“Je crois beaucoup aux bienfaits du dressage dans le travail des chevaux de saut d’obstacles”, David Will

Vainqueur du Grand Prix CSIO 5* de Rome lors du dernier week-end de mai avec son hongre de treize ans, C Vier 2, l'Allemand David Will connait une période particulièrement faste sur la scène internationale. Rencontré le week-end dernier à l'occasion du CSI 2* de Fontainebleau Classic, où il était venu préparer quelques-unes de ses montures en vue des échéances à venir, le cavalier a confié son ressenti à l'approche de la sélection olympique et a évoqué les fondements de son système.



Le 30 mai dernier, David will s'est imposé avec C Vier 2 dans le difficile Grand Prix du CSIO 5* de Rome, en Italie.

Le 30 mai dernier, David will s'est imposé avec C Vier 2 dans le difficile Grand Prix du CSIO 5* de Rome, en Italie.

© Sportfot

Comment allez-vous et comment se passe votre week-end à Fontainebleau Classic ? 

Je vais bien et le concours se déroule à merveille! J’ai été ravi de terminer deuxième de l’épreuve qualificative le premier jour et quelques-uns de mes élèves ayant également fait le déplacement à Fontainebleau ont obtenu de bons résultats. Je ne pourrais pas souhaiter mieux! C’est la première fois que je viens concourir au Grand Parquet et je dois dire que je ne suis pas déçu par le lieu. 

Quels chevaux vous accompagnent ? 

Je suis venu avec une jument de neuf ans, Concordia 49 (DSP, Colorit x Cassini 8), qui participe cette année à ses premières épreuves comptant pour le classement mondial. Elle est très en forme en ce moment et me l’avait déjà montré lors de précédents événements. J’ai également emmené un cheval plus âgé, Ted (ZANG, Warrant x Jalisco B), pour courir le Grand Prix du CSI 2* (conclu avec cinq points, ndlr). Il sort d’une courte période de repos et je prévois de l’emmener au CHIO de Rotterdam dans deux semaines. Le CSI 2* Fontainebleau est une sorte de mise en jambe pour nous deux. 

Que retenez-vous de votre expérience au CSIO 5* de Rome ? 

C’était absolument incroyable! Ce concours est très spécial, notamment de par son histoire et je pense qu’il fait partie des plus beaux évènements équestres au monde. Le site est fantastique et la ville de Rome est un pur plaisir à visiter. Gagner un Grand Prix 5* là-bas était un moment unique à vivre. 

Pouvez-vous parler de votre association avec C Vier 2 (HOLST, Cardento x Concorde), le cheval qui vous y accompagnait ? 

Nous évoluons ensemble depuis moins d’un an, mais je le connais depuis longtemps. Janine Rijkens, la fille de son éleveur, qui est également sa propriétaire, l’a monté jusqu’en été 2020. J’ai eu l’occasion de le voir souvent sous sa selle, jusque dans des épreuves de niveau CSI 4*, dans lesquelles il alignait les parcours sans-faute. Il s’est toujours montré performant et très régulier. Aujourd’hui, Janine ne monte plus beaucoup à cheval et comme nous nous connaissions et que j’avais déjà monté des chevaux de son père, elle m'a confié C Vier. C'est un cheval très respectueux, et comme de nombreux cracks, il a une excellente tête et cherche toujours à bien faire. 

Lors de la conférence de presse qui a suivi votre victoire à Rome, vous aviez été interrogé au sujet de l’éventuel impact de celle-ci sur votre place dans la course pour les Jeux olympiques de Tokyo. Vous aviez répondu que s’il n’avait pas été question pour vous de disputer un championnat jusqu’alors, cette possibilité n’était plus à exclure. À quelques semaines de l’échéance, dans quel état d’esprit êtes-vous ? 

Tout comme la France, l’Allemagne dispose de nombreux excellents cavaliers et de plusieurs couples performants. Pour le moment, il existe une liste de sept ou huit cavaliers pouvant être sélectionnés pour les Jeux olympiques, dont je fais partie. Au sein de ce groupe, quelques couples sortent du lot parce qu’ils ont eu davantage l’occasion de faire leurs preuves au cours des derniers mois. C Vier 2 est actuellement mon meilleur atout et il est infatigable. À Rome, il a couru l’épreuve à 1,50m le premier jour, puis a sauté dans les deux manches de la Coupe des nations le samedi. Malgré cela, c’est le dimanche, dans le Grand Prix, qu’il s’est montré le plus en forme. Il ne fait que s’améliorer jour après jour et a montré de très bonnes choses depuis qu’il est arrivé dans mes écuries. Je pense qu’il est l’un des meilleurs chevaux du moment. De ce fait, selon moi, nous devrions aller à Tokyo (rires). Mais comme je l’ai dit, la concurrence est rude et la décision que devra prendre Otto Becker (le sélectionneur de l’équipe allemande, ndlr) ne sera pas aisée.



“Mon fonctionnement a forcément été influencé par le système traditionnel germanique”

Les championnats d’Europe de Riesenbeck, qui se tiendront début septembre, sont-ils dans votre viseur ? 

Je dirais même que j’ai encore plus de chances de participer à ces championnats que d’aller à Tokyo. Mais ce n’est pas encore pour tout de suite, il reste quelques étapes avant cela. Les difficultés liées à la situation sanitaire cette année ont rendu le calendrier de compétition particulièrement intense à cette période, avec des échéances peu espacées. Plusieurs évènements importants sont à venir : il y a les Jeux olympiques, la finale du circuit Coupes des nations, les championnats européens qui se tiendront, pour nous, à domicile, et le CHIO d’Aix-la-Chapelle, dans la foulée. Cela fait beaucoup de rendez-vous majeurs à peu de temps d'intervalle, mais aucun qu’on ne voudrait manquer. 

Faire partie d’une nation qui compte autant de très bons cavaliers dans ses rangs est-il pour vous un facteur motivant ? 

Oui, absolument. Je pense que tous les sportifs fonctionnent ainsi. J’aime réellement la compétition, car cela nous incite à toujours vouloir faire mieux et à repousser nos limites. Personnellement, cela me stimule et je ne voudrais pas qu'il en soit autrement. 

Comment décririez-vous votre système ? 

Ayant toujours été entraîné en Allemagne, mon fonctionnement a forcément été influencé par le système traditionnel germanique. Par exemple, je crois beaucoup aux bienfaits du dressage dans le travail des chevaux de saut d’obstacles. J’essaye de les entraîner de manière à pouvoir en tirer le meilleur en temps voulu et n’aime pas avoir à faire trop de compromis sur la précision. Je veux pouvoir les amener exactement où je le souhaite pour leur permettre de sauter dans les meilleures conditions possibles. Je pense que c’est un élément important pour qu’ils puissent donner le maximum en compétition. 

J’ai commencé à développer ma propre activité il y a trois ans, mais avant cela, j’ai passé dix ans aux côtés de Dietmar Gugler, un entraîneur très réputé en Allemagne. Lui aussi croit dur comme fer aux bénéfices que peut apporter le système allemand, mais surtout dans le fait de s’en inspirer dans le cadre d’une approche plus flexible et nuancée. Cela revient un peu à mélanger les influences de l’équitation allemande, française ou américaine. Je pense que c’est ce qui fait un bon cavalier, lorsque l’on peut obtenir du cheval qu’il soit dressé avec précision, tout en faisant en sorte de conserver une équitation légère. Mes deux parents étant moniteurs d’équitation, j’ai acquis toutes les bases à leurs côtés. Mon père était un cavalier plutôt tourné vers le saut d'obstacles, tandis que ma mère avait un penchant pour le dressage, ce qui était pour moi un excellent entre-deux. J’ai beaucoup appris auprès d’eux et ils ont contribué à façonner le cavalier que je suis devenu plus tard. Lorsque j’ai décidé de faire du sport mon métier, j’ai d’abord été travailler dans une écurie de dressage, chez un excellent cavalier qui pratiquait également le saut d’obstacles jusqu’à 1,50m. L’objectif était alors de parfaire mes acquis grâce au travail sur le plat. Je dois dire que j’ai beaucoup appris pendant cette période. C’est grâce à cela que j’ai ensuite eu la chance d’intégrer les écuries de Dietmar Gugler, qui était à l’époque l’entraîneur national des Juniors et des Jeunes Cavaliers, avec lesquels il a d'ailleurs eu beaucoup de succès. Cette période correspond au passage d'un réel cap pour moi et m’a permis de participer à mes premiers concours nationaux, avant de progresser jusqu’à atteindre le haut niveau.