“On a rarement connu des championnats aussi imprévisibles… en dehors de la victoire de l’Allemagne”, Camille Judet-Chéret

Hier, l’Allemagne a remporté une énième médaille d’or olympique par équipes en dressage aux Jeux de Tokyo. Même sans pousser dans leurs derniers retranchements Showtime, Bella Rose 2 et TSF Dalera, Dorothee Schneider, Isabell Werth et Jessica von Bredow-Werndl ont facilement dominé la concurrence. En revanche, la bataille pour les médailles d’argent et de bronze a été épique, et elle a été remportée par les États-Unis, devant la Grande-Bretagne, Sabine Schut-Kery et Sanceo produisant un meilleur Grand Prix Spécial en Musique que Charlotte Dujardin et Gio. La journée fut plus dure pour le Danemark et la Suède. Avant la Reprise Libre en Musique, finale individuelle, Camille Judet-Chéret, cavalière internationale, instructrice et fidèle collaboratrice de GRANDPRIX, analyse cette deuxième épreuve.



Impressions générales

Il me semble que beaucoup de chevaux se sont mieux comportés hier que lors du Grand Prix. Pour autant, la sonorisation du rectangle nous a permis de les entendre souffler. Certains semblaient un peu fatigués en fin de reprise. Même si l’on n’en était qu’à la deuxième épreuve, tous ces champions ont déjà vécu des semaines intenses entre la préparation, les quarantaines et le voyage. De plus, compte tenu des crises sanitaires, presque tout le monde a repris tardivement la compétition, alors que les Jeux arrivent tôt dans la saison, ce qui peut expliquer tout cela. Sans compter les conditions climatiques chaudes et très humides qui règnent à Tokyo. D’ailleurs, ce n’est anodin de voir l’Américaine Adrienne Lyle en rester là avec Salvino. Dans un tel rendez-vous, il est rare de voir des cavaliers jeter l’éponge en cours de route.

En tout cas, j’ai adoré cette épreuve, car le suspense s’est maintenu de bout en bout. Sur le plan individuel, même si le but de ce Grand Prix Spécial en Musique était de décerner les médailles par équipes, je trouve que les quatre ou cinq meilleurs couples se tiennent dans un mouchoir de poche, ce qui promet une magnifique Reprise Libre en Musique aujourd’hui. C’est hyper ouvert. Ensuite, on a vu pas mal de fort belles reprises notées entre 75 et 79%. De fait, on a rarement connu des championnats aussi imprévisibles… en dehors de la victoire de l’Allemagne, qui était évidemment attendue.



Deutschland über alles

Il n’y a pas eu photo, alors que ni Isabell Werth ni Jessica von Bredow-Werndl n’ont produit leur meilleure reprise avec Bella Rose 2 et TSF Dalera, peut-être afin de les préserver en vue de la Libre. Sauf accident, l’Allemagne dispose d’une telle marge que les deux cavalières pouvaient se permettre ce luxe. Peut-être ont-elles évolué avec un peu moins de pression. En tout cas, il faut saluer leurs prestations, de même que celle de Dorothee Schneider avec Showtime, car elles ont bien mérité leur médaille d’or.



Une superbe lutte pour l’argent et le bronze

Dès le Grand Prix, les États-Unis s’étaient montrés très tranchants, et on a eu la confirmation de leur puissance hier, avec trois très belles prestations, dont celle de Sabine Schut-Kery et Sanceo, qui a couronné le travail de Steffen Peters et Adrienne Lyle. Cette nation a vite su faire oublier la retraite de sa locomotive, Verdades, ancien partenaire de Laura Graves. Il est vrai que cette équipe est soutenue par de généreux et fidèles sponsors. Il suffit de se rendre l’hiver à Wellington pour se rendre compte que nous n’évoluons pas du tout dans le même monde. Pour autant, ces cavaliers ont tous formé et dressé leurs chevaux, et méritent leur médaille. Les États-Unis n’avaient pas gagné l’argent depuis les Jeux de 1948 à Londres. Et ils sont arrivés en outsiders, sans avoir affronté la concurrence européenne pendant deux ans. Franchement, chapeau! 

Même si elle a été battue sur le fil, la Grande-Bretagne a également livré une belle performance collective. La grosse déception est la quatrième place du Danemark. Cette équipe visait le podium. Pour cela, il lui fallait une belle reprise de Cathrine Dufour et Bohemian, notée au-dessus de 80%, mais ceux-ci n’ont pas été aussi brillants que d’habitude, en dehors même de leurs fautes techniques. Leur prestation avait été plus convaincante lors du Grand Prix. Pour le reste, Nanna Skodborg Merrald et Carina Cassoe Kruth ont été au rendez-vous avec Zack et la prometteuse Heiline’s Danciera, qui n’a que dix ans. L’issue a été frustrante aussi pour les Pays-Bas, qui ont pu compter sur les belles performances d’Edward Gal sur Total US et de Hans Peter Minderhoud avec Dream Boy. Marlies van Baalen n’a pas démérité, loin de là, parce que Go Legend, son fils de Totilas, n’a que dix ans lui aussi, mais il est rare de voir un couple néerlandais noté à 71% en championnat… Idem pour la Suède, qui a perdu Patrik Kittel juste avant les Jeux et dont le couple de réserve (formé par Antonia Ramel et Brother de Jeu) a produit deux reprises très en-dessous de ses scores habituels. À l’inverse, l’Espagne s’est bien reprise après son Grand Prix maussade. Toutes ces équipes auront une revanche à prendre – ou en tout cas envie de faire mieux – aux championnats d’Europe de Hagen, tout comme la France (neuvième du Grand Prix, ndlr).



Tout pour la musique!

Je trouve sympa d’avoir mis en musique ce Spécial. Tous les cavaliers n’ont pas joué le jeu à fond, et on peut saluer les risques pris par Dorothee et Jessica, qui ont évolué sur des thèmes comprenant des variations et transitions qui suivaient précisément le texte de cette reprise. La moindre hésitation ou retard auraient pu les désynchroniser par rapport au son, ce qui n’a pas été le cas. Bravo. D’autres couples ont évolué avec des musiques d’ambiance plus ou moins originales.



Une libre ouverte à tous les étages

On va bien voir aujourd’hui, mais je crois vraiment que Sabine Schut-Kery et Sanceo peuvent décrocher une médaille individuelle. Dans notre discipline, un couple outsider parvient très rarement à gagner un championnat, mais je ne serais pas surprise de les voir en argent ou en bronze. Techniquement, hier, Sanceo a rivalisé avec Dalera et Bella Rose. Son travail est au trot est fabuleux, ses mouvements au galop un tout petit peu moins, mais c’est également le cas de Bella Rose. Isabell a obtenu moins de 10 qu’en d’autres occasions. Comme je l’ai dit après le Grand Prix, on ne peut pas encore savoir si la jument se trouve légèrement en-dessous de sa meilleure forme ou bien si sa cavalière en garde sous le pied. Je pencherais volontiers pour la seconde option. Idem pour Jessica et Dalera. On a vu la cavalière sourire à l’arrivée malgré une grosse faute. Wait and see.



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