“Je suis très fier d’être sélectionné pour Oliva car j’ai peu concouru avec Favian WH”, Yoann Bourguine

Yoann Bourguine, dix-huit ans, vivra sa première sélection en équipe de France à Oliva, pour les Européens Jeunes Cavaliers. Ce cavalier discret, qui s’entraîne avec Ludovic Martin au Domaine équestres des Grands Pins, dans le Var, est revenu sur son histoire avec Favian WH, qui l’accompagnera en Espagne, ainsi que sur son état d’esprit à quelques jours du début de la compétition. Travailleur et les pieds sur terre, l’étudiant en droit a évoqué ses inspirations musicales parfois surprenantes pour sa Libre, son rythme de vie soutenu et ses rêves de Jeux olympiques. 



Comment réagissez-vous à votre première sélection en équipe de France avec Favian WH (KWPN, Zizi Top x Roman Nature), pour les championnats d’Europe Jeunes Cavaliers qui se tiendront à Oliva dès le 5 juillet?

Je suis déjà très fier, car j’ai peu concouru avec ce cheval, et seulement lors de deux CDI. Ces derniers se sont d’ailleurs bien déroulés. Je remercie le staff fédéral de m’avoir sélectionné, car une personne beaucoup plus expérimentée que moi aurait pu être choisie. Après mes récents résultats, ils me font confiance et je n’ai pas envie de les décevoir. 

Favian WH est un étalon de onze que vous avez acquis grâce aux écuries Pamfou Dressage en 2020. Que pouvez-vous nous dire à son sujet? 

Je me suis renseigné auprès d’eux car je recherchais un nouveau cheval. Nous leur avons fourni un cahier des charges précis. Nous sommes allés voir Favian WH aux Pays-Bas, dans les écuries de Brecht d’Hoore (cavalier belge sous la selle duquel il a pris part aux championnats du monde de Verden à sept ans, ndlr). J’avais un peu d’appréhension car il était entier, c’était une première pour moi. Lors de l’essai, je l’ai monté en filet simple, ce qui ne m’avait pas spécialement rassuré non plus. C’était à côté d’un paddock, où il y avait des juments. Il n’a pas du tout chauffé, la séance s’était très bien déroulée. Camille (Judet-Chéret, ndlr) et Corentin (Pottier, ndlr) ont visé dans le mille, car Favian a le gabarit et la locomotion que j’aime. Il était tellement sage qu’à la fin, j’avais oublié que c’était un étalon. Je l’ai marché rênes longues, comme si c’était un hongre, et tout le monde me regardait avec des grands yeux ! En termes de qualités, il a un très bon rassemblé au galop. Il exécute très bien les appuyers et les pirouettes au galop, et j’ai d’ailleurs récolté des 8,5 et des 9 sur ce mouvement lors de ma Libre au CDI du Mans. À l’inverse, au trot, il manque un peu de rassemblé, et nous travaillons à rectifier cela pour les championnats d’Europe. Même s’il nous reste peu de temps, je pense que cela devrait le faire. 

Comment abordez-vous cette compétition après une préparation bouleversée par la pandémie de Covid-19 et l’épizootie de rhinopneumonie? 

Je me sens assez confiant et je me dis que, si j’ai été sélectionné, c’est que je le mérite. Bien sûr, je risque d’avoir un peu d’appréhension au tout début des championnats, mais quand je serai à cheval, que je découvrirai comment tout fonctionne, le stress s’en ira et je pourrai faire mon travail. Jusqu’au départ, nous allons donc essayer de travailler sur nos points faibles pour régler certaines choses, sans néanmoins trop lui en demander, pour éviter tout risque de blessure. Nous répéterons encore un peu les reprises, et faire comme si c’était un concours international lambda.

Avez-vous des objectifs particuliers? 

L’objectif est de prendre de l’expérience mais aussi de se faire plaisir, il s’agit de ma première sélection donc c’est quand même quelque chose! J’aimerais bien atteindre la barre des 70%, sur la reprise par équipes, mais également les autres. Avec Mado (Pinto, ndlr), Arthur (Barthel, ndlr) et Alexandre (Chéret, ndlr), qui sont habitués à ce type d’échéance, nous avons une équipe solide et cela serait super d’atteindre une bonne moyenne d’équipe. C’est un avantage de partir avec ces cavaliers, qui vont très certainement beaucoup m’aider là-bas. 



“Je surnomme Favian le mastodonte ou le tank, car il a ce côté très imposant”

Yoann Bourguine et Favian WH à la remise des prix au Mans fin juin.

Yoann Bourguine et Favian WH à la remise des prix au Mans fin juin.

© Collection privée

Pour votre dernier concours avant de partir en Espagne, vous vous êtes imposés dans la Libre du CDI Jeunes Cavaliers du Mans. Cela met-il en confiance? Quel est la thématique de votre Libre? 

Oui, cette victoire met en confiance, mais rien n’est acquis. Concernant les musiques qui composent ma Libre, j’ai choisi Harry Potter au trot, des passages assez rythmés. Il y a également une scène dont l’arrangement musical est une valse à quatre temps, et comme Favian a un pas lourd et imposant, cela lui va bien. Enfin, pour le galop, c’est une musique assez atypique, que je n’ai jamais entendue ailleurs. Elle est tirée d’un film japonais, Ruroni Kenshin, ce qui donne quelque chose de surprenant. Il a de grandes foulées et cela colle parfaitement avec son caractère. Je le surnomme d’ailleurs le mastodonte ou le tank, car il a justement ce côté très imposant, comparé au cheval que j’avais précédemment!

Avec qui vous entraînez-vous? 

Je m’entraîne depuis plus d’un an avec Ludovic Martin, au Domaine équestre des Grands Pins. J’ai énormément progressé depuis, donc je suis ravi. J’ai notamment amélioré mon équitation, j’ai par exemple essayé de plus relever la tête. Il m’a beaucoup apporté, tant en préparation mentale que sur la manière d’aborder les épreuves. Par exemple, nous avons essayé, lors du tour que l’on effectue autour du rectangle avant d’y entrer, de réaliser des extensions d’encolure avec mon cheval, pour libérer son dos. Il m’a également aidé sur l’approche du cheval, et j’ai beaucoup appris grâce à lui. 

Je prends des cours avec Ludovic Martin trois à quatre fois par semaine, et il monte aussi mon cheval pour me montrer ce que je dois obtenir. Il y a une journée où je vais juste marcher, me balader tranquillement, pour qu’il puisse s’aérer l’esprit. Je veux éviter d’être tout le temps en carrière, que mon cheval soit bien dans sa tête pour éviter qu’il n’explose de l’intérieur et continue de performer en compétition.

Disposez-vous d’autres chevaux dans votre écurie, en plus de Favian WH? 

Il y a Tilou de Marault (SF, Opium de Talma x Nimbus IV), mon premier cheval, que j’ai eu à l’âge de onze ans. C’est lui qui m’a forgé, mais il s’est malheureusement blessé et a été mis très tôt à la retraite. Il est toujours là, nous nous occupons de lui, le mettons au pré, je pense vraiment qu’il a la belle vie! J’ai également un deuxième cheval, First Favorite (Old, Furstentraum x Don Larino), avec lequel j’ai concouru juste avant d’avoir Favian. Grâce à lui, j’ai été sacré vice-champion de France chez les Cadets en 2017. Nous commençons à instaurer quelques mouvements de Grand Prix, comme les changements de pied aux deux temps. Nous essayons de nous rapprocher de ce niveau, mais pour me faire plaisir car il n’y a pas d’objectifs sportifs définis. Favian reste mon cheval de concours. 

First Favorite a quatorze ans et vous a permis de concourir pour la première fois à l’international chez les Juniors. Retrouvera-t-il la compétition?

Même moi je ne sais pas. J’aimerais bien présenter quelques reprises à nouveau pour voir comment il se comporte lorsque tous les éléments s’enchaînent. Mais il pourrait être un bon maître d’école pour ceux qui veulent vraiment apprécier le dressage. 



“À la base, je voulais juste être un cow-boy !”

Comment avez-vous découvert les chevaux? 

Comme beaucoup de jeunes filles, ma mère est montée à cheval lorsqu’elle était adolescente, avant d’arrêter. Et moi, à la base, je voulais juste être un cow-boy! (Rires) Je me suis vite rendu compte que cela allait être compliqué, mais j’ai quand même continué car j’appréciais les chevaux. Comme les aigles royaux ou les lions, ce sont des animaux très majestueux. 

Vous avez fait vos premiers pas en compétition en hunter et en obstacles, avant de vous tourner vers le dressage. Pourquoi avoir fait ce choix?

Je ne saurais pas forcément l’expliquer, mais j’ai toujours apprécié le dressage. C’est une discipline classe, où le cheval est plus mis en avant. Le saut d’obstacles est plus spectaculaire, alors que le dressage est, selon moi, plus dans la profondeur, dans le travail du cheval. Il est possible de prendre un jeune cheval, le débourrer et lui inculquer les mouvements, une certaine aisance technique. J’ai toujours apprécié le côté méthodique, carré, du dressage et, personnellement, je trouve qu’une reprise est plus belle à regarder.

Quelles sont vos ambitions sportives à moyen et long terme? 

J’aimerais continuer avec Favian WH sur le circuit Jeunes Cavaliers, puis en U25 et pourquoi pas ensuite tenter le Grand Prix. Éventuellement aussi avoir un autre cheval, et s’il est assez bon et que je travaille bien, tenter de participer aux Jeux olympiques. 

Comment gérez-vous entraînements, compétitions et études? 

Je suis étudiant en licence de droit à l’université de Toulon. J’avais souvent des cours entre 8h et 19h. J’allais voir mes chevaux ensuite, donc je rentrais vers 22h, le temps de manger il était 23h. Je révisais encore, et tous les jours ressemblaient à cela. Heureusement, j’ai obtenu un aménagement de mon emploi de temps, grâce à mon statut de sportif de haut niveau. Cela m’a bien aidé. Pour réussir à tout faire, je dois être organisé. Il ne faut pas négliger ni les études, ni l’équitation. Je donne mon maximum pour les deux. Pour moi, c’est important d’avoir un plan B, si le sport ne se passe pas comme prévu, mais j’essaie de mener à bien mon plan A, d’obtenir un Master et de voir comment tout va se dérouler. C’est un rythme de vie assez soutenu. 

Vous êtes un cavalier très discret, pas présent sur les réseaux sociaux, contrairement à de nombreux jeunes à notre époque. Pourquoi? 

Je devrais me créer un compte Facebook ou Instagram. Mais je n’y ai jamais vraiment pensé, ni eu le temps de me consacrer à cela. Naturellement, je suis discret et réservé, j’ai tendance à ne pas aller vers les autres et à rester concentré. Je sais que j’ai une marge de progression à ce sujet. Malgré cela, j’ai des sponsors qui m’accompagnent. Ouvrir une page pour les remercier de leur soutien, au quotidien et en compétition, serait une bonne chose. Je le ferai certainement prochainement. Cette sélection aux championnats d’Europe est une bonne opportunité pour développer cela. Et je pourrais demander des conseils à Mado Pinto, ou Mathilde Juglaret, qui sont bien rodées à ce sujet. 

J’en profite pour remercier Pamfou dressage, Camille et Corentin de m’avoir aidé à trouver Favian WH, que j’adore. Un grand merci également à Ludovic Martin, qui m’entraîne et m’aide tous les jours pour tirer le meilleur de mon cheval, et de moi. Enfin, le Domaine équestre des Grands Pins me permet de bénéficier d’excellentes installations, tout se passe bien et je suis ravi.