En forme olympique, Martin Fuchs ne fait qu’une bouchée du Grand Prix de Dinard avec Conner 70

Partir en numéro un dans un Grand Prix 5* n’est, en théorie, pas vraiment un avantage. Qu’importe pour Martin Fuchs, actuel numéro deux mondial. Défait de son meilleur rival, Nicolas Delmotte - qui l’avait privé des honneurs à La Baule, puis à Chantilly -, l’Helvète, qui s’envolera dans une poignée de jours pour les Jeux olympiques de Tokyo, a ajouté à son palmarès le Grand Prix de Dinard. Sur la superbe piste du Val Porée, associé au jeune et prometteur Conner 70, le pilote de tout juste vingt-neuf ans - son anniversaire était il y a cinq jours -, a été le plus rapide des cinq doubles sans-faute du jour. Le duo a devancé Denis Lynch, aux rênes de Cristello, ainsi que Christian Ahlmann et son fidèle Clintrexo Z. Kevin Staut, meilleur Français, est quatrième avec la géniale Bulgarie d’Engandou.



Une nouvelle fois meilleur Français de l'épreuve, Kevin Staut peut compter sur la géniale Bulgarie d'Engandou.

Une nouvelle fois meilleur Français de l'épreuve, Kevin Staut peut compter sur la géniale Bulgarie d'Engandou.

© Sportfot

En tout début d’épreuve, dimanche 18 juillet, le Grand Prix Rolex du CSI 5* de Dinard aurait presque pu paraître facile. En même temps, le champion d’Europe en titre, Martin Fuchs, le très en forme Edward Levy et le numéro un mondial, Daniel Deusser, se sont succédé sur la piste du Val Porée, ornée de son rose si caractéristique. Les deux premiers cités, d’abord piégé par le temps, ont vu leur score être vidé de toute pénalité. Jean-François Morand et ses équipes, qui ont dû hésiter à allonger le temps accordé, ont finalement vu juste et ont offert un splendide spectacle au public venu remplir tribunes, bord de piste et allées. Dans une ambiance toujours appréciable, quarante-deux duos se sont élancés face aux quatorze obstacles et dix-sept efforts dressés sur le terrain vallonné. Outre Martin Fuchs et Edward Levy, Kevin Staut, Denis Lynch, Christian Ahlmann, Lorenzo De Luca et Henrik von Eckermann ont décroché leur ticket pour la finale au chronomètre.

Premier à revenir en piste, comme lors de l’acte initial, le Suisse Martin Fuchs, classé dans six de ses sept derniers Grands Prix 5* (!) a déroulé un splendide barrage. Usant de la grande amplitude de son Conner 70, dix ans, le champion d’Europe Longines en titre et actuel numéro deux mondial, a livré un parcours parfait. Sur le tracé, mais aussi au-dessus des obstacles, le fils de Connor a, tout simplement, dominé son sujet. Arrêtant la montre en 42”67, les deux complices, double sans-faute dans la Coupe des nations Longines de La Baule, ont mis la pression sur leurs concurrents. 

Malheureux, Edward Levy n’a pu éviter une faute sur le premier élément du parcours raccourci, suivi d’une seconde sur la sortie du double, placé en numéro 4. À sa suite, Kevin Staut a offert au chaleureux public un sans-faute avec sa géniale Bulgarie d’Engandou, propriété de Bruno Rocuet. Deuxième dans les Grands Prix 3* de Cabourg Classic, et 5* de Knokke, la belle alezane confirme tout son talent, parcours après parcours. Le temps de la paire, fixé à 44”22, ne leur a pas permis de rivaliser avec Martin Fuchs bien longtemps. Rapidement, l’Irlandais Denis Lynch est entré en piste. Avec détermination, le pilote a déployé la foulée gigantesque de son superbe Cristello. Malgré tous ses efforts, Denis Lynch s’est arrêté en 42”83. Peut-être que le cavalier de quarante-cinq ans pourra s’en vouloir d’avoir effectué quelques reprises, notamment dans la dernière ligne, et surtout de ne pas avoir pu retirer une foulée avant l’oxer numéro 6. 

Toujours aussi redoutable, Christian Ahlmann a lui aussi buté face à la performance de Martin Fuchs. Juché sur son gris Clintrexo Z, de retour depuis quelques semaines, l’Allemand n’a pas pu faire montre de ses qualités sur les virages très courts. Malgré tout, il est parvenu à se hisser au troisième rang, grâce à un temps de 43”30. Aux rênes de Nuance Bleue VDM Z, moins expérimentée que ses concurrents du jour, Lorenzo de Luca a joué placer. Grâce à un nouveau sans-faute, l’Italien des écuries Stephex semble avoir retrouvé une monture pour affronter les plus gros parcours du monde. Dernier à s’élancer, Henrik von Eckermann a pris tous les risques avec la vive Glamour Girl. Une faute sur l’entrée du double relègue le Suédois à la sixième place.



Des favoris à la trappe... et de belles promesses

Cette fois, Martin Fuchs était bien en tête du tour d'honneur !

Cette fois, Martin Fuchs était bien en tête du tour d'honneur !

© Sportfot

Aujourd’hui, j’étais juste content que Nicolas Delmotte ne soit pas au barrage”, a plaisanté Martin Fuchs avant de prendre part à un long tour d’honneur, ovationné à l’unisson par un public passionné. “C’est un concours formidable. Merci beaucoup à la famille Mars d’organiser cet événement, merci à Rolex de nous donner un Grand Prix comme cela, c’est vraiment fantastique. Et merci à vous tous, d’être ici. On est vraiment ravi.” 

Parmi les favoris, Nicolas Delmotte, l’homme en forme du moment, n'a pu éviter deux fautes, sur le milieu du triple numéro 9 et sur l’oxer 12, dominant une dernière ligne délicate. Max Kühner, associé à son meilleur élément, Elektric Blue P, lauréat du majeur Rolex de Bois-le-Duc, a abandonné, après avoir concédé deux autres, sur les numéros 3 et 7. Il en aura été de même pour Scott Brash, avec le pourtant très en forme Hello Vincent, né Coquin de Coquerie. Battu sur le délicat vertical numéro 7, placé dans une légère descente, puis sur les éléments b et c du triple, l’Écossais a jeté l’éponge. Steve Guerdat et Olivier Philippaerts ont, eux, concédé deux fautes, tout comme Daniel Bluman, ou encore Pieter Devos.

Si tout n’a pas été rose pour le clan tricolore, de belles performances sont à mettre au crédit de plusieurs couples. Tout d’abord, Grégory Cottard, huitième, a déroulé un magnifique parcours avec sa Bibici. Sanctionné d’un point de temps, le couple a repris confiance, quelques jours après sa petite déconvenue de Rotterdam. La performance a, en tout cas, dû taper dans l'œil du sélectionneur national, à quelques semaines des championnats d’Europe de Riesenbeck. Julien Gonin a imité son collègue avec Valou du Lys, déjà sans-faute dans le Grand Prix de Chantilly, dimanche dernier. Très heureux à l’issue de son parcours, le Rhône Alpin s’est offert une neuvième place.

À la suite, Pénélope Leprevost, sanctionné d’une faute sur l’oxer numéro 5 est neuvième. Sans doute préoccupée par le temps imparti - d’abord fixé à 86 secondes puis allongé à 89 secondes en début d’épreuve -, la Normande n’a pas pu suffisamment soigner cet obstacle. Saluons également le superbe parcours d’Alexa Ferrer, qui continue d’engranger de l’expérience à très haut niveau. L’amazone, qui déroulait son troisième Grand Prix 5* a dû composer avec les ruades de son expressif Encantado C’SG. Une faute en toute fin de parcours, sur la palanque numéro 13, a sanctionné leur parcours presque parfait. Mathieu Billot, Emeric George et Marc Dilasser s’en sont aussi bien sortis, avec Lord de Muze, Chopin des Hayettes et Arioto du Gevres. 

Si Cassius Clay et Atome des Etisses sont sortis de piste avec neuf points au compteur, Philippe Rozier et Alexis Deroubaix ont abandonné. Le champion olympique par équipes de Rio, qui avait sellé son grand espoir Le Coultre de Muze, n’est pas parvenu à sortir du double numéro six après un saut peu académique sur l’entrée. Si son gris n’avait alors touché aucune barre, le Tricolore a préféré en rester là. Enfin, Aldo du Plessis, monture du Nordiste Alexis Deroubaix et sacré à Cabourg un peu plus tôt dans l’année, s’est aussi heurté au double de bidets. Le puissant fils d’Orient Express a refusé de le franchir et son cavalier n’a pas souhaité insister. Encore assez peu expérimentées en 5*, ces deux paires auront sans nul doute l’occasion de briller sur d’autres pistes cette année.

Les résultats complets ici.