“Nous allons nous battre pour l'équipe de France”, Karim Laghouag

Le dressage s'étant achevé aujourd'hui, le concours complet est la prochaine discipline équestre à suivre aux Jeux olympiques de Tokyo. Titulaire de l'équipe de France depuis les malheureux forfaits de Thibaut Vallette et Thomas Carlile, leurs deux montures traversant des pépins de santé, Karim Laghouag semble prêt à relever le défi dès vendredi. Gonflé à bloc, le champion olympique par équipes de Rio compte bien honorer son rôle aux rênes de Triton Fontaine, qui s'acclimate tranquillement au climat olympique.



Après les récents forfaits de Qing du Briot*IFCE, la monture de Thibaut Vallette, qui a contracté une contusion osseuse au niveau du pied, et celui de Birmane, celle de Thomas Carlile, après avoir montré des symptômes de myosite débutante, Karim Laghouag et Triton Fontaine sont entrés dans l'équipe de France de concours complet pour disputer les Jeux olympiques de Tokyo. Ils défendront dès vendredi les chances tricolores aux côtés de Christopher Six et Totem de Brecey, et Nicolas Touzaint et Absolut Gold*HDC. 

Initialement déclaré cinquième couple puis réserviste, le cavalier d’Eure-et-Loir compte bien mettre à profit son expérience acquise à Rio de Janeiro en 2016, après avoir contribué à décrocher l’or par équipe avec son partenaire et ami de l’époque, Entebbe de Hus. “Avoir eu la place d’outsider au début a été un avantage car je ne me suis pas mis la pression”, confie Karim. ”J’ai préparé Triton comme si j’allais faire le voyage. J’avais dit à Thierry Touzaint (sélectionneur national, ndlr) que j’étais à la disposition de l’équipe de France, mais j’espérais qu’il n’ait pas besoin de moi car il y avait des couples très performants au moment de la sélection. Intégrer l’équipe est à la fois une joie et une fierté, mais cela m’attriste aussi pour Thibaut (Vallette, qui allait sûrement disputer son dernier grand championnat avec le valeureux Qing du Briot*IFCE, ndlr) et Thomas (Carlile). Ces Jeux sont très particuliers pour moi. J’ai perdu mon cheval olympique, Entebbe de Hus, en 2018 (le crack avait été emporté par des coliques le 25 octobre, ndlr). Grâce à mon entourage, nous avons pu acquérir Triton, un cheval extraordinaire, mais avec lequel il aura fallu beaucoup de temps pour construire notre duo. Et c’est aujourd’hui avec lui que je cours ma deuxième olympiade.” 

Avec Triton Fontaine, ici au Grand Complet, Karim Laghouag entend bien remplir sa mission dès vendredi à Tokyo.

Avec Triton Fontaine, ici au Grand Complet, Karim Laghouag entend bien remplir sa mission dès vendredi à Tokyo.

© Éric Knoll/FEI



“Triton est doté d'une grande résistance physique”

Triton Fontaine, propriété de Philippe Lemoine, Guy Bessat, SARL Ecuries K. Laghouag et Camille Laffite, est un hongre Selle Français de quatorze ans, né chez Michel Pelissier, à quelques kilomètres des écuries du cavalier. Un heureux hasard! “Quand nous l’avons acheté, Triton concourait au niveau 3* avec un cavalier amateur. Il montrait déjà des aptitudes pour le haut niveau, j’avais bon espoir que nous pourrions évoluer ensemble. Nous avons tout de suite eu une relation fusionnelle, mais le passage du niveau 4* à 5* a été plus compliqué que prévu. Les résultats étant irréguliers au début, j’ai décidé de le redescendre en 2* et de prendre mon temps pour mieux le connaître. Cela a marché, nous nous sommes liés d’amitié et nous faisons confiance”, confie Karim. Et quand il s’agit de parler de son partenaire, le cavalier français ne tarit pas d’éloges. “Triton est un super cheval, qui a beaucoup d’énergie. Nous savons qu’il est très rapide sur le cross, que c’est un bon cheval d’obstacles, et qu’il en a suffisamment sous le pied en dressage pour être un bon coéquipier. Il est doté d’une grande résistance physique, il est volontaire, puissant et surtout, il est toujours d’accord pour faire. Nous allons nous battre pour cette équipe de France, et aussi pour Thibaut et Thomas qui nous soutiennent. Je suis porté par tous ces sentiments”, indique le cavalier. 

“Karim a fait toute la préparation à fond”, indique Michel Asseray, Directeur technique national adjoint pour le concours complet. “Je sais qu’il va tout donner pour l’équipe. Il nous a déjà prouvé par le passé qu’il était un équipier exceptionnel.” “Aux Jeux olympiques, la performance sportive ne suffit pas pour décrocher une médaille. La santé et la bonne condition physique des chevaux, le mental d’acier des cavaliers et l'expérience des couples sont aussi des paramètres qui comptent. Nous avons ici une équipe de France qui réunit tous ces critères.”

Si les cavaliers concernés et leurs fervents supporters ont pu, à juste titre, être déçus des deux forfaits de Thibaut Vallette et Thomas Carlile, l'expérience des Jeux olympiques de Rio de Janeiro a largement prouvé que rien n'est jamais joué d'avance. Au Brésil, le saut d'obstacles avait en effet essuyé la défection de Simon Delestre à la suite d'une blessure du génial Hermès Ryan des Hayettes, qui faisait pourtant partie des deux “valeurs sûres” du quatuor, ce qui n'avait pas empêché l'équipe de France, renforcée par la hargne et le soutien de Philippe Rozier, de monter sur la plus haute marche du podium par équipes. Gageons pour le sport tricolore que l'issue de ces Jeux de Tokyo soit identique pour le concours complet!