David Will sort gagnant d’un Grand Prix d’Italie digne d’un péplum
David Will a remporté le Grand Prix d’Italie en conclusion du CSIO 5* de Rome, cet après-midi sur la place de Sienne. En selle sur C Vier 2, l’Allemand a signé le plus rapide des trois doubles sans-faute dans une épreuve en deux manches des plus corsées et spectaculaires, devançant les Américaines Laura Kraut et Jessica Springsteen, respectivement associées à Baloutinue et Don Juan van de Donkhoeve. La meilleure performance française a été l’œuvre de Mathieu Billot, huitième sur Lord de Muze.
Vendredi, les chevaux avaient si bien sauté sur la magnifique piste en herbe de l’enchanteresse Piazza di Siena, où l’on avait compté pas moins de sept doubles sans-faute, que la Coupe des nations dessinée par Uliano Vezzani semblait presque trop facile – était-ce pour donner une chance à l’équipe italienne de faire bonne figure? Dès hier, il s’était fort bien ressaisi – si l’on peut dire – avec seulement treize sans-faute sur soixante-huit partants dans le Petit Grand Prix à 1,55m de cet Officiel d’Italie. Et aujourd’hui, le “Maestro”, tel qu’on le surnomme sur toute la planète équestre, a sorti le grand jeu. Le climat mis à part, la mise en scène de l’épreuve reine de la quatre-vingt-huitième édition de Piazza di Siena avait tout d’un péplum: un décor de rêve, des stars, des jeunes gladiateurs avides de gloire, des obstacles ou des lignes presque infranchissables sans aller à la faute… et un public fabuleux, enthousiaste et nombreux, massé sur les buttes entourant l’ovale de compétition.
Cette fois, sur cinquante partants, il n’y a guère eu que sept sans-faute aux obstacles, dont cinq dans le temps imparti par le chef de piste italien. Véritables briseurs de rêves, l’oxer 6 sur bidet, le très haut vertical 8 hissé à 1,70m et placé après un diabolique demi-tour à effectuer devant la porte, les épais oxer 9a et 9c défendant l’entrée et la sortie du triple, le mur de palanque du Colisée placé en 12 et enfin le gros oxer 13 ont occasionné des dégâts considérables. Ce Grand Prix Rolex, doté de 400.000 euros, n’avait rien, mais alors rien d’une promenade de santé dominicale, dont les Romains sont si friands en ces jardins de la Villa Borghèse. Ainsi, outre les sans-faute et tours à un point, les six couples pénalisés de quatre points ont été repris en seconde manche.
On a malheureusement compté une faute de trop à Marc Dilasser et son bon élève Arioto*du Gèvres, pénalisés de façon étonnante et très légère sur le vertical à palanque numéro 7, des postérieurs, puis le vertical 10, des antérieurs. Idem pour Pénélope Leprevost et son fier GFE Excalibur de la Tour Vidal, battus sur le 8 et le 13. Pour Kevin Staut, comme pour l’Allemande Kendra Claricia Brinkop, révélation de la Coupe des nations, son compatriote Marcus Ehning, le Suisse Steve Guerdat, numéro un mondial, le Brésilien Rodrigo Pessoa et les Américains Kent Farrington et McLain Ward, il y en a deux de trop, mais Visconti du Telman, fautive sur les obstacles 6, 9c et 13, n’en a pas moins laissé une bonne impression. Quel Grand Prix!
Mathieu Billot à un cheveu de la deuxième place
La seconde manche fut-elle plus aisée? À peine. Certes plus courte, elle n’a offert aucune grande galopade aux survivants de ce péplum, leur imposant virages et permanentes remises en équilibre. Le mur de l’Aqueduc placé en 5 est ainsi tombé au passage du Brésilien Luiz Francisco de Azevedo et Comic, douzièmes. Le vertical final 16 a privé de sans-faute l’autre Brésilien en lice, Yuri Mansur, onzième sur QH Alfons Santo Antonio. Quant à Jérôme Guéry, piégé sur le 7 en première manche, il a trouvé la clé du second parcours d’Uliano Vezzani avec Quel Homme de Hus, aussi brillant que vendredi, ce qui a offert au Belge la cinquième place finale. Celle-ci aurait pu récompenser le Suisse Martin Fuchs, mais son brillant Clooney 51, qui avait péché sur le 13 en première manche, a trébuché à la réception de son avant-dernier saut, ce qui a ralenti le Suisse, sixième. Moins rapides mais impeccables, la Suédoise Malin Baryard-Johnsson et son impétueuse H&M Indiana ont fini septièmes après avoir renversé le 8 au premier acte. Piégé deux fois en cette seconde manche, l’Irlandais Darragh Kenny, toujours dans les bons coups, a cette fois dû se contenter de la treizième place avec Idalville d’Esprit.
Avant l’explication finale entre les sans-faute, on a suivi le duel entre les deux couples à un point, qui a finalement vu l’Égyptien Abdel Saïd, peut-être parti trop vite, et le meilleur Italien de l’épreuve, le jeune Giampiero Garofalo, fauter tous les deux, le premier sur le vertical 15, avant-dernier obstacle, avec l’excellent Selle Français Bandit Savoie, et le second sur le vertical 9b avec le surprenant Gaspahr.
Premier sans faute à repartir, David Will a finalement plié la joute d’entrée, signant un parcours parfait sans jamais vraiment reprendre son excellent C Vier 2, hongre Holsteiner de treize ans par Cardento et une mère par Concorde, qu’il monte depuis moins d’un an. Une nouvelle très grande victoire pour cet Allemand évoluant dans l’ombre des nombreuses stars de son pays, qui s’était fait connaître en remportant à la surprise générale le Grand Prix Coupe du monde de Bois-le-Duc en 2013 avec Colorit, et qui avait aussi gagné le prestigieux Grand Prix du Royaume-Uni, la Longines BHS King George V Gold Cup, en 2019 à Hickstead avec Never Walk Alone. Quoi qu’il en soit, ce triomphe romain s’inscrit sans aucun doute comme le plus beau de sa carrière.
Dans la foulée, Jessica Springsteen a signé une seconde manche très propre et dans un bon train avec Don Juan van de Donkhoeve, mais la jeune Américaine n’a pas su assez serrer ses courbes, si bien qu’elle a accusé près de trois secondes de débours au vainqueur, glanant une très belle troisième place qui renforce encore son statut de prétendante à une sélection olympique dans cette autre nation si riche en stars. On espérait alors un exploit de Mathieu Billot, auteur d’une première absolument parfaite avec Lord de Muze, son deuxième cheval (!). Au mérite de son chronomètre, il aurait pu finir deuxième - une magnifique performance. Malheureusement, il a renversé le premier obstacle de cette seconde manche et fini à une huitième place qui reste très probante. Pour les États-Unis encore, Laura Kraut avait bien envie de gagner un nouveau Grand Prix avec Baloutinue, qu’elle a racheté voici quelques semaines à Katie et Henri Prudent, après une victoire en CSI 4* à Wellington avec leur fils Adam. Elle-même lauréate d’un CSI 4* à Wellington, elle a ici manqué d’un peu de contrôle pour pouvoir suffisamment serrer ses courbes sans perdre de temps en route. Ce couple des plus prometteurs n’en a pas moins terminé deuxième. Enfin, lui aussi promis à la deuxième place, l’Irlandais Bertram Allen a fauté sur le dernier vertical avec Pacino Amiro, son nouveau crack, vainqueur d’un Grand Prix CSI 5* cet hiver à Wellington, et fini quatrième ici.
Voilà donc la série des grands CSIO lancée de la meilleure des manières. Rendez-vous dès jeudi prochain à Saint-Gall, en Suisse, sans équipe de France mais avec Pénélope et Kevin, puis à La Baule et Sopot les deux semaines suivantes. Le grand sport, le vrai et beau sport, est enfin de retour. Hourra!