“Tout va bien, il n’y a rien de grave”, Kevin Staut

Au lendemain de l’officialisation de la fin de son partenariat avec le haras de la Chesnaye de Grégoire Oberson, Kevin Staut tient à rassurer ses supporters et ceux qui s’inquiéteraient pour la suite de sa carrière. Selon lui, ce n’est qu’une étape dans la transition qu’il a entamée en fin d’année dernière en s’installant dans ses propres écuries à Pennedepie, entre Deauville et Honfleur. Sans Edesa’s Cannary et les autres chevaux stationnés chez le marchand suisse, et en attendant de pouvoir annoncer de nouvelles collaborations, le Normand mise sur l’expérimenté For Joy van’t Zorgvliet*HDC, qui reprend la compétition ce week-end à Deauville, Viking d’la Rousserie, crédité de très belles performances cet hiver à Doha, et Calevo 2, auteur de débuts prometteurs sous sa selle. Ce matin, il a répondu aux questions de GRANDPRIX.



Dans quel état d’esprit êtes-vous vis-à-vis de la fin de votre partenariat avec Grégoire Oberson?
À mon sens, même si elle est un peu prématurée, pour les raisons que Grégoire a exposées, c’est une suite logique dans la période de construction de mon projet dans mes écuries familiales. Mon objectif a toujours été de le faire selon mon propre système, mon idéologie et mon rythme (lire le long entretien de Kevin paru en février dans le numéro 103 du magazine GRANDPRIX). Ce que Grégoire m’a proposé a été génial dans la mesure où les chevaux qu’il m’a confiés, notamment les plus expérimentés (Edesa’s Cannary et Lorenzo, ndlr), m’ont permis d’assurer une transition et de demeurer au plus haut niveau. Étant en train de bâtir une très grosse structure à la Chesnaye, il aurait aimé pouvoir compter davantage et à plein temps sur moi, ce que je peux comprendre mais qui n’est pas compatible avec la priorité que je veux donner à mon projet tourné vers le sport. Pour autant, je reste persuadé que le sport et le commerce doivent se nourrir l’un l’autre, et que nous, cavaliers, devons travailler main dans la main avec des éleveurs et marchands. Il n’y a donc rien de grave dans ce qui se passe actuellement. Tout va bien. Je ne retiens que du positif de notre collaboration et je suis heureux, serein et plus motivé que jamais.
 
Vous perdez tout de même Cannary, que vous avez monté jusqu’à la finale de la Coupe du monde début avril à Göteborg. Cette séparation est-elle liée à vos résultats en Suède, qui ont été en-dessous des attentes?
Non, absolument pas. J’ai senti dès le premier jour que Cannary n’était pas comme d’habitude. Il n’y avait rien de grave, mais nous avons découvert en rentrant qu’une petite chose n’allait pas. Cela peut arriver. En tout cas, cela n’a nullement remis en cause les qualités techniques, les moyens et les capacités de ce cheval à s’illustrer en championnats, ce qui est essentiel. J’aurais bien aimé le conserver plus longtemps, parce qu’il est prêt, mais ce n’est pas la fin du monde. Et à présent, l’objectif de Grégoire et Eddy Sepul, son propriétaire, va être de le vendre, ce qui est normal.
Et surtout, je ne suis pas à pied. Pour le grand sport, je peux compter sur For Joy van’t Zorgvliet*HDC, qui reprend la compétition ce week-end à Deauville, Viking d’la Rousserie, qui va reprendre après une petite pause, que je suis très heureux de monter et qui laisse entrevoir un grand potentiel, ainsi que Calevo 2, un très bon fils de Casall qui me plaît beaucoup. Son propriétaire polonais, Dariusz Slupczynski, est très enthousiaste et motivé.
 


“La compétition et les résultats sont les seules vérités qui comptent”

 
Dimanche, on a appris qu’Ayade de Septon*HDC passait sous la selle de Valentine Delaveau, la fille de Patrice. Comprenez-vous cette décision?
On ne m’a pas demandé mon avis mais je pense que c’est le meilleur choix possible. Il était prévu avec Armand et Emmanuèle Perron-Pette de trouver une solution pour offrir une chouette fin de carrière à cette très bonne jument. Ayade est si généreuse qu’elle le mérite, d’autant qu’elle est encore en parfaite santé et pleine d’envie de sauter.
 
Vos écuries se sont-elles remplies depuis le début de l’année?
Oui et je suis même en train de faire construire six nouveaux boxes pour en avoir quatorze en tout. Depuis des mois, je suis allé à la rencontre d’un maximum de professionnels, notamment d’éleveurs normands, pour leur exposer ma vision des choses et entamer de nouvelles collaborations. Je ne veux rien officialiser tant que tout n’est pas décidé, mais les perspectives sont très positives. Je devrais prochainement engager de nouveaux chevaux de huit ans et plus en compétition.
J’aspire également à œuvrer plus étroitement avec Frédéric Bouvard, un ami de quinze ans dont j’apprécie vraiment beaucoup l’œil et la manière de travailler, y compris sur le plan commercial. Cela fait longtemps que nous avons envie de collaborer plus sérieusement ensemble et nous allons désormais pouvoir le faire. J’ai aussi beaucoup de plaisir à travailler avec la famille Baldeck. Aujourd’hui, c’est Maxime, le petit-fils de Monsieur (Pierre, ndlr) qui reprend les choses en main. Je l’ai connu tout petit quand je travaillais chez son grand-père et j’ai vraiment appris à le connaître depuis le début de l’aventure avec Viking. C’est un jeune qui sait de quoi il parle mais qui n’est pas pollué par le système et qui porte un regard très positif sur le sport et les chevaux.
Et à Pennedepie, je travaille toujours avec Hugo Paris, mon cavalier, qui est tout aussi motivé que moi, de même que toute mon équipe.
 
Quid de l’équipe de France pour cette année?
J’aspire toujours à en faire partie. Penser l’inverse serait mal me connaître. Pour cela, je dois redevenir bon dans un système sain et pérenne. La compétition et les résultats en piste sont les seules vérités qui comptent dans notre sport. Cela ne m’inquiète pas, c’est ma vie depuis quinze ans. À moi d’être bon et performant avec les chevaux des propriétaires qui font ou feront confiance à mon système, mon rythme et mon état d’esprit.