Revanchards de Tokyo, les Suisses arrachent leur cinquième titre européen

La Suisse avait pris la tête des opérations hier aux championnats d’Europe Longines de Riesenbeck. Au terme d’un suspens à peine soutenable, le quatuor helvète s’est aujourd’hui offert l’or continental pour la cinquième fois de son histoire. À domicile, les Allemands n’ont rien pu faire, s’offrant tout de même l’argent avec une équipe largement renouvelée. Comme aux Jeux olympiques de Tokyo il y a près d’un mois, la Belgique se place sur la troisième marche du podium, en bronze. Déjà sixièmes hier, les Bleus n’ont pu inverser la tendance aujourd’hui.



Des larmes ont coulé aujourd’hui aux championnats d’Europe de Riesenbeck! Sur les joues de Michel Sorg d’abord, puis sur celles de Steve Guerdat ensuite. De joie, le sélectionneur de l’équipe Suisse depuis l’été 2020 a été submergé, puisque ses quatre équipiers lui ont offert un premier grand titre. Quant à lui, l’ancien numéro un mondial n’a pu empêcher un fou rire communicatif en conférence de presse, lors de laquelle Martin Fuchs s’est amusé à traduire très approximativement et non sans humour les propos de son compatriote Elian Baumann, qui ne parle que Suisse allemand.  

Pour la cinquième fois de son histoire, la Suisse a été parée d’or. Il y a eu Hickstead en 1983, Gijón en 1993, Saint-Gall deux ans plus tard, Windsor en 2009, et donc Riesenbeck en 2021. Hormis à Windsor, la Suisse était à chaque fois représentée par un membre de la famille Fuchs, à savoir Thomas en 1983 et 1993, Markus en 1995 et Martin, fils du premier et neveu du second, en 2021. Un titre qui prend des airs de famille!  

Les choses n’avaient pourtant pas idéalement débuté aujourd’hui pour les Helvètes, qui ont entamé la finale par équipes avec douze points d’Elian Baumann et l’atypique Campari Z, piégés sur la sortie du triple n°6, la délicate palanque n°11 ainsi que l’entrée du double n°12A. Impeccable hier et provisoirement quatrième en individuel, le couple, qui prend part à son premier grand championnat, s’est par la même occasion fermé les portes d’une première finale individuelle. À la suite, Bryan Balsiger a brillamment pris le relai en signant un parcours maitrisé de bout en bout avec la bien nommée Ak’s Courage, auteure d’un magnifique sans-faute. Déjà auteur d’un remarquable parcours vierge de pénalité aux Jeux olympiques de Tokyo – son premier très grand rendez-vous – avec Twentytwo des Biches, le cavalier de vingt-quatre ans se rend peu à peu indispensable dans une équipe plus que solide et prouve qu’il dispose de deux juments pour les championnats d’envergure. La classe!


À vingt-quatre ans seulement, Bryan Balsiger assoit encore sa place dans l'équipe suisse. © Scoopdyga

 

Juché sur le crackissime Leone Jei, qui déroule malgré la tendresse de ses neuf printemps, Martin Fuchs a quant à lui délivré une véritable démonstration, laissant un peu d’air à Steve Guerdat, le pilier de l’équipe. À son entrée en piste, le champion olympique de Londres avait droit à sept points pour ne pas laisser filer l’or à l’Allemagne. Si le cavalier est habitué à la pression, le point d’interrogation restait le comportement d’Albfuehren’s Maddox, qui court sa toute première saison à haut niveau. Et le bai, acquis aux écuries Grevlunda de Peder Fredricson, a été à la hauteur! Devant des tribunes complètement muettes face à l’enjeu, l’étalon de dix ans et Steve Guerdat n’ont pêché que sur l’oxer n°9, franchissant la ligne d’arrivée sous les clameurs d’un public au très bon esprit. Si les représentants du drapeau rouge à la croix blanche sont rentrés des Jeux olympiques déçus de leur cinquième place, ils peuvent se réjouir de ce succès, d’autant qu’ils comptaient quatre chevaux n’ayant jamais connu de championnat jusqu’alors! 


Avec un peu plus de trois points de retard, les Allemands ne sont pas passés si loin du titre et se parent d’argent. La Mannschaft a été mise sur de bons rails par Andreas Kreuzer, déjà sans-faute hier avec l’aérienne DSP Chakaria et meilleur représentant germanique à ce stade de la compétition. Le couple abordera d’ailleurs la finale individuelle au deuxième rang dimanche, derrière Martin Fuchs et devant le Belge Pieter Devos. Réserviste de luxe finalement intégré à l’équipe après le forfait de Maurice Tebbel, Marcus Ehning a lui aussi fait montre de toute la superbe de son jeune Stargold, impeccable de bout en bout. Bien lancé jusqu’alors, Christian Kukuk a quant à lui péché sur la sortie du triple sur Mumbai, tandis que David Will a laissé l’entrée du double de verticaux à terre avec C Vier. Eux aussi seront de la finale individuelle dimanche! 

Déjà en bronze à Tokyo, les Belges ont fait de même aujourd’hui avec une équipe cent pour cent différente. C’est dire si le réservoir du Plat (et petit) Pays est dense! Le quatuor de Peter Weinberg n’a pas touché la moindre barre aujourd’hui. Pieter Devos et Nicola Philippaerts n’en ont d’ailleurs touché aucune de la finale par équipes, respectivement sur Jade vd Bisschop et Katanga vh Dingeshof. 


Steve Guerdat levant le poing en réalisant qu'il a offert l'or à la Suisse. ©Scoopdyga

 



La Suède passe à côté, les Bleus loin du podium

Idéalement lancés mercredi au terme de la Chasse, les Suédois ont vécu un sacré coup dur aujourd’hui. Après avoir fait un pas en arrière hier lors de la première manche, les Hommes d’Henrik Ankarcrona ont finalement dû se contenter d’une quatrième place, malgré un sans-faute presque insolent de facilité de Peder Fredricson avec Catch Me Not S. Douglas Lindelöw, Angelica Augutsson Zanotelli et Rolf-Göran Bengtsson ont tous trois quitté la piste avec deux fautes, respectivement sur Casquo Blue, Kalinka van de Nachtegaele et Ermindo W. Avec une équipe jeune dont l’âge moyen est de vingt-huit ans, l’Irlande peut se féliciter des parcours de Daniel Coyle et Eoin McMahon, fautifs à une reprise au terme des deux manches avec Legacy et Chacon 2. Voilà une nation qui sait miser sur le sang neuf!  


Peder Fredricson a signé le seul sans-faute suédois aujourd'hui, qui lui permet de figurer au cinquième rang individuel. © Scoopdyga

Sixièmes après la première manche hier, la France n’a hélas pas réussi à inverser la tendance cet après-midi, restant à douze points du podium. Après une remarquable entame, Pénélope Leprevost et Excalibur de la Tour Vidal*GFE ont emmené l’ultime oxer n°13. Une faute rageante, mais l’amazone normande met en avant l’expérience prise par son gris, encore jeune à ce niveau, qui participait ici à son premier grand rendez-vous.  


Fautif dans le double hier, Quel filou 13 a aujourd’hui été piégé sur la sortie du triple Longines. En fin d’épreuve, Mathieu Billot a expliqué que les combinaisons étaient trop courtes pour son cheval à l’immense amplitude. Impressionnant depuis le début du championnat, Olivier Robert n’a rien lâché et a monté chacun de ses sauts comme s’il s’agissait du dernier. Sur un Vivaldi des Meneaux qu’il a trouvé un peu plus éprouvé qu’hier, l’Aquitain a arraché un magnifique sans-faute. Si la France n’avait déjà plus rien à jouer par équipes, le couple s’est offert une place dans la finale individuelle, dans laquelle ils seront les seuls représentants tricolores. Le hongre, propriété de Valérie Cougouille, et celui qui participe à son premier championnat à quarante-cinq printemps, pointent au sixième rang, à moins d’une barre de l’or.  

Plutôt bien lancé depuis le début du championnat, Kevin Staut a vu tous ses efforts s’écrouler aujourd’hui. Le fin technicien a essuyé quatre fautes avec Visconti du Telman, sur l’entrée du triple n°6, le vertical n°8 en bout de ligne, l’oxer suivant, ainsi que l’entrée du double n°12. Désabusé, le Normand compte engager une remise en question de son système, comme il l’a confié en fin d’épreuve.  

 

Olivier Robert sera le seul représentant français en finale individuelle dimanche. © Scoopdyga

 

Dimanche, seuls les vingt-cinq meilleurs couples depuis le début du championnat pourront s’élancer dans la finale individuelle. En tête grâce à Martin Fuchs, les Suisses auront trois chances d’obtenir de nouvelles médailles, contre quatre pour la Belgique. Courant en individuel depuis le début de la compétition, la Grecque Ioli Mytilineou abordera cet ultime acte à une presque incroyable quatrième place. N’ayant participé qu’à cinq CSI labellisés 5* dans toute sa carrière, l’amazone de vingt-quatre ans a une fois de plus délivré un parcours remarquable de facilité avec le puissant et aérien Levis de Muze. Pour son tout premier grand championnat, le couple pourrait bien créer la surprise et faire partie des plus grands. De son propre aveu, la cavalière peine à y croire!   


Les résultats par équipes ici  

Les résultats individuels ici