Andre Thieme décroche son plus grand titre devant les déjà légendaires Martin Fuchs et Peder Fredricson

Andre Thieme n’avait beau pas être attendu au tournant dans ces championnats d’Europe Longines de Riesenbeck, l’Allemand a montré à tous les sceptiques qu’ils avaient tort. Après des Jeux olympiques manqués il y a un mois, lui et son agile DSP Chakaria ont montré une solidité remarquable, qui les a menés sur le toit de l’Europe devant des tribunes conquises. Deux ans après son titre continental décroché à Rotterdam, Martin Fuchs a aujourd’hui ajouté une nouvelle médaille à sa collection grâce à l’excellent Leone Jei, pour qui le plus beau est certainement à venir. En haut de l’affiche à Tokyo, Peder Fredricson a cette fois arraché le bronze sur le délicat Catch Me Not S. Pour Olivier Robert et son Vivaldi des Meneaux, le championnat s’est conclu avec une très encourageante quinzième place. 



En Allemagne, Andre Thieme est une tête connue, notamment pour avoir remporté les Coupes des nations CSIO 5* de Falsterbo en 2016 avec Conthendrix, celle de Calgary en 2018 avec Aretino 13, plus récemment celle de Sopot avec DSP Chakaria, en juin, ainsi que le Grand Prix CSI 5* à un million de dollars à Saugerties en septembre 2017, encore avec Conthendrix. Assurément, ce longiligne et souriant blond de quarante-six ans s’est fait connaître plus largement et a écrit la plus belle ligne de son curriculum aujourd’hui en rentrant dans l’histoire des championnats d’Europe Longines de Riesenbeck. Sur l’aérienne alezane de onze ans DSP Chakaria (DSP, Chap 47 x Askari 173), il a en effet décroché l’or avec la manière. Dix-septième après la Chasse, le couple n’a pas touché la moindre barre des trois parcours qui ont suivi. Leur seule erreur du championnat a été de laisser l’entrée du triple n°4 de la deuxième manche de la finale par équipes à terre. Comment leur en vouloir tant l’abord et le franchissement de cette gigantesque combinaison étaient délicats? 


Avec une seule barre à terre, Andre Thieme et DSP Chakaria ont survolé le championnat. © Scoopdyga 

Déjà sélectionné pour les Jeux olympiques de Tokyo il y a un mois, les nouveaux champions d’Europe y avaient signé des parcours à quatre, huit et un points. “Tokyo est arrivé trop tôt, nous pensions que nous pourrions y faire mieux”, a avoué Andre Thieme en conférence presse. Au Japon, lui et son alezane ont toutefois beaucoup appris et cette expérience leur a sans conteste été utile au cours de ces cinq jours de championnat. “Ce matin, elle était vraiment très fraiche donc je me suis dit que c’était déjà un bon signe pour la finale”, a aussi lâché le nouveau champion d’Europe, faisant aussi une déclaration à peine exagérée à sa jument bien aimée. “Je suis béni de pouvoir compter sur Chakaria. Je dis souvent que j’aime autant cette jument que ma femme”, a-t-il plaisanté à l’issue de la compétition. Blagueur, Andre Thieme a aussi raconté une scène qu’il a vécu après la médaille d’argent par équipes qu’il avait déjà décroché vendredi. “Samedi, Martin (Fuchs, qui a décroché l’or par équipes avec la Suisse, ndlr) est venu me féliciter. Je lui ai dit que j’étais un peu déçu de ne pas avoir gagné l’argent. Il m’a répondu « Parce que vous pensiez vraiment pouvoir nous battre ? » (rires), a plaisanté Andre Thieme. Celui-ci est le quinzième allemand à décrocher l’or individuel aux championnats d’Europe, les derniers en date étant les inoubliables Meredith Michaels-Beerbaum et Shutterfly à Manheim, en 2007. 

Andre Thieme est entouré par deux champions habitués des podiums, Martin Fuchs et Peder Fredricson. © Christophe Tanière/FEI

Idéalement lancé avant le coup d’envoi de la compétition aujourd’hui, puisqu’il figurait en tête avec 1,31 point, Martin Fuchs n’a donc pas pu faire aussi bien que lors de son sacre il y a deux ans à Rotterdam avec Clooney 51. Cette fois sur le si jeune mais tout aussi prometteur Leone Jei, l’Helvète a fauté en première manche sur l’oxer doré n°9, placé après la rivière, puis sur la redoutable entrée de triple lors du second acte. En argent pour un tout premier championnat avec ce gris que l’on devrait revoir en haut de l’affiche, Martin Fuchs repartira de Riesenbeck avec une cinquième médaille en grand championnat Seniors. À seulement vingt-neuf ans, il fait déjà incontestablement partie de l’histoire des sports équestres… comme un certain Peder Fredricson. Déjà auréolé d’or par équipes et d’argent individuel aux Jeux olympiques de Tokyo grâce au formidable H&M All In de Vinck, le Suédois avait cette fois misé sur Catch Me Not S, qui l’avait déjà mené sur la troisième marche du podium lors de la finale de la Coupe du monde Longines de Göteborg, en 2019, avec la complicité du fameux All In lors de l’épreuve d’ouverture. Aujourd’hui, l’homme au mental d’acier et son atypique gris ont d’abord signé un sublime sans-faute, avant d’écoper de cinq points. Une foulée rajoutée à l’abord du vertical n°2 les ont menés à la faute et à une pénalité de temps. Cinq points qui les ont rétrogradés en bronze. Après quatre médailles olympiques, une mondiale et deux européennes, Peder Fredricson a aujourd’hui montré avec la classe qui le caractérise qu’il est l’un des plus grands athlètes que les sports équestres connaissent. 

 

À neuf ans seulement, Leone Jei a réalisé un magnifique championnat sous la selle de Martin Fuchs. © Scoopdyga

 

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Ioli Mytilineou a conquis tous les cœurs

Il ne fait pas l’ombre doute que la révélation de ces championnats d’Europe a été Ioli Mytilineou et son renversant Levis de Muze, surprenants troisièmes à l’aube de la deuxième manche de cette finale mais finalement douzièmes du championnat. Pour leur première grande échéance, la Grecque de vingt-quatre ans et son fils d’Elvis Ter Putte ont conquis tous les cœurs, y compris celui de l’organisateur Ludger Beerbaum. C’est dire! “Je les ai admirés toute la semaine et je les admire toujours. Cette cavalière grecque nous a montrés une belle équitation, basée sur une relation de confiance avec son cheval. Les difficiles parcours de Frank Rothenberger semblaient tellement faciles pour eux ! Au début de de leur dernier tour, tout semblait parfait; le cheval volait littéralement”, a-t-il lâché. 

Puis, cette fichue entrée de triple n°4 est venue anéantir les rêves de médaille de la jeune amazone. Sûrement un peu loin de cet obstacle, Levis de Muze s’est figé en plein saut, commettant une très grosse faute. Sans aucune chance de franchir le deuxième élément, le couple est sorti du triple et Ioli Mytilineou a préféré abandonner, sautant le n°3 pour conclure sur une bonne note. “Peut-être que la cavalière - à qui je n'ai pas parlé donc ce n'est qu'une impression - a presque été un peu euphorique vu le début de son parcours, donc son cheval n'a pas décollé devant le triple. C'est dommage et ce n'était vraiment pas mérité. C'est le sport! Elle n'a pas encore l'expérience d'un Peder Fredricson ou d'un Martin Fuchs, cela peut l'expliquer. En tout cas, avoir abandonné afin de préserver son cheval était vraiment la meilleure décision possible. Je suis sûr que nous la reverrons très vite dans les plus belles épreuves”, a ajouté Ludger Beerbaum. Adoubés par l’un des plus grands, c’est dire si cette cavalière et cet étalon ont de l’avenir. 

Ioli Mytilineou ont fait chavirer tout le monde cette semaine. © Scoopdyga

 

À domicile, puisqu’il est l’un des élèves de Ludger Beerbaum, dont l’organisation du championnat a unanimement été saluée, Christian Kukuk a aujourd’hui été l’un des meilleurs, ne laissant que la sortie du double à terre en première manche. Avec Mumbai, un fils de Diamant de Semilly de neuf ans seulement, l’Allemand conclut donc la semaine avec une médaille par équipes et une quatrième place individuelle. Là encore, son mentor lui a tiré un coup de chapeau mérité! 

Avec de très sérieuses chances de médailles, les Belges Pieter Devos et Nicola Philippaerts, respectivement sur Katanga vh Dingeshof et Jade vd Bisschop, concluent finalement le championnat aux cinq et sixième places. Ils peuvent se consoler grâce au bronze pour lequel ils ont œuvré vendredi.
Dans ce championnat, la jeunesse irlandaise a aussi été au rendez-vous puisque Eoin McMahon – lui aussi élève de Ludger Beerbaum – et Daniel Coyle se placent huit et dixième avec Chacon 2 et Legacy. L’Île Verte a de la ressource! De son côté, Steve Guerdat n’a pu aller au bout du second parcours. Déjà un peu apeuré par le mur de palanques dans la Chasse, qu’il a de nouveau un peu regardé aujourd’hui, le jeune Albfuehren’s Maddox a refusé de sauter l’avant-dernier obstacle du championnat, un mur Longines. Malgré cette élimination, le bai aura engrangé une sacrée expérience et repartira de cette semaine grandi à n’en pas douter. 

Olivier Robert et Vivaldi des Meneaux repartent grandis de cette première échéance continentale. © Scoopdyga

 

Unique représentant tricolore aujourd’hui, ses trois coéquipiers n’ayant pas passé le cut, Olivier Robert a fauté en début de premier manche avec Vivaldi des Meneaux. Une barre de l’oxer n°3 a en effet été délogée de ses taquets par le bai brun, propriété de Valérie Cougouille. Fautive à de nombreuses reprises, l’entrée du double n°10 s’est également dérobée après leur passage. Non qualifié pour le deuxième acte, le couple conclut son tout premier championnat avec une très honorable quinzième place. Là encore, l’expérience engrangée par le Girondin et son hongre devrait leur servir pour la suite, qu’on leur souhaite radieuse. 

Ce dimanche ensoleillé clôt donc cinq jours de compétition pleine de suspens, organisée avec maestria et dans un temps record, dans des installations superbes, face à un public venu en nombre et comblé par une victoire allemande. Pour rappel, Ludger Beerbaum avait manifesté sa volonté de recevoir l’échéance en août 2020 et reçu le feu vert de la Fédération équestre internationale (FEI) en octobre. Après trois mois de recherche de partenaires, l’officialisation s’est faite fin janvier. Délivrer un tel événement en si peu de temps relève de l’exploit, et pour cela, bravo au Kaiser Ludger Beerbaum et ses équipes!

Les résultats ici

Andre Thieme a conclu la plus belle semaine de sa carrière avec une douche de champagne. © Christophe Tanière/FEI