“Nos cavaliers, aussi bons soient-ils, ont besoin de chevaux à la hauteur de leur talent”, Thierry Pomel

À l'issue de la finale par équipes des championnats d'Europe Longines de Riesenbeck, où l'équipe de France a terminé sixième, Thierry Pomel dresse le constat de ces trois premiers jours de compétition. Évidemment déçu, le sélectionneur des Bleus dresse le bilan de ces Jeux et de l'état des effectifs tricolores.



“Je ne peux pas dire que le bilan est positif car on ne peut pas se satisfaire d'une sixième place pour une nation telle que la France. Mais à la fin, c'est le reflet de ce qu'est l'état des troupes françaises à l'heure actuelle. Après les Jeux olympiques de Rio de Janeiro en 2016, il y a eu un changement générationnel en termes de chevaux. Les cavaliers, nous les avons, et je les soutiendrai toujours. Je connais leur travail, leur investissement et leur ligne de conduite, et ils répondent toujours présent. Mais nos cavaliers, aussi bons soient-ils, ont besoin de chevaux à la hauteur de leur talent. Il faut qu'une réflexion soit menée en vue des Jeux olympiques de Paris 2024. Nous avons la chance d'accueillir les JO dans trois ans et je souhaite à ces cavaliers, à travers l'engagement de leurs propriétaires et des éleveurs, que l'on se pose les bonnes questions pour que nos cavaliers aient des chevaux pour prétendre à décrocher une médaille en championnat. Quelle solution existe-t-il pour que l'on puisse garder les chevaux en France? Nous sommes un pays de cheval, nous avons des cavaliers très présents dans les plus grandes compétitions. Aujourd'hui, je mets en alerte notre fédération: les JO de Paris se préparent dès maintenant. J'émets une grande inquiétude au sujet de ces Jeux.

Après la grande déception que nous avons connue à Tokyo, et il fallait rester optimistes car c'est ce qui nous fait avancer et progresser, mais il ne fallait pas non plus se voiler la face... Pénélope Leprevost débutait à ce niveau avec Excalibur de la Tour Vidal*GFE, qui avait déjà disputé trois bonnes Coupes des nations. Le cheval est loin d'avoir fait un mauvais championnat. Il s'est endurci. 

Olivier Robert dispute son premier grand championnat. J'ai fait le choix de nommer Olivier titulaire de cette équipe plutôt que Grégory Cottard pour une raison simple: Olivier a déjà beaucoup d'expérience, a participé de grandes compétitions comme la finale des Coupes des nations de Barcelone, à des finales de la Coupe du monde. Le moment était venu, avec Vivaldi, qui avait montré de belles choses, de rentrer dans l'équipe. La preuve en est! Sa sixième place provisoire est la bonne surprise et je lui souhaite vraiment du succès dimanche. Mais au point où il en est, c'est déjà très bien et il a rempli son contrat pour moi. 

En choisissant Kevin Staut avec Visconti, j'avais choisi de miser sur l'expérience de Kevin. On sait le sportif et le cavalier qu'il est, et on connaît sa solidité. Malheureusement, nous avons vu les limites de sa jument. Après sa première faute, cette dernière a jeté l'éponge. Nous lui avons demandé beaucoup d'efforts, et arrivé au troisième parcours, ça n'est pas passé.

Mathieu (Billot, ndlr) revient des Jeux olympiques et n'a plus rien à prouver. Il a monté magnifiquement bien. Hélas, la distance en sortie de triple était très, voire simplement trop, courte pour son cheval Quel Filou 13. Ce dernier a malgré tout très bien sauté! Durant la quinzaine de jours passés à Tokyo, Mathieu a vraiment mûri dans son équitation, et ça lui a fait beaucoup de bien. Nous pouvons aujourd'hui parler d'un pilier de l'équipe de France avec Quel Filou. Le cheval a quinze ans, donc il faut qu'il reste en forme.

Quant à Grégory Cottard, je l'ai choisi comme réserviste pour des raisons simples. Sa jument, Bibici, est une véritable pépite, montre de belles choses et attise les convoitises. Grégory a su l'amener à ce niveau et ils forment un vrai couple tous les deux. J'adore voir ça car c'est une très belle histoire en plus! Ma décision, et croyez-moi qu'elle a été lourde, a été motivée car je ne voulais pas faire de mal à ce couple. Grégory a besoin de se peaufiner encore et d'emprunter des chemins un peu plus durs avant que son heure arrive. Je pensais que des championnats d'Europe seraient un peu risqués car je ne voulais pas mettre cette entente en péril. J'espère que Grégory l'a compris. Nous avons beaucoup parlé ensemble. C'est évidemment frustrant pour lui, mais s'il a un peu de patience, je pense que ses efforts devraient payer et je lui souhaite. Il reste encore de belles échéances, et le moment viendra pour qu'il soit très utile en équipe de France.