“Revenir d’Oliva avec un bon classement, ce serait le summum”, Fleur Weijkamp
Fleur Weijkamp, quatorze ans, s’apprête à vivre ses premiers championnats d’Europe Enfants dès le 5 juillet à Oliva, en Espagne. Sacrée championne de France Minimes en octobre dernier avec Don Amour de Hus, ancienne monture de sa coach Alizée Roussel, la jeune amazone franco-néerlandaise est revenue avec bonne humeur sur cette sélection, son histoire avec “Choupi”, son alezan brûlé ainsi surnommé, mais également sur le reste de son écurie, composée notamment des poneys Orchard NL et Dragon Ball de Mel, et sur ce que Jean-Luc Force et Imke Schellekens-Bartels lui ont apporté.
Quelle est votre réaction après votre première sélection avec Don Amour de Hus (Old, Don Primero x Rohdiamant) en équipe de France, pour les championnats d’Europe Enfants?
Je suis à la fois étonnée et très contente de participer à ce championnat d’Europe. Il y a un an, je n’aurais jamais imaginé être là où j’en suis aujourd’hui, ni d’avoir autant évolué avec un cheval que je n’aurais jamais imaginé monter ! Don Amour appartient à ma coach (Alizée Roussel, ndlr), qui me l’a confié une semaine avant les championnats de France au Mans, en octobre 2020. Je l’ai monté trois fois avant et j’ai gagné (en catégorie Minimes, ndlr) ! Forcément, j’étais surprise de remporter le titre, surtout que certains concurrents étaient partis aux championnats d’Europe cette année-là… À la suite de cela, Muriel Leonardi (chef d’équipe pour les Poneys, Enfants, Juniors et Jeunes Cavaliers, ndlr) m’a détectée, et nous avons pris part à notre premier stage fédéral ensemble en février dernier. Tout s’est bien passé, et Muriel Leonardi s’est également déplacée dans les écuries de ma coach en mars ou avril. Il y avait déjà une belle évolution, puis est venu un nouveau stage fédéral, cette fois au Mans, sur deux jours en mai. Nous avons fait notre retour en compétition début juin, après plus de cinq mois d’arrêt, à Mâcon. Tout s’était extrêmement bien passé le premier jour, j’étais un peu déçue des points mais nous avons tout de même terminé troisième, avec plus de 74%. Le lendemain, j’avais moins bien monté mais nous avons gagné, contre toute attente ! Ce bon résultat m’a amené à être sélectionnée pour le CDI du Mans, où j’ai terminé deuxième, quatrième puis première le dernier jour.
Comment abordez-vous cette compétition, qui sera seulement votre deuxième apparition internationale?
Nous nous entraînons deux à trois fois par semaine, car mon cheval n’est pas chez moi. Je suis en pleins préparatifs, avec notamment des recherches de sponsors, et nous remplissons les papiers liés aux protocoles sanitaires concernant la rhinopneumonie et la Covid-19. Le voyage, qui sera long, demande aussi beaucoup de préparation.
Avez-vous des objectifs particuliers pour ces championnats?
Il s’agira de se faire plaisir et de prendre l’expérience. Mais j’espère aussi réussir une belle performance et revenir d’Oliva avec un bon classement, ce qui serait le summum !
Don Amour de Hus est toujours dans les écuries d’Alizée Roussel, non loin d’Angers. Comment vous organisez-vous?
Il est à une heure et demi de chez moi, je fais donc les allers et retours, ce qui fait beaucoup de route ! (Rires) Mais cela ne m’empêche pas d’y aller toutes les semaines avec ma mère, et nous restons parfois deux jours. Parfois, j’y vais seule également, plus longtemps. Par exemple, avant le CDI du Mans, nous avons fonctionné comme cela pour que je puisse le travailler plusieurs jours d’affilée. Ce choix est celui d’Alizée, qui ne se voit pas vivre sans Choupi (le surnom de Don Amour, ndlr), et inversement. Tous deux ont une relation particulière et sont très complices. C’est un cheval plutôt introverti, spécial. Il est aussi extraordinaire, il n’y en a pas deux comme lui ! Du côté de ses qualités, il très gentil et connaît les mouvements du Grand Prix par cœur, c’est à moi de bien lui indiquer ce que je souhaite. Il a trois très bonnes allures, c’est un amour, on peut dire qu’il porte bien son nom. Choupi, c’est la star des écuries !
C’est d’ailleurs un cheval que vous rêviez de monter depuis votre plus jeune âge…
Je m’entraîne avec Alizée depuis j’ai sept ans, ce qui fait un petit bout de temps maintenant, et lui était déjà dans ses écuries. Dès que je l’ai vu, j’ai rêvé de pouvoir le monter. C’est Choupi ! Il a sa porte de box ouverte toute la journée, ma coach lui a appris à dire “s’il te plaît”, donc il lève l’antérieur pour avoir un bonbon… Il est vraiment formidable.
“En deux séances avec Jean-Luc Force, Orchard NL a été métamorphosé”
Justement, comment avez-vous fait la rencontre d’Alizée Roussel et que vous apporte-t-elle?
Ma mère a pris des cours avec elle après le décès de Patrick Le Rolland (survenu en août 2014, ndlr). Nous nous sommes rapprochées au fur et à mesure, puis j’ai commencé à prendre des cours, à débuter en compétition en Poney 2, et elle m’a vu évoluer d’année en année. Notre relation s’est construite peu à peu. Elle m’a enseigné le respect des chevaux mais aussi la persévérance. Ce n’est pas toujours facile, il y a des moments où cela va moins bien. Il faut croire en ses rêves!
Vous êtes entourée par une équipe d’entraîneurs solide, puisque vous bénéficiez également de l’aide de Marina Caplain Saint-André…
J’ai moins eu de temps pour travailler avec elle ces derniers temps, car Marina m’entraîne avec mes poneys. Je compte bien y retourner cet été après les championnats d’Europe.
Vous êtes la propriétaire d’un poney, Orchard NL (Welsh part-bred, Brouwershaven Diamond Hit x Orchard Red Prince), avec lequel vous évoluez en As Poney Élite. Envisagez-vous de participer une fois à des championnats d’Europe Poneys?
J’aimerais bien, car je dispose de deux poneys prêts pour le niveau Grand Prix. Il y a donc Orchard NL, qui a neuf ans, ainsi que Dragon Ball de Mel (PSF, Aron N x Kiss Me de Villée), qui appartient à Caroline Grou et qui m’a rejoint mi-novembre. Nous avons pris part à notre premier concours ensemble fin mai, et les sensations étaient très bonnes. Il a gagné l’Amateur 2 Préliminaire et a terminé troisième de l’Amateur 2A. Cela correspond à peu près aux figures de l’As Poney Élite. Il doit prendre de l’expérience car il est peu sorti, mais connaît les mouvements et je souhaite concourir avec lui sur le circuit Poneys si des épreuves sont au programme. Au départ, l’objectif était de le valoriser, mais cela a, depuis, un peu évolué. Nous allons le garder pour voir où l’avenir nous mène. En fonction des résultats, nous aviserons, sachant qu’il me reste encore deux ans pour courir les épreuves Poneys (ouvertes aux cavaliers de seize ans et moins à l’international, ndlr).
Vous avez également été conseillée par Jean-Luc Force, cavalier de complet et ancien écuyer du Cadre noir de Saumur, ainsi qu’Imke Schellekens-Bartels, cavalière olympique de dressage néerlandaise…
Jean-Luc Force m’a aidé avec Orchard NL. Avant d’être avec moi, il a été monté par Alizée Roussel à quatre ans, avec laquelle il a été sacré champion de France. Il a ensuite été mis au repos, castré, et a rejoint une autre cavalière professionnelle. Il n’a pas pu terminer son championnat de France à six ans car elle s’est blessée, puis je l’ai récupéré. Nous sommes sortis en Amateur 3, mais il était assez craintif : il avait peur d’un pot de fleur, d’une cabane… Au début, je faisais neuf écarts dans une reprise ! Nous sommes donc allés voir Jean-Luc Force pour le désensibiliser. En deux séances, il a été métamorphosé, et nous nous sommes imposés avec plus de 70%. Qui l’aurait cru ? Ce n’était pas gagné ! En 2020, nous avons ensuite pris part à trois TDA (tournées des As, ndlr) avec de beaux résultats à la clé, avant que la Covid-19 ne vienne bouleverser tout cela.
Début octobre 2020, nous sommes ensuite allés une semaine en stage chez Imke Schellekens-Bartels. J’ai beaucoup modifié ma manière de monter, elle m’a faite évoluer. J’ai vécu une super semaine, la meilleure de ma vie ! Nous avons énormément appris et sommes revenus grandis, autant le poney que moi. Il y a eu des cours de sport, des exercices pour travailler son équilibre sur une chaise par exemple, et nous avons assisté à un cours que lui a donné sa mère, Tineke Bartels. C’était enrichissant.
“Je ne m’imagine pas évoluer dans le milieu équestre à plein temps”
Vous montez à cheval depuis votre plus tendre enfance. Envisagez-vous déjà d’en faire votre métier?
J’aimerais beaucoup continuer dans le milieu équestre, mais je ne m’imagine pas y évoluer à plein temps. J’aurais sûrement un métier en parallèle, mais je ne sais pas encore lequel. J’avais en tête d’être avocate, mais maintenant je n’en ai plus trop envie, puis ce sont des études très prenantes. Donc pour l’heure, rien n’est défini.
Quelles sont vos ambitions sportives à moyen et long terme?
Continuer sur le circuit Jeunes et sortir en épreuves Jeunes Chevaux. J’ai une jument de trois ans, débourrée, qui m’appartient en partie avec mon grand-père, ainsi que deux pouliches de deux ans, qui sont encore au pré, afin de préparer l’avenir.
Comment vous organisez-vous au quotidien entre toutes vos montures et votre scolarité?
Je suis scolarisée à distance, au CNED, depuis cette année. La première partie de la journée est consacrée aux études et la seconde aux poneys et chevaux. Je m’organise bien maintenant, même si c’était plus compliqué au début, le temps de se mettre dans le bain. J’ai de bons résultats scolaires, ce qui satisfait ma mère. Tout est bien rodé, j’ai fini l’école il y a deux semaines (entretien réalisé le 24 juin, ndlr). Je continuerai ainsi l’année prochaine.