La France assure l’essentiel à Tokyo… en attendant demain

L’équipe de France de saut d’obstacles, sixième d’une épreuve guère palpitante, s’est qualifiée pour la finale par équipes des Jeux olympiques de Tokyo, cet après-midi au Japon. Ayant connu des fortunes diverses avec Berlux, Vancouver de Lanlore et Quel Filou 13, Simon Delestre, Pénélope Leprevost et Mathieu Billot batailleront pour une médaille demain à Baji Koen, où les scores seront remis à zéro. Compte tenu de leurs performances du jour, la Suède, la Belgique et l’Allemagne semblent au-dessus du lot.



On a connu des épreuves plus excitantes, mais l’essentiel, à savoir la participation à la finale par équipes de demain, a été assuré par l’équipe de France de saut d’obstacles, cet après-midi à Tokyo, où les Jeux olympiques touchent à leur fin. Elle a terminé sixième de la qualificative du jour grâce à un magnifique parcours de Simon Delestre et Berlux, qui n’avaient pas pris part à la compétition individuelle, au bon tour à cinq points de Pénélope Leprevost et Vancouver de Lanlore, sanctionnés par leur temps et sur l’oxer de sortie du triple placé en 5 sur un parcours très épais et technique, et aux neuf points Mathieu Billot et Quel Filou 13, qui ont péché sur les barres de Spa placées à l’entrée du même triple et le vertical d’entrée du double planté en 13.

“L’objectif était de rentrer dans la finale, nous y sommes. Pénélope et Mathieu sont largement capables de rectifier leurs petites fautes pour demain. La finale olympique par équipes réunira les dix meilleures nations, qui sont finalement celles qui trustent habituellement les podiums dans cette discipline. Nos cavaliers sont prêts et motivés, leurs chevaux vont bien. Pour autant, le drame que nous avons vécu hier soir avec Urvoso du Roch, le cheval de Nicolas Delmotte, nous rappelle que tout peut arriver. Nous courrons cette finale sans lui et sans Nicolas mais pour tous, le principal est qu’Urvoso rentre en bonne santé”, a fort bien résumé Thierry Pomel, sélectionneur national.

“Pour tenter de décrocher une médaille, nous allons vraiment devoir nous surpasser”, a ajouté le Néerlandais Henk Nooren, formateur de la Fédération française d’équitation. En effet, même si les scores seront remis à zéro, la Suède, la Belgique et l’Allemagne sont clairement apparues au-dessus du lot cet après-midi. Les trois Scandinaves, Henrik von Eckermann, Malin Baryard-Johnsson et Peder Fredricson, qui étaient déjà présents avant-hier au barrage de la finale individuelle, ont signé trois nouveaux sans-faute sur King Edward, H&M Indiana et H&M All in de Vinck. Des parcours limpides, précis et harmonieux qui honorent cette grande nation et l’art équestre. Les Diables Rouges et la Mannschaft ont fait presque aussi bien, ne concédant chacune que quatre points de temps, sans aucune conséquence: deux pour Grégory Wathelet et Maurice Tebbel sur Nevados S et Don Diarado, et un seulement pour Pieter Devos, Jérôme Guéry, André Thieme et Daniel Deusser avec Claire, Quel Homme de Hus, Chakaria et Killer Queen.

La Suisse avait pris le même chemin, après le tour à un point de Martin Fuchs et Clooney 51 et le superbe sans-faute de Bryan Balsiger et Twentytwo des Biches, remplaçants de luxe de Beat Mändli et Dsarie, mais Steve Guerdat, cavalier d’équipe et de championnats s’il en est, a non seulement dépassé le temps imparti mais aussi renversé l’oxer 9 sur bidet puis le vertical 13b. Quant aux États-Unis, champions du monde en titre, leurs couples ne sont décidément pas aussi forts qu’on les attendait, mais Laura Kraut, Jessica Springsteen et McLain Ward, entrés à la place de Kent Farrington, n’ont tous fauté qu’une fois avec Baloutinue, Don Juan van de Donkhoeve et Contagious. Il faudra donc compter sur eux demain.



Dure journée pour Rodrigo Pessoa, triste coup du sort pour le Japon

Comme la France, la Grande-Bretagne, le Brésil, les Pays-Bas et l’Argentine peuvent rêver de podium, mais il leur faudra gommer les imperfections d’aujourd’hui, ou tenter de faire rentrer du sang neuf, même si les substitutions ne sont normalement autorisées qu’en cas de problèmes vétérinaires ou médicaux… Côté britannique, les trois fautes de Harry Charles et Romeo 88 ont pesé lourd dans la balance. Côté brésilien, on a surtout déploré les vingt points de Rodrigo Pessoa, sacré individuellement en 2004 et médaillé de bronze par équipes en 1996 et 2000, sur Carlito’s Way 6, franchement pas à son aise sur cette piste. Pour les Pays-Bas, même Maikel van der Vleuten, médaillé de bronze mercredi, a lâché huit points sur ce parcours fort sélectif…

Outre la Chine, le Maroc, la Nouvelle-Zélande et la République tchèque, qui ne semblaient pas armés pour passer le cut, les grands perdants du jour sont l’Égypte, seulement onzième malgré les qualités individuelles de ses trois couples, le Mexique, seizième et entraîné dans sa chute par le double refus infligé par Armani SL à Eugenio Garza Pérez, l’Irlande, équipe dont les espoirs ont été douchés dès le parcours chaotique de Shane Sweetnam et Alejandro, Israël, éliminé en raison de la chute spectaculaire mais apparemment sans gravité du jeune Teddy Vlock et Amsterdam 27, et enfin le Japon. Triste sort que celui réservé à la prometteuse nation hôte, dont le deuxième couple, formé par Koki Saito et Chilensky, n’a pas été autorisé à fouler la piste en raison d’une chute au paddock…

Avant la finale de demain, que l’on espère mieux en tout que cette qualificative, le dernier mot reviendra à Sophie Dubourg, directrice technique nationale de la FFE: “Nous sommes très contents! L’équipe de France est qualifiée et sera en finale demain. Néanmoins, nous doutons clairement du bien-fondé de ce nouveau format olympique imposé par la FEI. Autant de points et de pénalités engrangés juste pour une qualification! Certes, le parcours était difficile mais habituellement le drop score fait son œuvre puisqu’il y a quatre couples dans l’équipe. Ce format olympique nous inquiète même. Principalement parce que bon nombre de pays terminent à deux équipiers seulement, sans compter qu’il est loin de privilégier le bien-être animal. Enfin, je ne vois pas comment des nations émergentes peuvent imaginer tirer leur épingle du jeu dans une compétition davantage imaginée pour les médias que pour le sport. J’espère que de vrais bilans seront tirés après tout ce qui s’est passé à Tokyo.” Croisons les doigts en ce sens.