“Si j’avais conservé Berlux, j’aurais dû tout construire autour de lui, avec l’ensemble des risques que cela comporte”, Simon Delestre

Simon Delestre l’a annoncé aujourd’hui, Berlux a quitté ses écuries une semaine après avoir fait sensation aux Jeux olympiques de Tokyo. Le Lorrain a annoncé à GRANDPRIX que le gris de dix ans serait monté par un(e) élève de l’Irlandais Cian O’Connor, qui a confirmé l’information. 



Berlux Z a permis à Simon Delestre de signer la meilleure prestation française en cumulant les épreuves par équipes des Jeux olympiques de Tokyo.

Berlux Z a permis à Simon Delestre de signer la meilleure prestation française en cumulant les épreuves par équipes des Jeux olympiques de Tokyo.

© Sportfot

Alors que la rumeur enflait ces derniers jours, Simon Delestre a officialisé aujourd’hui la vente de Berlux, qui a crevé l’écran il y a un peu plus d’une semaine dans les deux manches par équipes des Jeux olympiques de Tokyo. Contacté par téléphone, le Lorrain a expliqué avoir pris cette décision avec le propriétaire du hongre Z, Nicholas Hochstadter, qui a longtemps représenté le Liechtenstein en concours, dans une logique de pérennisation de son système, avec en ligne de mire Paris 2024. “Ces ventes font partie de notre job de cavalier et celle-ci va me permettre de faire perdurer mon écurie en conservant un modèle économique fondé sur une grande indépendance, et de réinvestir dans de nouveaux chevaux. L’idée est de pouvoir compter sur un piquet le plus solide possible en vue des Jeux olympiques de Paris 2024. Aujourd’hui, je dispose de trois chevaux de huit ans hyper prometteurs: I Amelusina R 51 (KWPN, Dexter R x Chin Chin), Iniesta V (KWPN, Zambesi TN x No Limit) et Dexter Fontenis (Z, Diarado x Voltaire). Je ne peux pas encore les qualifier de cracks dans le sens où ils doivent prouver en piste tout le bien que nous pensons d’eux, mais ils font partie des tout meilleurs chevaux de leur âge. Désormais, je vais m’attacher à les amener progressivement vers le haut niveau, mais aussi à élargir et renforcer ce groupe à travers un ou deux achats, menés grâce au concours de la famille Hochstadter, qui compte réinvestir une grande partie du produit de cette vente”, explique le quadragénaire. 

Né il y a dix ans en Belgique, Berlux a été formé par Lysa Doer, Félicie Bertrand puis Julie Simone, avec laquelle il a concouru en Amateurs. Acquis en 2018 par Nicholas Hochstadter, le gris était initialement destiné à son propriétaire, qui a finalement choisi de le confier à sa fille Jennifer, représentant elle aussi le Liechtenstein, après quelques parcours avec Simon Delestre. Avec la jeune amazone, le hongre s’est aligné aux championnats d’Europe Juniors de Zuidwolde en 2019, avant de retrouver la selle du Lorrain fin 2019. Quatrième de deux Grands Prix CSI 4* à Grimaud en 2020, le gris est sorti à plusieurs reprises de piste avec une faute lors de sa formation. Cela a aussi été le cas en 2021, et il a fallu attendre juin pour que le couple se classe pour la première fois dans un Grand Prix CSI 5*, terminant septième à l’Hubside Jumping de Grimaud. Moins d’un mois plus tard, il a réalisé une démonstration en se plaçant quatrième du Grand Prix CSI 5* de Valkenswaard.

La suite s’est écrite au Japon, où ses deux parcours pénalisés seulement d’un point dans l’épreuve par équipes, ont impressionné bien des observateurs… et des clients. “Avant les Jeux, il avait déjà montré de bien belles choses, mais il était encore relativement méconnu, et il est reparti de Tokyo mondialement connu. Je crois qu’on peut même dire qu’il a crevé l’écran, d’où les convoitises dont il a fait l’objet depuis. Si je l’avais conservé Berlux, j’aurais dû tout construire autour de lui, avec l’ensemble des risques que cela comporte. Tant de choses peuvent se passer en trois ans…”, souligne Simon Delestre. “Je préfère me donner davantage de chances d’être présent et performant aux Jeux de Paris. Si je me retrouve avec quatre chevaux de ce niveau-là, il me semble impossible qu’il n’y en ait pas un qui soit prêt et en pleine forme le jour J. Jusqu’à présent, j’ai toujours adopté cette stratégie, et elle s’est avérée payante, donc il n’y a pas de raison d’en changer”, ajoute-t-il. Au Japon, même s’il n’y a finalement pas eu de médaille à la clé, Berlux a quelque peu réconcilié son cavalier avec les JO, qui lui avaient jusqu’alors réservé des coups du sort entre une rêne cassée en 2012 à Londres et la blessure d’Hermès Ryan des Hayettes dans son box en 2016 à Rio de Janeiro.



“Cian O’Connor l’a acquis pour l’un de ses élèves, mais je ne sais pas encore lequel”

Jennifer Hochstadter a également été la cavalière de Berlux Z.

Jennifer Hochstadter a également été la cavalière de Berlux Z.

© Sportfot

Simon Delestre évoque aussi la situation économique délicate que travers la filière depuis le début de la pandémie de Covid-19. “Depuis un an et demi, on ne peut pas dire que la conjoncture économique ait été favorable à une entreprise comme la mienne. Faisant toujours preuve d’une gestion prudente, je ne me suis heureusement pas retrouvé dans l’obligation de vendre. Par exemple, j’ai reçu pas mal d’offres pour mes chevaux de huit ans, mais j’ai choisi de les conserver. Quant à Berlux, il n’était pas à proprement parler sur le marché. Cian O’Connor l’a acquis pour l’un de ses élèves, mais je ne sais pas encore lequel (ce que l’Irlandais a confirmé cet après-midi, préférant officialiser plus tard le nom de l’heureux(se) élu(e), ndlr). Je découvrirai cela par la suite comme tout le monde”, révèle le cavalier de l’équipe de France

Concernant la suite du programme, Simon Delestre a dû se réorganiser et faire une croix sur un nouveau championnat continental. “Après les Jeux olympiques, nous devions participer soit aux championnats d’Europe de Riesenbeck, soit au CSIO 5* d’Aix-la-Chapelle. Du coup, je participerai aux CSI 5* puis 4* de Valence avec Chesall Zimequest et Hermès Ryan des Hayettes, où les CSI 2* organisés en parallèle me permettront de poursuivre la formation des plus jeunes, puis au CSI 3* de Lierre, au Longines Global Champions Tour de Rome et au CSI 5* Hubside de Grimaud”, conclut-il.