“Mon système ne coïncide pas avec mes ambitions sportives importantes”, Kevin Staut

À l'issue de la finale par équipes des championnats d'Europe Longines de Riesenbeck, où les Bleus ont terminé sixièmes, Kevin Staut est apparu désabusé devant la presse. Auteur d'un parcours pénalisé de quatre fautes avec la jeune Visconti du Telman, qui participait à son premier grand rendez-vous, le Normand a dressé un constat amère, voire alarmant, sur la fébrilité de son sytème. Coéquipier en or, il a néanmoins salué la performance d'Olivier Robert, sixième au classement individuel provisoire.



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“Visconti est une jument qui a besoin de prendre de l’expérience, et nous le savions en arrivant ici. Je suis extrêmement déçu de mon résultat d’aujourd’hui. Je ne dis pas que nos deux premiers parcours ces deux derniers jours étaient flamboyants, mais nous tenions notre rang. Les explications peuvent être d’ordre technique, physique - car la jument était peut-être un peu fatiguée et n’a pas encore l’endurance nécessaire pour enchaîner ce genre d’épreuves -, mais le bilan est décevant. C’est toujours la même chose: je suis un cavalier d’équipe, donc je savais qu’en individuel je n’avais pas une quelconque chance de finir dans les huit premiers, mais je voulais servir l’équipe de France jusqu’au bout. J’aurais aimé que nous terminions au moins à une ou deux places de mieux que là où nous avons fini, et ça n’a pas été le cas. 

J’ai énormément de remise en question à faire sur mon système, qui ne coïncide pas avec mes ambitions sportives importantes. Aujourd’hui, je ne suis pas structuré, organisé ni fourni pour me maintenir au plus haut niveau comme j’en ai envie. Ce sont les réactions après les échecs qui doivent être faites. Je dois mener une réflexion avec les gens qui m’entourent. Je me rends compte qu’il y a des échéances à court et moyen terme, comme les championnats du monde de Herning l’année prochaine et les Jeux olympiques de Paris en 2024, et qu’en ce qui me concerne, je ne suis absolument pas en situation de pouvoir prétendre à quoi que ce soit si je ne change rien. Il faut avant tout que j’ai une réflexion intellectuelle sur ce sujet et voir ce que je peux mettre en œuvre. 

Viking (d’la Rousserie, son cheval de tête, blessé depuis le CSIO 5* de Rome fin mai, ndlr) va bien. À partir du moment où nous avons vu que le délai était trop court pour le réhabiliter pour les Jeux olympiques de Tokyo, nous avons décidé de lui laisser une longue convalescence afin qu’il puisse se rétablir du mieux possible. Nous allons essayer de le faire revenir au meilleur de sa forme la saison prochaine. C’est un cheval en lequel je crois énormément mais qui n’a pas beaucoup d’expérience, donc je n’ai pas encore pu prouver qu’il était un bon cheval de championnat, même si j’en ai profondément le sentiment. Il fait partie de ces éléments qui vont me permettre de me reconstruire. Ceci dit, il ne faut pas être naïf; aujourd’hui, il faut avoir plusieurs chevaux de cette trempe pour se maintenir au plus haut niveau, et avoir sans arrêt le sentiment qu’un plus jeune cheval arrive pour prendre la relève. Pour pouvoir se maintenir à haut niveau, mais aussi pour pouvoir tenir financièrement. Aujourd’hui, il n’y a qu’à voir mes résultats: je ne suis pas assez consistant. J’obtiens quelques classements en arrivant à faire quelques coups d’esbroufe de temps en temps, mais c’est de loin insuffisant pour être parmi les meilleurs. Ce sont des exploits répétés, alors que cela devrait être plus linéaire, plus calme, et pas une sorte “d’acharnement”. Et je veux que cela colle à mon équitation. Je ne veux surtout pas adopter une équitation d’exploitation permanente, mais une équitation évolutive et progressive. 

Olivier (Robert, actuellement sixième du classement individuel provisoire, ndlr) a fait un super championnat depuis le début, et cela se reflète dans les résultats. Il avait énormément de sécurité aujourd’hui. J’ai vu son parcours sur l’écran et cela avait l’air hyper serein! Il connaît bien son cheval. Il a une chance pour la finale individuelle de dimanche et c’est ce qui pourra sauver notre semaine... Il faut qu’il aille au bout ce qu’ils peuvent accomplir tous les deux, et montrer que même dans une période difficile, il y a des choses positives à retenir.”