“J’essaye de construire quelque chose de viable en restant fidèle à mes valeurs”, Estelle Damians

En s’adjugeant hier le Grand Prix du CSI 2* de Vidauban aux rênes de Félix, Estelle Damians a brillamment confirmé sa progression à ce niveau. Pour sa première victoire internationale, cette amazone, originaire de l’Ain, se voit récompensée d’un travail consciencieux, prônant le bien-être animal et l’honnêteté dans ses relations humaines. À l’aube du décollage de sa carrière, son objectif est d’acquérir de solides bases pour mener au mieux ses projets professionnels.



“Être à l’écoute de mes chevaux, c’est un peu ma priorité”, se confie Estelle Damians. L’état d’esprit de cette jeune amazone de vingt-six ans s’est impeccablement reflété hier dans le Grand Prix 2* de Vidauban avec Félix, un étalon de treize ans. Le Hanovrien, fils de For Edition et d’une mère par Chasseur, est arrivé il y a seulement trois mois dans les écuries de l’amazone, à Villars-les-Dombes, dans l’Ain, et a su se montrer très compétitif face à ses trois autres concurrents lors du barrage du Grand Prix à Vidauban, dans le Var. “Quand il pose un pied sur la piste, c’est pour tout donner”, assure l’Aindinoise, ne manquant pas de louer l’extrême gentillesse de son alezan. “Notre couple s’est formé très rapidement. Il est avec moi à 1000 % et c’est vraiment un très gentil cheval. L’objectif avec lui est d’évoluer dans de belles épreuves, essayer d’aller de plus en plus haut tout en m’assurant qu’il aille bien.”

Cette victoire atteste de la bonne entente du duo, et illustre également un tournant pour la petite-fille de Marc Damians, ancien président de la Société hippique française jusqu’en 2012. Après des classements à l’échelle nationale, dont une flopée de victoires dans des épreuves préparatoires, l’amazone peut être satisfaite de la qualité de son piquet de chevaux. Outre Félix, avec qui elle s’est classée cinquième du Grand Prix le week-end dernier sur la même piste du Sud de la France, D’Orient Batilly (FS, Numero Uno x Quaprice Boimargot Quincy), huit ans, Django de Neveztell (SF, Allegreto x Elan de la Cour), âgé du même âge, et Beaume de Lune (SF, Iowa x Dress Parade), dix ans, s’annoncent prometteurs. “D’Orient est ressorti sans faute de sa première épreuve à 1,45m la veille, Beaume s’est classé cinquième d’une épreuve à 1,45m le week-end dernier… C’était vraiment deux bons week-ends pour toute l’écurie!”

En avril dernier, Beaume s’était classé septième d’une épreuve à 1,40m du CSI 2* de Nancy, puis Django avait occupé la sixième place du Grand Prix du CSI 1* de Bourg-en-Bresse. Quelques semaines plus tard, Félix s’était à son tour emparé de la cinquième place dans une épreuve à 1,45m labellisée 2* à Vidauban, suivi de Beaume, qui a terminé cinquième le jour suivant.



“Je veux vraiment que les choses soient bien faites”

Installée dans sa petite commune d’Auvergne-Rhône-Alpes, Estelle Damians compte également un cinquième cheval, plus jeune, dans son piquet. Son objectif étant de “privilégier la qualité à la quantité”, bien qu’elle souhaite élargir sa capacité d’accueil à l’avenir, l’amazone prend son temps avec ses chevaux et ceux qui lui ont été confiés pour valorisation.

Bercée dans le monde équestre depuis toujours grâce à son grand-père et ses parents, tous deux complétistes dans leur jeunesse, Estelle Damians s’est naturellement tournée vers ce sport après l’obtention de son brevet. Deux ans de correspondance via le Centre national d’enseignement à distance (CNED) plus tard, l’Aindinoise a saisi sa chance à dix-sept ans en intégrant une écurie de haut niveau en Allemagne, auprès de Marco Kutscher chez Ludger Beerbaum, dans laquelle elle s’est formée pendant deux ans. Malheureusement, des problèmes de santé l’ont contrainte à mettre sa passion entre parenthèses pendant trois ans, avant de se décider à reprendre l’écurie de son grand-père, qui comptait quelques boxes. “Forcément, le haut niveau m’attire, mais c’est un long chemin”, raconte la jeune femme. “J’essaie de construire un système viable en restant fidèle à mes valeurs. Ce n’est pas très original, mais elles se fondent avant tout sur le bien-être du cheval et une confiance entretenue avec mes propriétaires. Je veux vraiment que les choses soient bien faites, tant avec les chevaux que les relations humaines. C’est peut-être un chemin plus long à prendre, mais c’est celui que j’ai envie de suivre et de maintenir”, assure-t-elle, un sourire constant dans la voix. Et, comme le lui disait son parrain, Bruno Bouvier, cavalier de concours complet décédé sur une épreuve de cross en mars 2013: “Ne sois pas connue, sois reconnue.”

Étroitement soutenue par sa famille et par sa propre détermination, Estelle Damians vise, à court terme, le CSI 3* de Gorla Minore, qui se tiendra dans deux semaines, avec ses quatre chevaux. D’ici-là, “chaque chose en son temps, ce sont les chevaux qui décideront”.