du double de verticaux, terminant ainsi quatorzièmes. Ils ont, pour autant, offert dans l’ensemble une performance impeccable, hormis sur l’oxer numéro un qui a tremblé à leur passage, ce qui a sans doute rendu le fils de Nervoso plus attentif pour la suite de son parcours. Parmi les cavaliers pénalisés de quatre points se trouve également Julien Gonin, qui avait sellé la puissante Valou du Lys et a fait tomber l’entrée du triple pour terminer au onzième rang. Sur le non moins puissant Uno de la Roque, François Jr. Mathy, qui portait le dossard numéro quarante-huit, a signé une remarquable performance, passant notamment avec brio la difficile ligne du double de verticaux. Le Belge et son fils de Numero Uno étaient donc sur la voie du sans-faute, mais l’oxer numéro onze est finalement tombé sur leur passage, les reléguant ainsi à la huitième position. Déjà vainqueur de l’épreuve à 1,50m avec barrage de vendredi, Julien Anquetin a quant à lui une nouvelle fois maîtrisé son sujet. Aux rênes de Blood Diamond du Pont, le Rouennais a, certes, mis une barre à terre, mais il a réalisé le chronomètre le plus rapide de la première manche, ce qui lui a ainsi permis de monter sur la troisième marche du podium du Grand Prix, devançant Alexis Deroubaix et sa Kitona de Muze de plus d’une demi-seconde.
Sept couples sont également parvenus à sortir de piste en faisant tomber une seule barre, mais en étant pénalisés par le temps, à l’instar de Mégane Moissonier et son puissant Cordial, alors que d’autres – dont certaines têtes d’affiche – ont connu plus de difficulté. Le multimédaillé suisse et numéro un mondial actuel Steve Guerdat a ainsi mis deux barres à terre avec Victorio des Frotards, tout comme les très en vue Juliette Faligot et Arqana de Riverland ou encore Julien Épaillard et son produit maison Cheyenne d’Auge. Au final, seuls trois cavaliers ont fait tomber plus de deux barres, et trois abandons seulement ont été enregistrés.



Un duel en faveur du Brésil

Aucun sans-faute n’ayant, donc, été enregistré, Bernardo Caroso de Resende Alves et Laurent Goffinet se sont affrontés au barrage. Premier à en prendre le départ, le Brésilien a pris un bon rythme de galop en selle sur son étalon gris, sans toutefois prendre le risque de commettre une faute. Concluant son parcours en 41”85, il a ainsi mis de la pression sur les épaules de Laurent Goffinet, qui ne pouvait pas faire tomber la moindre barre s’il voulait l’emporter, et devait battre le chronomètre du cavalier précédent. Atome des Étisses ayant poussé à terre le vertical anciennement placé en numéro douze, le duel a tourné à l’avantage de Bernardo Caroso de Resende Alves, bien sûr ravi de sa victoire. "C’est toujours difficile de passer en septième dans un Grand Prix, s’est exprimé le représentant de la Seleçao, qui travaille pour le célèbre éleveur belge Joris de Brabander. Quand je suis rentré aux boxes, je me suis dit que j’allais finir huitième ou dixième, mais le parcours s’est avéré vraiment difficile et le temps imparti très court. Mon cheval est né et appartient à l’élevage de Muze de Joris de Brabander ; je le monte depuis ses sept ans. C’était son quatrième Grand Prix CSI 4* aujourd’hui, et il avait déjà remporté celui du CSIO 4*-W de Rabat en 2019. C’est mon cheval de tête et j’essaye de rentrer avec lui dans l’équipe du Brésil, car Philippe (Guerdat, sélectionneur national du Brésil, ndlr) n’a pas encore fait sa sélection définitive pour les Jeux olympiques. Nous allons aller à Saint-Gall, puis peut-être à La Baule."
 
Laurent Goffinet s’est montré tout aussi content de la performance de son étalon, qui s’était blessé à Vilamoura et disputait là son premier Grand Prix de la saison. "Nous sommes allés faire un stage au Touquet lundi, où j’ai senti le cheval de mieux mieux, a expliqué l’ancien cavalier de Flipper d’Elle. Ici, il a fait un bon sans-faute le premier jour, puis quatre points le deuxième, où j’ai décidé d’abandonner après lui avoir refait faire une petite faute dans le triple. Aujourd’hui, le parcours était quand même délicat, donc je suis très satisfait du cheval. Je suis rentré en piste en me disant ‘fais un bon parcours, pour ton premier Grand Prix de l’année, et après on verra bien’, et le cheval a répondu présent. Atome courra le Grand Prix du Grand National de Canteleu la semaine prochaine pour rester dans le coup, puis nous irons à La Baule." 

 

Comme en 2019, Laurent Goffinet et Atome des Étisses ont pris la deuxième place du Grand Prix.

Comme en 2019, Laurent Goffinet et Atome des Étisses ont pris la deuxième place du Grand Prix.

© PSV