La Grande-Bretagne et l’Allemagne s’échappent, la France dans un peloton très dense

Le classement par équipes provisoire du concours complet des Jeux olympiques de Tokyo a pris une allure plus familière au terme de la troisième et dernière session du test de dressage, disputée cette nuit à Baji Koen. Si la Grande-Bretagne a conservé la tête des opérations, elle est désormais talonnée par l’Allemagne, portée par une merveilleuse reprise de Michael Jung et Chipmunk FRH, nouveaux leaders en individuel. Ces deux nations devancent la Nouvelle-Zélande, tandis que le Japon, pays hôte, pointe au quatrième rang avant le cross-country de demain. Neuvième au sein d’un groupe où les écarts entre nations sont très faibles, la France devra sortir le grand jeu la nuit prochaine.



Un score incroyable de 21,1 points de Michael Jung, en selle sur Chipmunk FRH, a permis à l’Allemagne de remonter de la cinquième à la deuxième place, à un peu plus de deux points des leaders britanniques, dont la position en tête du classement a été renforcée par une reprise solide de Tom McEwen et Toledo de Kerser, qui n’ont concédé que 28,9 points. Le double champion olympique en titre s’est ravi de la performance de son hongre de treize ans. “Nous avons formé un bon couple aujourd’hui, tout a fonctionné comme je le souhaitais. Depuis les championnats d’Europe de 2019, j’ai pris le temps de m’entraîner avec lui. J’ai mis à profit le long hiver que nous avons traversé pour travailler davantage et avons pu disputer beaucoup plus de compétitions cette année qu’en 20201, donc tout se passe beaucoup mieux. Chipmunk est un cheval très puissant mais très agréable à monter au cross, ce qui m’aide beaucoup. Il n’y a pas besoin de trop préparer chaque saut. Le temps imparti sera très dur à atteindre donc il faudra une bonne communication avec son cheval, de l’écoute et de la concentration.”

Michael Jung ne s’en est peut-être pas rendu compte, mais il était surveillé par Son Altesse Sérénissime le prince Albert II, membre du Comité international olympique (CIO), qui s’est rendu au parc équestre aujourd’hui pour assister à ce test de dressage. Après une cérémonie du thé japonaise traditionnelle dans le salon de la famille olympique avec Ingmar de Vos, également membre du CIO et président de la Fédération équestre internationale, le prince a effectué une visite complète du site, passant par les écuries et la clinique vétérinaire.

Pendant ce temps, Tim Price, a considérablement amélioré la situation de la Nouvelle-Zélande – également représentée par son épouse Jonelle –, passée de la sixième à la troisième place. Son score de 25,6 avec Vitali a porté le total des Kiwi à 86,4, à tout juste six points de de l’Allemagne et un peu plus de huit points de la pole position. “C’est bien, c’est ce que nous voulons!”, a déclaré le numéro deux mondial. “Nous voulons être une équipe solide. Nous ne sommes qu’une petite nation avec quelques coureurs parmi lesquels il faut choisir les meilleurs. Vitali devait tout faire correctement, ce qu’il a réussi à 95% depuis l’année dernière quand je me suis assis sur lui pour la première fois. Sinon, je ne serais pas ici. J’ai très confiance en lui mais nous restons un jeune couple, alors que la qualité de la relation entre le cheval et le cavalier ainsi que la façon dont ils peuvent compter l’un sur l’autre sont des éléments clés aux JO. En tout cas, c’est un cheval très authentique et je me sens très à l’aise avec lui.”

Pour sa part, la Suède est descendue de la deux à la cinquième place, tandis que l’Australie est remontée à la sixième place grâce à une reprise classique du plus vieux complétiste de ces JO, Andrew Hoy, soixante-deux ans, associé à l’Anglo-Arabe de Croisement Vassily de Lassos (29,6). De fait, tous les scores inférieurs à 30 se sont avérés très influents. “Je crois que c’est le meilleur score que nous pouvions obtenir aujourd’hui. Il y a des petites choses que je peux toujours améliorer. La joie que je ressens en montant ce cheval est incroyable. J’utilise un mot pour décrire ce que j’essaie d’atteindre: l’harmonie. Quand vous voyez de grands couples évoluer avec harmonie, cela devient de la poésie en mouvement!”, a déclaré le doyen, tout en lyrisme.



Le Japon et la Chine toujours dans le coup, la France “en embuscade”

L’équipe chinoise a glissé de la quatrième à la septième place, mais son ouvreur, Alex Hua Tian, occupe la troisième place provisoire avec Don Geniro. Le cavalier de trente et un ans était entré dans l’histoire en devenant le premier Chinois à participer à un concours complet olympique aux Jeux de 2008, à Hong Kong. Établi depuis 2013 dans le Cheshire en Angleterre, il avait remporté l’argent individuel aux Jeux asiatiques d’Incheon, en 2014 en Corée, avant de terminer huitième des JO de Rio 2016. Il espère conserver son rang après le cross de demain. Pour sa part, le Britannique Oliver Townend pointe à la deuxième place, juste derrière Michael Jung, qui vise une troisième médaille d’or individuelle consécutive. Un exploit jamais encore accompli. Par équipes, la quatrième place est pour l’instant occupée par le Japon, entraîné par le Français Laurent Bousquet.

À seulement cinq poins mais cinq places plus loin, on retrouve la France, neuvième donc, mais pour laquelle rien n’est perdu tant le cross devrait jouer un rôle fondamental. Troisième équipier tricolore, Karim Laghouag a présenté une reprise propre et bien maîtrisée avec Triton Fontaine, à quelques menus détails près. Satisfait de sa reprise, le champion olympique de Rio a levé les bras au ciel, avant de récolter 32,4 points. “Je suis content de leur reprise”, a déclaré Thierry Touzaint, sélectionneur national. “Il y a eu un petit dérapage aux changements de pied mais le reste de la reprise était parfait au regard de ce que ce cheval sait faire. Il a sorti le meilleur de lui-même. Nous restons dans la course en termes points, c’est ce qui compte. Tout est encore possible. Il va falloir être meilleurs que les autres sur le cross. Nous n’aurons pas le droit à l’erreur, mais les autres non plus. Nous sommes en embuscade.”

Bon nombre de cavaliers se disent un peu impressionnés par le défi de cross-country que leur a proposé le chef de piste américain Derek di Grazia. “Le terrain est fantastique et les obstacles sont beaux, comme toujours aux Jeux olympiques. C’est un vrai défi, et je ne parle pas seulement de la hauteur des obstacles. Vu la disposition du parcours et le rythme auquel il va falloir enchaîner les obstacles, rentrer dans le temps imparti va être un défi. Pour autant, je suis assis sur l’un des meilleurs chevaux de cross au monde, avec lequel j’entretiens une relation merveilleuse, alors je pense que c’est réalisable, mais seul le temps nous le dira!”, a déclaré Andrew Hoy. “Cela ressemble à un bon test en trois phases équilibrées, principalement grâce au travail de Derek. Ce sera une bonne compétition pour nous tous”, a déclaré Tim Price.

Quant à Michael Jung, il se sent super confiant, en partie parce que son équipe a bénéficié d’un très bon tirage au sort. “Nous sommes en très bonne position, notre première cavalière, Julia Krajewski, partant en numéro quatorze. Avant son départ, nous aurons reçu de bonnes informations que nous pourrons utiliser. Pour gager, on a besoin de beaucoup de chance avec la météo et d’autres facteurs qu’on ne peut pas contrôler, mais partir parmi les derniers est certainement un avantage.” Pour sa part, le génie allemand sera l’avant-dernier des soixante et un concurrents encore en lice. Hier, l’Autrichienne Katrin Khoddam-Hazrati a abandonné, de même que la Belge Lara de Liedekerke-Meier, qui a préféré en rester là après le dressage.

Rendez-vous donc la nuit prochaine, puisque le cross débutera à 7h45 au Japon, soit 0h45 en France. Christopher Six sera en piste à 1h12, Nicolas Touzaint à 2h24 et Karim Laghouag à 3h30.

Toutes les épreuves des trois disciplines équestres seront diffusées en direct et en rediffusion sur le site internet de France Télévisions.
Certaines épreuves commentées seront également disponibles sur la chaîne télévisée et le site internet d’Eurosport.