“C’est un bonheur de représenter la France et nous allons donner le meilleur de nous-mêmes”, Maud Hebras
Maud Hebras représentera la France avec Senorita Rosa à l’occasion des championnats d’Europe Juniors de dressage, qui débuteront la semaine prochaine à Oliva, en Espagne. L’amazone de seize ans y vivra sa deuxième sélection tricolore, après une échéance continentale chez les Enfants en 2019. Celle qui s’entraîne en Haute-Vienne, au sud de Limoges, est revenue sur son état d’esprit à quelques jours de cette échéance, son plaisir à pratiquer le jumping en parallèle et son admiration pour le complétiste Thibault Fournier, installé pendant quatre ans dans ses écuries et de retour en compétition après un lourd accident.
Comment réagissez-vous à la suite de votre première sélection en Juniors pour les championnats d’Europe, avec Senorita Rosa (Old, Sandro Hit x Rohdiamant), après avoir été membre de l’équipe de France Enfants en 2019 ?
Je suis vraiment très heureuse de cette sélection. J’ai beaucoup travaillé pour en arriver là. C’est un bonheur de représenter la France en championnat et, avec ma jument, nous allons essayer de donner le meilleur de nous-mêmes.
Comment abordez-vous cette compétition après une préparation bouleversée par la pandémie de Covid-19 et l’épizootie de rhinopneumonie ? Avez-vous des objectifs particuliers ?
C’est vrai que ces championnats risquent d’être compliqués. Cela fait peu de temps que je suis associée à ma jument. Le manque de compétition nous prive de certaines informations. Malgré tout, j’aborde assez bien cette échéance car je sens que nous sommes prêtes. J’espère que tout se passera bien, et je pars dans une bonne optique. En termes de points, je ne peux pas trop définir un objectif de pourcentages car nous avons manqué de concours. Sur ce point, nous sommes tous logés à la même enseigne dans l’équipe. Bien sûr, j’espère obtenir le score le plus élevé possible, mais je verrai bien comment cela se passera. Nous allons nous préparer et faire notre maximum.
Vous serez accompagnée de Senorita Rosa, dix ans, une jument avec laquelle vous avez effectué votre première compétition il y a un an. Que pouvez-vous nous dire à son sujet ?
Je l’ai accueillie dans mes écuries en mars 2020. Je suis allée l’acheter en Allemagne. Nous nous sommes tout de suite bien entendues, un vrai coup de cœur ! Trois semaines après l’essai, elle était à la maison. Avec le premier confinement, nous avons eu du temps pour apprendre à nous connaître. Cela a été une bonne chose. Entre la rhinopneumonie (équine de type HVE-1, ndlr) et la Covid-19, nous avons passé beaucoup de temps à la maison ! Cela m’a aussi aidée pour savoir l’écouter, comprendre son fonctionnement. Tout est encore perfectible, même si je la définis comme ma jument de cœur et qu’à mes yeux, elle est parfaite ! Sur le rectangle, elle est d’un caractère calme et serein. Pour moi, c’est un avantage.
Avec qui vous entraînez-vous et comment préparez-vous ces championnats ?
Je m’entraîne avec Muriel Leonardi, mais nous habitons à trois cents kilomètres l’une de l’autre, ce qui n’est pas simple. Heureusement, nous bénéficions de solutions d’entraînement en visio, ce qui nous aide beaucoup. Et une fois par mois, elle vient le temps d’un week-end pour un stage. Cela me permet donc d’avoir un suivi régulier. Les quelques jours avant le départ pour l’Espagne seront surtout consacrés aux préparatifs et au maintien de ma jument dans le même rythme que depuis le début de la saison. Je ne vais pas changer grand-chose à ma façon de travailler ; ce serait trop tard de toute manière ! L’idée est d’aborder le championnat comme un concours lambda, pour ne pas se mettre trop de pression. Nous allons travailler tranquillement, tant sur nos défauts que nos qualités, sans que ce soit plus intense pour que ma jument soit dans des conditions optimums pour espérer un bon résultat.
“Le saut d’obstacles me permet de me vider la tête”
Pourquoi n’avez-vous pas conservé Chicco (KWPN, Tuschinski x Uddel), qui vous a accompagnée aux championnats d’Europe Enfants en 2019 à San Giovanni in Marignano ?
Je n’ai pas voulu le conserver car je suis entrée en Seconde générale, que j’ai également une jument d’obstacle et que travailler trois chevaux représentait trop de travail. Avec les études, mes parents et moi avons donc fait le choix de le vendre, même si cela m’inquiétait un peu, car il est mon tout premier cheval. Je suis très heureuse qu’il évolue maintenant aux rênes de Charlotte Coquerelle, avec qui cela se passe très bien et qui me donne des nouvelles tous les jours. Je souhaitais garder contact avec ce cheval, et c’est un soulagement de savoir qu’il est entre de très bonnes mains. Je suis donc très heureuse qu’il soit arrivé chez Charlotte, dans une bonne maison.
Quel souvenir conservez-vous de cette première expérience en équipe de France?
Malheureusement, mes premiers championnats d’Europe ne se sont pas très bien passés. Un orage a éclaté pendant que je présentais ma reprise par équipes. Comme la foudre est tombée sur les gradins, mon cheval a eu très peur et s’est cabré, ce qui m’a fait perdre énormément de points. J’ai aussi pris part à la Coupe des nations d’Hagen, qui a été pour moi le plus beau souvenir avec Chicco. C’était une super expérience! Enfin, l’un des souvenirs marquants a été notre victoire aux championnats de France (en 2019 chez les Minimes, ndlr). Cela restera gravé dans mon coeur.
Vous évoluez également en compétition de saut d’obstacles avec Azalee’Jac (SF, Jac Potes x Carthago). Pourquoi ce choix ? Que vous apporte votre pratique du dressage dans cette discipline ?
J’ai toujours pratiqué le saut d’obstacles et j’ai choisi de continuer en loisir. Cela me permet de me vider la tête. C’est comme une échappatoire. De plus, ma jument est pleine de qualités. L’optique est d’avancer tranquillement, sur des épreuves à 1,10m. J’ai donc fait le choix de concourir dans les deux disciplines, qui sont très formatrices. Mais si ma pratique du dressage me donne beaucoup d’avantages à l’obstacle, l’inverse n’est pas forcément vrai ! Quoi qu’il en soit, je suis très heureuse de pouvoir évoluer dans ces deux disciplines, même si le dressage reste ma priorité.
“Thibault Fournier devrait être un exemple pour nous tous”
Vous spécialiserez-vous un jour dans une discipline ou dans l’autre ?
À terme, quand ma jument de jumping partira à la retraite, je pense me spécialiser en dressage et peut-être arrêter totalement l’obstacle. C’est une question à laquelle je réfléchis beaucoup, mais aucune décision n’est encore prise.
Quelles sont vos ambitions sportives à moyen et long termes ?
Déjà, réussir à faire une bonne performance aux championnats. Ensuite, le rêve de tout cavalier est d’aller aux Jeux olympiques !
Vous vous entraînez à l’association Les chevaux de Moncontour, créée par vos parents à Saint-Hilaire-Bonneval, en Haute-Vienne, qui accueillait jusqu’il y a peu le complétiste Thibault Fournier. Avez-vous travaillé ensemble ?
Thibault est resté quatre ans à la maison. Nous nous entendons très bien, mais nous n’avons pas les mêmes objectifs sportifs et n’évoluons pas dans la même discipline, puisqu’il fait beaucoup de complet. En termes d’entraînements, je n’ai donc jamais fait appel à lui. Concernant son accident (Thibaut a été victime d’une lourde en chute en octobre 2019 lors d’une épreuve Pro 4 à Pompadour, le laissant dans le coma pendant dix jours, ndlr), ce qui lui est arrivé est un miracle et c’est un battant. Il incarne l’idée qu’il ne faut jamais rien lâcher et que l’on peut s’en sortir dans n’importe quelle situation. D’ailleurs, je pense qu’il devrait être un exemple pour nous tous. Il est sorti de cet accident encore plus fort.
Pratiquez-vous un peu de cross pour le plaisir ?
Plus jeune, j’ai fait un peu de complet, mais j’ai totalement arrêté aujourd’hui.
Comment gérez-vous votre temps entre les études et l’équitation ?
Cette gestion est assez difficile, mais l’essentiel est de s’organiser afin de pouvoir mener cela à bien. J’essaie de m’avancer un maximum dans mes devoirs après avoir monté. J’ai heureusement pu choisir l’emploi du temps des classes de Seconde qui finissait le plus tôt. J’organise aussi le planning de mes chevaux en fonction de mes contrôles. Étant au lycée, j’avais réfléchi au CNED et à l’enseignement à distance. Malgré tout, j’ai envie de conserver ce lien social et de ne pas évoluer exclusivement dans le milieu équestre. Cela me permet aussi de rencontrer d’autres gens.