Le génial Comme Il Faut fera ses adieux à la compétition samedi soir à Riesenbeck

Alors qu'il a déjà dû dire au revoir à son ancien crack Cornado*NRW, officiellement parti à la retraite fin juillet, ainsi qu'à l'attachante Cristy, retraitée depuis mi-août, Marcus Ehning a annoncé aujourd'hui, via nos confrères allemands de Spring Reiter, la révérence du génial Comme Il Faut, que le cavalier allemand présentait sur la scène internationale depuis l'été 2013. L'étalon de seize ans fera ses adieux samedi soir à Riesenbeck, en Allemagne, en marge des championnats d'Europe Longines de saut d'obstacles, où il est né. Fils de Cornet Obolensky, ancien complice de Marco Kutscher, le bai est le tout dernier produit de la regrettée et légendaire Ratina Z, vice-championne olympique à Barcelone en 1992 avec Piet Raijmakers avant de briller tout autant avec Ludger Beerbaum, avec lequel la jument a notamment ravi le titre de championne d'Europe à Mannheim en 1997. “Comme il faut est né ici, chez Ludger, dont il est le naisseur. Il n'y a donc pas de cadre plus digne pour lui dire au revoir ici”, a confié Marcus Ehning à Spring Reiter. “Je suis reconnaissant d'avoir pu monter un tel cheval.” 

Ayant débuté la compétition sous la selle de l'Allemand Franz-Josef Dahlmann, qui s'était également occupé de la formation de Cornado*NRW, et avec lequel il a été sacré vice-champion du monde des jeunes chevaux de cinq ans, Comme Il Faut 5 est passé sous la selle de Marcus Ehning courant 2013. Ensemble, le redoutable allemand et son nouveau protégé ont construit un magnifique palmarès au plus haut niveau, à commencer par leur doublé dans le Grand Prix 3* de Paderborn en 2016 et 2017, puis leurs superbes victoires dans le Grand Prix 5* de Vienne en 2016, l'étape de la Coupe du monde de Madrid la même année, ainsi que celui des Stephex Brussels Masters en 2018, au terme d'un barrage décoiffant dont tous les passionnés de grand sport se souviendront longtemps (la vidéo est à retrouver en bas d'article)! L'année suivante, les deux athlètes ont été sélectionnés pour les championnats d'Europe Longines de Rotterdam, où ils ont arraché une superbe médaille d'argent par équipes et qu'ils ont conclu à une superbe cinquième place individuelle.

Un itinéraire fait de belles rencontres

“Ratina avait vingt-deux ans quand le propriétaire de Cornet (Valentyn Nychyporenko, ndlr) m’a soumis l’idée de la croiser avec son étalon, qui était à l’époque sous la selle de Marco Kutscher”, avait expliqué le Kaiser Ludger Beerbaum à GRANDPRIX, dans un article consacré à Ratina Z publié en mai 2019 dans le magazine GRANDPRIX heroes. “Il souhaitait avoir une descendance de la jument, qu’il aimait beaucoup. Après discussions, j’ai donné mon accord et ils ont envoyé un vétérinaire avec de la semence fraîche. Contre toute attente, l’impossible est devenu possible, Ratina a été fécondée dès la première tentative!” C’est ainsi que naît, en 2005, le minuscule Comme Il Faut, déjà doté d’un look d’enfer. “Depuis toujours, il ressemble beaucoup à sa mère. Il a hérité de son courage, de son cœur et de son enthousiasme pour la compétition”, achève le champion allemand. 

À deux ans, une fois sevré, Comme Il Faut rejoint l’Ukraine. Présentant sans aucun doute le plus petit modèle de tous les candidats, il est approuvé non sans mal au stud-book Westphalien. “Quand il a été approuvé, le public l’a sifflé!”, se souvient encore son copropriétaire Hubert Vornholt, étalonnier à succès. “Une dizaine d'années ans plus tard, on peut dire que la commission ne s’est pas trompée! Son directeur, le Dr Friedrich Marahrens, était convaincu de sa qualité et de la force de son pedigree, tout comme moi. Il a une personnalité incroyable et il est infatigable! Il essaie toujours de faire de son mieux. C’est presque devenu un ami. Quand j’allais aux écuries, il reconnaissait mes pas et hennissait. Il a marqué tous les gens qui ont croisé sa route.” Et pour cause, en 2010, sous la selle de l’Allemand Franz-Josef Dahlmann, le jeune étalon est couronné vice-champion du monde des cinq ans à Lanaken, sur la piste nommée... Ratina Z! 

Quelques années plus tard, Ludger Beerbaum suggère de confier le phénomène au centaure national Marcus Ehning, sûr qu’il parviendra à en tirer la quintessence. “Ce que Comme Il Faut accomplit aujourd’hui est le fait du couple qu’il forme avec Marcus Ehning!”, persiste-t-il. “Comme Il Faut est un cheval spécial pour moi, et m’a toujours impressionné par son envie de travailler et son courage”, loue son cavalier, qui ne peut s’empêcher de faire le lien avec sa mère. “Ces qualités doivent lui venir de Ratina. Il n’est pas si chaud à monter! Je suis très heureux de l’avoir monté car je n’ai pas croisé beaucoup d’autres comme lui. Du reste, je pense qu’il aura beaucoup de succès à l’élevage et qu’il ne produira pas trop petit malgré sa propre taille - l’ascendance de Cornet Obolensky et Ramiro devrait garantir des poulains de bonne corpulence.” Hubert Vornholt partage tout à fait ce point de vue. “Parce qu’il était petit, au début, les éleveurs ont commis l’erreur de le croiser avec des juments de grande taille. Du coup, ses premiers produits étaient très grands. Désormais, ils choisissent plutôt des poulinières de taille moyenne.”

Déjà un reproducteur à succès!

Distribué en France par le Groupe France Élevage (GFE), Comme Il Faut 5 mène depuis quelques années une carrière de reproducteur en parallèle. Alors que ses premiers produits sont nés en 2010, le bai compte déjà plusieurs descendants performants à haut niveau. Citons notamment Come On Jumper (Westph, d'une mère par Christiano), formé par Maëlle Martin avant d'atteindre 1,60m avec Jeanne Sadran, Cape Coral (Westph, d'une mère par Friedenstraum), régulièrement classé avec l'Italienne Francesca Ciriesi, Corsari van de Helle (OS, d'une mère par Landadel), qui concourt jusqu'en Grands Prix 3* avec la Néerlandaise Monique van den Broek, Checker 47 (Westph, d'une mère par Come On), performant à 1,60m avec Christian Kukuk, l'un des cavaliers phares des écuries Beerbaum, Faut-Il des 7 Vallons (sBs, d'une mère par Double Espoir, SF), qui évolue au plus haut niveau avec Grégory Wathelet, Chic Chic (Westph, d'une mère par Contendro I), vu en CSI 5* sous la selle de Darragh Kenny, ou encore Comme-Laude W (Rhein, d'une mère par Diagonal), l'un des chevaux de tête du Néerlandais Bart Bles. Nul doute que l'étalon continuera à éblouir de son talent, cette fois-ci en tant que reproducteur!