Les Allemands une fois de plus intouchables aux Jeux olympiques

La victoire de l’Allemagne cet après-midi dans l’épreuve de dressage par équipes des Jeux olympiques de Tokyo restera dans les annales. Au cours des vingt-sept dernières années, le pays qui a longtemps été un berceau de l’équitation classique s’est montré presque imbattable à ce niveau. Malgré les perturbations et la confusion qui ont eu cours ces dix-huit derniers mois à travers le monde, les Allemandes ont une fois de plus régné en maître lors de ce Grand Prix Spécial, devançant les États-Unis et la Grande-Bretagne en bronze.



Le nouveau format des épreuves olympiques de dressage, ayant répartis les concurrents en groupes de dix lors du Grand Prix et réduit les équipes de quatre à trois couples, a généré bien des critiques et controverses. Pour autant, on ne peut nier l’intensité et l’excitation ressenti lors du Grand Prix Spécial en Musique décisif qui s’est disputé aujourd’hui à Tokyo, au Japon. Si les Allemandes ont encore survolé l’épreuve, comme samedi et dimanche lors du Grand Prix, la bataille pour l’argent et le bronze a pris la forme d’un thriller jusqu’à la fin.

Une nouvelle star est née. L’Allemande Jessica von Bredow-Werndl a volé la vedette à sa coéquipière Isabell Werth, en signant un nouveau record olympique dans le Grand Prix Spécial avec sa jument Dalera, créditée d’une moyenne de 84,666%, contre 83,298% pour son aînée, en selle sur sa bien-aimée Bella Rose 2. Et cela malgré un petit moment de flottement lors des changement de pied au temps, où la jument a manifesté le besoin de se soulagé. Comme l’a dit Jessica par la suite, pour la charmante et talentueuse Dalera, “cela n’a pas semblé difficile en fait. Pour elle, tout semble être facile!” Très belle performance également, toujours pour l’Allemagne, de Dorothee Schneider et Showtime, crédités de 80,086%. Alors qu’on se dirigeait vers un triplé germain au classement individuel, une Américaine relativement inconnue, Sabine Schut-Kery, a produit le troisième meilleur score de cette épreuve disputée dans la moiteur tokyoïte, qui a décidé du sort des médailles par équipes, associée à Sanceo (81,596%).

La Grande-Bretagne semblait bien partie pour décrocher l’argent après le très bon score de Carl Hester et En Vogue (78,344%), tandis que le Danemark et les États-Unis paraissait lancée dans un jeu du chat et de la souris pour le bronze. Cependant, les Américains se sont montrés encore plus solides qu’on pouvait l’anticiper, avec les 76,109% d’Adrienne Lyle sur Salvino puis les 77,766% de Steffen Peters sur Sussenkasper. Les 77,72% de Cathrine Dufour et Bohemian, dernier couple en lice pour le Danemark, n’ont pas suffi pour maintenir ce pays dans la course aux médailles, surtout après l’incroyable prestation de Sabine Schut-Kery. D’un coup, les Britanniques se sont également trouvés menacés pour l’argent. Il aurait alors fallu un gros score à Charlotte Dujardin et Gio pour maintenir la Grande-Bretagne à flot après les 76,894% de Charlotte Fry sur Everdale. Bien que l’inexpérimenté hongre alezan de la double championne olympique en titre ait fait de son mieux, ses 79,544% n’ont tout simplement pas suffi. “Je suis entrée en piste pour faire de mon mieux et je suis absolument ravie de Pumpkin car c’est la deuxième fois qu’il présente ce Grand Prix Spécial. Nous avons disputé très peu de concours cette année, il n’a que dix ans et n’a pas beaucoup d’expérience du tout. Ces derniers jours, il a vraiment tout donné et je ne peux pas vraiment lui en demander davantage. Cela peut ressembler à du bronze mais pour mon cheval et moi, c’est comme une médaille d’or.”



La libre s’annonce plus indécise que jamais

En conférence de presse, Isabell Werth a été interrogée sur ses attentes à Tokyo au regard de l’incroyable domination allemande aux JO en dressage. “Nous avons assez d’expérience dans ce sport pour savoir qu’un cheval peut faire la différence, et qu’une situation peut faire la différence, surtout quand on n’est que trois dans une équipe et qu’on n’a pas de droit à l’erreur. Nous sommes venus avec beaucoup de confiance en nous parce que nous savions que nous serions vraiment difficiles à battre si nous produisions dans l’arène une performance à la hauteur de notre potentiel, mais on ne sait jamais. Un mauvais jour ou un cheval malade, après un si long voyage, tout est possible”, a-t-elle répondu. Pour sa part, elle s’attendait “à des scores plus élevés mais c’est comme ça. Bella Rose était déjà en forme dimanche mais plus tendue. J’ai dû un peu composer avec son tempérament. Elle a dix-sept ans mais on dirait qu’elle en a douze. Parfois, vu son tempérament, j’ai besoin d’un peu de temps pour faire face à la situation et l’ambiance. Aujourd’hui, elle était détendue et super. J’aime cette jument et j’espère qu’elle m’aime aussi. L’avoir à mes côtés est un cadeau!”

Une médaille d’or de plus est donc tombée dans l’escarcelle de la Superwoman allemande qui, comme l’a souligné Lucinda Green, ancienne star du concours complet reconvertie en commentatrice, porte des bottes d’équitation qui ont plusieurs dizaines de milliers de kilomètres au compteur. “Je les ai depuis 1991 et je les ai portées à chaque championnat depuis lors. Ce sont mes bottes porte-bonheur!”, a admis Isabell, que l’on ne savait pas si superstitieuse. Après trente ans de service et de nombreuses médailles d’or à la clé, ses bottes enchantées pourraient bien permettre à la Kaiserin d’inscrire son nom encore plus profondément dans l’histoire du sport. Aujourd’hui, son total de médailles d’or olympiques a atteint le nombre de sept.

Si elle en ajoutait une de plus demain lors de la Reprise Libre en Musique, support de la finale individuelle, elle égalerait le record allemand établi par la rameuse Birgit Fischer, qui a décroché par moins de huit médailles d’or et quatre d’argent aux jeux au cours de sa brillante carrière. Pour cela, elle devra toutefois faire face Jessica von Bredow-Werndl, Dorothee Schneider, Sabine Schut-Kery, Charlotte Dujardin, Cathrine Dufour, mais aussi le Néerlandais Edward Gal, excellent avec Total US (79,89%). C’est dire si cette Libre s’annonce palpitante!

L’Allemagne avait remporté sa première médaille d’or par équipes de dressage aux Jeux olympiques d’Amsterdam en 1928, avec une équipe de trois hommes composée de Carl Freiherr von Langen (Draufganger), Hermann Linkenbach (Gimpel) et Eugen Freiherr von Lotzbeck (Caracalla). Deux des membres de l’équipe gagnante de cet après-midi faisaient déjà partie de l’équipe qui a régné en maître aux Jeux de Rio 2016: Dorothee Schneider sur Showtime et Isabell Werth sur Weihegold, son autre grande jument.