“L’an passé, face à la pandémie, nous avons dû licencier cent personnes à Spruce Meadows”, Linda Southern-Heathcott
Ce week-end, Calgary accueille une troisième semaine consécutive de compétition internationale de niveau 5*. Point d’orgue de cette tournée, le Grand Prix du Masters (CSIO 5*), dimanche, a sacré Steve Guerdat et Vénard de Cerisy. Alors que le monde fait face à la pandémie de Covid-19 depuis plus d’un an et demi, les organisateurs de concours doivent se plier à de nombreuses mesures imposées par les gouvernements. Linda Southern-Heathcott, présidente et directrice générale de Spruce Meadows, revient sur cette organisation complexe.
Vous avez dû être ravie de voir votre CSIO 5* se dérouler quasi-normalement après son annulation l’an dernier, en raison de la pandémie de Covid-19...
Effectivement, nous sommes comblés de voir concourir tous ces cavaliers et chevaux, même si il n’a pas été facile d’en arriver là. Depuis le week-end passé, nous sommes autorisés à recevoir deux mille spectateurs par jour. Nous avons pris la décision de n’accepter que les personnes entièrement vaccinées. Évidemment, il y a eu beaucoup de démarches à accomplir, requises par le gouvernement canadien. Les seize à dix-huit derniers mois ont été durs, mais nos efforts sont aujourd’hui récompensés par la présence des cavaliers et chevaux.
Comment résumeriez-vous les dix-huit derniers mois ?
Les deux mots qui me viennent à l’esprit sont “ténacité” et “flexibilité”, deux atouts vitaux pendant cette période. Avec la pandémie de Covid-19, tout a dû passer par le Gouvernement. Il a donc fallu faire preuve d’énormément de patience et de persévérance. Tout n’a pas été sans mal, il a fallu surmonter beaucoup de problèmes, composer avec les décisions gouvernementales et les difficultés occasionnées par le virus. Bien sûr, tous les pays du monde ont imposé des restrictions, mais celles-ci étaient particulièrement strictes ici, au Canada. Nos frontières se sont fermées et n’ont rouvert qu’il y a cinq jours.
Nous avons effectué une première demande en février auprès des autorités de notre province de l’Alberta, ce qui nécessitait de remplir un document de cent pages comprenant un plan dépendant du Covid-19. Ces mesures doivent être validées par les autorités médicales de la province, et par la médecin hygiéniste en chef, Deena Hinshaw. Nous n’avons obtenu le feu vert des autorités que le 6?juin. Le 18 juin, nous avons reçu l’aval du ministère, que nous avons dû présenter aux autorités fédérales chargées d’émettre une “exemption au titre de l’intérêt national”, pour laquelle il faut obtenir l’approbation de quatre ministères différents: le Patrimoine, chargé des événements sportifs, la Santé, l’Immigration, pour le passage des frontières, ainsi que l’Emploi et l’Économie. En plus de la permission de ces ministères, nous avons dû obtenir un autre document autorisant l’entrée sur le site de Spruce Meadows. Si je devais donc choisir un seul mot pour caractériser cette période, ce serait donc la patience!
Quels efforts avez-vous dû faire avec votre équipe pour rendre cet événement possible ?
L’épidémie de Covid-19 a été très difficile à vivre. Dès l’instant où nous avons appris qu’il serait impossible d’organiser le moindre événement en 2020, nous avons su que nous serions très fortement affectés. Nous avons subi une perte de 90% de notre chiffre d’affaires, et nous avons dû licencier cent personnes, dont certaines travaillaient avec nous depuis plus de vingt ans. Nous n’avons gardé que trente personnes : dix à l’administration, dix dans la gestion de l’écurie, et dix dans l’exploitation et l’entretien du site. Le personnel administratif a travaillé très, très dur. Conor Charlton, responsable des compétitions, s’est chargé de la demande auprès du gouvernement. Il a travaillé d’arrache-pied et il est resté positif tout du long. L’équipe, dans son ensemble, s’est serré les coudes et a réussi à accomplir des miracles, mais cela n’a pas été facile tous les jours. J’ai énormément de respect et d’admiration pour l’ensemble de notre personnel.