La Belgique gagne d’un cheveu son bras de fer avec l’Allemagne à Piazza di Siena

La Belgique a gagné la première Coupe des nations de niveau CSIO 5* disputée en Europe depuis plus d’un an et demi, cet après-midi à Rome. Au terme d’un barrage parfaitement maîtrisé en selle sur Nevados S, Grégory Wathelet a donné la victoire aux Diables Rouges, champions d’Europe en titre, devançant de soixante-deux centièmes de seconde la jeune Allemande Kendra Claricia Brinkop, révélation de cette épreuve, associée à Kastelle Memo. La France n’a pas démérité, terminant troisième ex aequo avec le Brésil.



L’essentiel

Chapeau à Kendra Claricia Brinkop et Kastelle Memo !

Chapeau à Kendra Claricia Brinkop et Kastelle Memo !

© Simone Ferraro/CONI

Dieu que c’est bon de revivre une grande Coupe des nations, une vraie, disputée dans le plus bel écrin qui soit, la légendaire place de Sienne, au cœur des jardins de la renversante Villa Borghèse. Mieux encore, afin de donner une chance à un maximum d’équipes de préparer les Jeux olympiques de Tokyo, les organisateurs de l’Officiel d’Italie ont eu le bon goût d’inviter pas moins de douze nations cette année. Et ils ont merveilleusement veillé à l’enracinement de la pelouse replantée fin 2017 sur cette ovale chargée d’histoire et d’émotion. Mieux, mieux encore, le huis clos sanitaire imposé par le Gouvernement italien ne concerne ici que la stricte enceinte du concours, si bien qu’il y avait du public cet après-midi, un joyeux public massé – et masqué – sur les buttes entourant la piste. Que demandait ce peuple romain? Du pain et des jeux, évidemment! Et même si l’Italie, qui a concédé vingt points, n’a pas su se qualifier pour la seconde manche, tout comme l’Égypte (24), le Japon (20) et l’Irlande (12), le peuple n’a pas été déçu.

En effet, cette Coppa delle nazioni s’est achevée par un barrage, ce qui n’était plus arrivé depuis la triangulaire remportée en 2013 par l’Ukraine du mercenaire Cassio Rivetti et Temple Road, aux dépens de l’Allemagne de Ludger Beerbaum et Chaman et de la France de Patrice Delaveau et Orient Express*HDC. Cette fois, le jump-off a opposé deux nations au coude-à-coude de bout en bout, dont le dernier couple a renversé la palanque finale en seconde manche (!): la Belgique, championne d’Europe en titre, et la Mannschaft, pourtant venue sans Daniel Deusser et Christian Ahlmann, ses deux meilleurs pilotes, et avec un Marcus Ehning équipé “seulement” de Calanda 42 (huit puis quatre points), laquelle manque encore un peu d’expérience à ce niveau. Le mérite n’en est que plus grand pour David Will, 4/0 avec C Vier 2, Patrick Stühlmeyer, 0/0 avec l’étalon Selle Français Varihoka du Temple, et surtout la révélation de cette épreuve, Kendra Claricia Brinkop, 0/0 avec Kastelle Memo. Cette cavalière de vingt-six ans, employée chez Stephex et sociétaire de la Young Riders Academy, a vécu là sa deuxième Coupe de niveau CSIO 5*, ayant découvert ce niveau en 2017 à Hickstead avec A la Carte NRW. Toute proche de la perfection, elle a dû s’avouer vaincue au barrage pour soixante-deux centièmes de seconde. De leur côté, les Diables Rouges ont profité du double sans-faute de Jérôme Guéry et Quel Homme de Hus, mais aussi des sans-faute d’Olivier Philippaerts sur H&M Extra (0/12), Yves Vanderhasselt sur Jeunesse (4/0) et de Grégory Wathelet et Nevados S (0/4), sur lesquels Peter Weinberg a intelligemment misé pour l’explication finale. Les champions d’Europe en titre se sont imposés pour la deuxième fois de l’histoire de cette épreuve mythique après le triomphe de Ludo et Nicola Philippaerts, Niels Bruynseels et Constant van Paesschen en 2014.

Chapeau aussi à Jérôme Guéry et Quel Homme de Hus.

Chapeau aussi à Jérôme Guéry et Quel Homme de Hus.

© Simone Ferraro/CONI



Les Bleus

L’après-midi s’est fort bien passée pour l’équipe de France (8 points), troisième de cette épreuve à égalité avec le Brésil de Philippe Guerdat. Honneurs soient rendus à Pénélope Leprevost, créditée d’un double sans-faute plein de maîtrise avec le vif GFE Excalibur de la Tour Vidal, certes un peu regardant en première manche, mais bien à son aise dans la seconde. On a vu du très bon, surtout en seconde manche, chez Marc Dilasser, 8/0 avec le très sérieux Arioto*du Gèvres, pénalisé de deux touchettes sur les oxers 1 et 7a, défendant l’entrée du triple, obstacle le plus fautif de l’après-midi, et Mathieu Billot, 4/0 avec l’impressionnant Quel Filou 13, également piégé sur le 7a… comme Kevin Staut, qui est parvenu, dans son rôle favori de finisher, à qualifier les Bleus pour le second acte avec une convaincante Visconti du Telman (4). Deuxième de la Coupe du Roi dimanche dernier à Madrid, puis encore ici hier dans la Vitesse à 1,55m qualificative pour le Grand Prix dominical, la SF a parfaitement suppléé Scuderia 1918 Viking d’la Rousserie, absent de dernière minute qui s’est donné un coup à un antérieur, et auquel on souhaite le plus prompt rétablissement. Tous les acteurs tricolores de cette épreuves estiment à juste titre leur série 2021 bien lancée et ont déjà hâte de se retrouver à La Baule, où l’équipe sera notamment composée de Pénélope Leprevost, avec Excalibur, et Olivier Robert, avec Vivaldi des Meneaux, vainqueur du Grand Prix CSI 5* de Madrid samedi dernier.

Et chapeau aussi à Pénélope Leprevost et GFE Excalibur de la Tour Vidal.

Et chapeau aussi à Pénélope Leprevost et GFE Excalibur de la Tour Vidal.

© Davide Mombelli



Les tops

Outre les doubles sans-faute déjà cités, saluons ceux du Brésilien Yuri Mansur, avec le spectaculaire et brillant QH Alfons Santo Antonio, de McLain Ward, qui a grandement contribué à la cinquième place des États-Unis avec l’impeccable Contagious, et de Malin Baryard-Johnsson, qui a hissé la Suède à la sixième place grâce à la vive et puissante H&M Indiana. Les organisateurs italiens, même si leur prestataire chronométreur s’est étonnamment pris les pieds dans le tapis entre les deux manches, se montrant incapable de produire une liste de départs correctement ordonnée (!), méritent eux aussi un bravi pour avoir relevé le défi de livrer un tel événement malgré les contraintes sanitaires liées à la pandémie de Covid-19 et l’épizootie toujours pas éteinte de rhinopneumonie de type HVE-1.



Les flops

Au-delà de la désillusion de la Squadra Azzurra, certes privée de ses deux stars, Alberto Zorzi et Lorenzo de Luca, on attendait mieux de l’Irlande, qui n’a pas non plus passé le cut de la première manche, malgré l’excellent sans-faute de Darragh Kenny et VDL Cartello. Le quatuor de Michael Blake a surtout eu à déplorer les treize points de Denis Lynch et Cristello, qui restaient pourtant sur de bons parcours dans les Grands Prix CSI 5* de l’Hubside Jumping de Grimaud et du Grand Chelem Rolex de Bois-le-Duc après une très belle saison 2020. Il faut dire que ce terrain, son parc d’obstacles pittoresque et les fantaisies d’Uliano Vezzani peuvent parfois déstabiliser certains chevaux. Si Bertram Allen a livré une livré une belle prestation avec Pacino Amiro (4 points), on pouvait aussi espérer mieux que deux fautes pour Mark McAuley et Jasco van den Bisschop, septièmes du Grand Prix CSIO 3* de Gorla Minore il y a cinq semaines. Mais bon, il y aura toujours des jours avec… et des jours sans!

 

Les résultats

Revivez le parcours d’Uliano Vezzani en trois dimensions