“J’aimerais revenir à haut niveau de manière réfléchie, logique et durable”, Aymeric de Ponnat

Éloigné depuis quelques temps des plus prestigieux podiums internationaux, Aymeric de Ponnat s’est offert dimanche la troisième place du Grand Prix du CSI 4* de l'Hubside Jumping de Grimaud, associé à Hoover, un étalon KWPN de neuf ans évoluant sous sa selle depuis 2017. Confiant quant au potentiel de son partenaire, l’ancien complice de l’illustre Armitages Boy revient sur son week-end et évoque son souhait de retrouver le plus haut niveau en comptant notamment sur les bases d'un système ayant fait ses preuves.



Avec Elize, sa jument SBS de onze ans, Aymeric de Ponnat a participé le week-end dernier au CSI 4* de l'Hubside Jumping de Grimaud.

Avec Elize, sa jument SBS de onze ans, Aymeric de Ponnat a participé le week-end dernier au CSI 4* de l'Hubside Jumping de Grimaud.

© Sportfot

Quel bilan général tirez-vous de votre week-end à l’Hubside Jumping de Grimaud ? 

Le bilan est plutôt positif. Hoover (KWPN, Clinton x Carthago), le cheval avec lequel j’ai terminé troisième du Grand Prix du CSI 4*, n’a que neuf ans. Il a signé quelques belles performances cette année, mais j’ai eu besoin de régler un problème d’embouchure. C’est un cheval assez délicat et malgré certains bons résultats, je sentais que quelque chose ne lui convenait pas ces derniers temps. Dimanche, j’ai toutefois eu le sentiment d’avoir trouvé la bonne alchimie entre l’écoute et le relâchement qui lui permettent de bien sauter. L’idée est en effet de lui faire passer un cap supplémentaire, car ce cheval a tout le talent nécessaire pour accéder au très haut niveau. 

Ma jument Elize (SBS, Bamako de Muze x Nabab de Rêve), qui m’accompagnait également à Grimaud, a été créditée de deux fois quatre points dans les épreuves comptant pour le classement mondial. J’ai essuyé une légère déception en obtenant des résultats un peu en deçà de mes attentes avant le Grand Prix, mais elle n’en est pas moins une jument ultra compétitive! J'étais également venu avec Déjà Vu de Hus, qui n’a que huit ans, pour sauter dans les deux épreuves comptant pour le classement mondial du CSI 2*. Malgré une faute dans le Grand Prix, il a réalisé une belle progression. Je dispose de beaucoup de chevaux, mais la plupart sont assez jeunes et ont encore besoin de s'aguerrir à ce niveau de compétition.

Quels objectifs nourrissez-vous avec Hoover ? 

Les propriétaires d’Hoover et moi avons toujours fondé beaucoup d’espoir en ce cheval. Il est très talentueux et n’a rien raté durant ses jeunes années. Comme de nombreux chevaux, il n’a pas pu participer à beaucoup de concours l’an passé, il est donc satisfaisant de voir que les résultats sont tout de même au rendez-vous. Il ne fait que confirmer tout le bien que l’on pensait de lui. C’est un cheval extrêmement doué et il a passé chaque étape de sa progression avec la même aisance. Il est assez sensible et montre parfois son caractère d’étalon, mais il a un mental exceptionnel. En piste, il ne donne pas vraiment l’impression d’avoir neuf ans, c’est pourquoi je fais tout de même attention à son programme et aux parcours dans lesquels je l’engage pour ne pas risquer d’aller trop vite. L’objectif est de faire en sorte qu’il soit prêt pour prendre part à de belles épreuves l’an prochain et pourquoi pas participer à un championnat.

Vous faites partie de la liste des espoirs pour les Jeux olympiques de Paris en 2024. Ce cheval et le fait de remonter sur un podium en CSI 4* vous font-ils entrevoir la possibilité de renouer avec le très haut niveau ? 

Hoover a de toute façon été identifié comme un cheval d’avenir par la fédération, qui connaît bien mon système et mon passif dans le sport. Le personnel de la FFE sait que j’aime prendre le temps de faire progresser les chevaux pour les rendre les plus performants possible. Cela a d'ailleurs porté ses fruits par le passé. Honnêtement, Hoover n’a pas beaucoup de défauts. Il a une très bonne tête, d’excellents moyens et est très respectueux. Il demeure tout de même un cheval de neuf ans qui a encore besoin de dressage et de prendre de l’expérience en piste. Toutefois, on peut dire que l'entonnoir se réduit peu à peu… Aujourd’hui mon piquet est principalement composé de jeunes chevaux. Antoine et Cécile Bourgeois, les propriétaires de l’écurie de Montchevreuil, ont beaucoup investi pour moi et me permettent de bénéficier de montures à la génétique exceptionnelle. Ce système a aujourd’hui quatre ou cinq ans et a notamment engendré l’achat d’Hoover, d'Elize et de tout un panel de chevaux plus jeunes. Comme toute société, l’écurie de Montchevreuil doit être rentable, donc certains chevaux ont été vendus, mais l’idée étant effectivement de retrouver le haut niveau, certains seront conservés dans cette optique. Cela a toujours été l’objectif, mais je souhaite l'atteindre de manière réfléchie, logique et durable.



“S’il avait pu évoluer au sein du système habituel, Hoover aurait peut-être été prêt à participer à un championnat d’Europe cette année”

Pour renouer avec le grand sport, Aymeric de Ponnat entend bien compter sur les talents de son complice, Hoover.

Pour renouer avec le grand sport, Aymeric de Ponnat entend bien compter sur les talents de son complice, Hoover.

© Sportfot

Comment avez-vous vécu les perturbations liées à la pandémie de Covid-19 l’an passé, puis au virus HVE-1 ? 

Cela a un peu affecté mon activité, mais l’impact a été moindre étant donné que je n’ai pas beaucoup de chevaux d’âge. L’an dernier, j’ai arrêté ma saison très tôt en pensant qu’elle repartirait normalement, mais l’épizootie de rhinopneumonie a bouleversé nos plans. Pour un cheval comme Hoover, qui n’a pu participer qu’à trois ou quatre concours à 1,50m, c’est tout de même embêtant. Je pense que s’il avait pu évoluer au sein du système habituel, il aurait peut-être été prêt à participer à un championnat d’Europe cette année. Finalement, on se retrouve avec des chevaux de neuf ans qui en ont plutôt huit en termes d’expérience. Cela a quelque peu affecté mon projet à moyen terme, mais le plus important est que nous puissions retrouver un équilibre. Avant cette crise, nous avions vendu un très bon cheval nommé Gomez TN (KWPN, Zambesi TN x Verdi TN) et je pense que cela a été plutôt intelligent. En effet, les chevaux aujourd’hui âgés de onze ou douze ans doivent être rentabilisés, or il y a eu très peu de concours et donc un vrai manque à gagner en termes de recette de gains. Quatre-vingt-dix pour cent de ma cavalerie ayant moins de huit ans, j’ai été impacté par tout cela dans une moindre mesure.

Quel est votre programme pour les semaines à venir ? 

Cette année, l’objectif fixé avec les propriétaires et la fédération était de parvenir à endurcir mes chevaux au niveau CSI 3* et 4*. Je ne suis pas le genre de cavalier qui cherche systématiquement à prendre part aux CSI 5* si je sens que les chevaux ne sont pas prêts. La prochaine étape sera donc à nouveau un CSI 4* à Grimaud. Le programme d'épreuves qui y est proposé convient parfaitement à mes chevaux. 


Revivez le parcours initial d'Aymeric de Ponnat et Hoover dans le Grand Prix du CSI 4* de l'Hubside Jumping de Grimaud :