À Aix-la-Chapelle, Daniel Deusser prend le pas sur le prodige Brian Moggre pour s’offrir le Grand Prix de ses rêves
Cet après-midi, Daniel Deusser a enfin empoché le Grand Prix du CHIO d'Aix-la-Chapelle, derrière lequel il courait depuis plus de dix ans! Accompagné de sa Killer Queen, qui faisait son retour après sa participation aux Jeux olympiques de Tokyo début août, l'Allemand a devancé le jeune et prodigieux Brian Moggre, en selle sur le génial Balou du Reventon, et Grégory Wathelet, accompagné de son fidèle Nevados. Une fois de plus dans ce Grand Prix, les Bleus ont hélas manqué de chance, mais ont réalisé de splendides prestations!
Dans le mythique Grand Prix du CHIO d’Aix-la-Chapelle, Daniel Deusser avait déjà réussi à terminer vingt-quatrième en 2009, vingtième en 2010, quatrième en 2013, quatrième à nouveau en 2014, puis deuxième en 2015, huitième en 2016 et deuxième en 2019 avec ses chevaux de tête successifs Aboyeur W, Caballero 84, Cornet d’Amour et Scuderia 1918 Tobago Z. Cet après-midi, alors même qu’il a revêtu la dure position d’ouvreur du barrage, l’Allemand a choisi de ne plus laisser passer sa chance et a triomphé dans la grandiose étape allemande du Rolex Grand Slam, temple sacré du saut d’obstacles.
Trente-cinquième au départ de la première manche, le jeune quadragénaire - il a fêté ses quarante ans le 13 août et semble fort bien les vivre - a déroulé un splendide sans-faute avec Killer Queen VDM. Celle qui l’avait accompagné aux Jeux olympiques de Tokyo début août, où ils avaient terminé dix-huitièmes en individuel et neuvième par équipes, a réitéré sa performance dans la manche suivante, qu’ils ont achevée avec un nouveau compteur vierge. Au barrage, que les deux complices ont dû ouvrir, rien n’a tremblé. Ou si, les tribunes du stade équestre de la Soers ! Le public, toujours très sportif mais bien envieux d’une victoire allemande, a porté et encouragé son seul représentant national qualifié pour le barrage, le menant jusqu’à la victoire. “En tant qu’Allemand, remporter ce Grand Prix était évidemment un objectif de carrière, d’autant que j’en étais passé tout près déjà deux fois”, a réagi le nouveau tenant du titre d’Aix-la-Chapelle, qui est devenu le dix-neuvième allemand à remporter ce Grand Prix!
Brian Moggre n’en finit plus d’épater son monde...
Décrocher ce Grand Prix était également le rêve de Brian Moggre, que l’Allemand a relégué au second plan pour trois dixièmes de seconde de différence. “Monter à Aix-la-Chapelle était un rêve depuis que je suis tout petit, car j’ai regardé ce concours tellement de fois à la télévision...”, confirme le jeune Américain, le sourire jusqu’aux oreilles et les yeux pétillants. Tout juste âgé de vingt ans, qu’il a célébrés le 7 août, le prodigieux cavalier a bouclé deux superbes sans-faute aux rênes du génial Balou du Reventon, qui performait sous la selle de Darragh Kenny jusqu’en fin d’année dernière, et dont la propriétaire a souhaité l’équiper. Dernier à s’élancer au barrage, le pilote est allé vite, très vite, mais passez pour ravir la victoire... L’histoire aurait été trop belle, deux jours après avoir signé un double zéro et remporté sa toute première Coupe des nations labellisée 5* avec l’équipe américaine! Brian Moggre s’est tout de même satisfait de cette deuxième place, lui qui n’évolue sur la scène internationale que depuis 2018. Contrairement à Daniel Deusser, le “prodige américain”, qui s’est révélé au plus haut niveau en mars 2019 en remportant avec brio le Grand Prix de Coupe du monde du CSI 3*-W d’Ocala, aux États-Unis, puis celui du CSI 4*-W de Lexington, participait pour la première fois à son CHIO d’Aix-la-Chapelle. Impressionnant de sérénité et de finesse, et franchement calé techniquement pour son jeune âge, Brian Moggre est déjà devenu un grand du saut d’obstacles.
Derrière Daniel Deusser et Brian Moggre, des couples stars doivent se contenter des restes...
Pilier de l’équipe belge, Grégory Wathelet, qui avait déjà remporté ce Grand Prix en 2017 avec sa formidable Corée, a dû se contenter d’une troisième place bien méritée. Médaillé de bronze par équipes aux Jeux olympiques de Tokyo aux rênes de son même Nevados S, le cavalier, vingt-troisième du classement mondial Longines, a comme d’habitude déroulé deux parcours parfaits, sans faire le show, avant de boucler le dernier des triples zéros. Fortement attendus, s’agissant de leur première grande sortie depuis leur triomphe japonais, les champions olympiques Ben Maher et Explosion W ont fini à la frustrante quatrième place après avoir fauté sur la sortie du double lors du barrage, en dépit d’un chronomètre plus rapide d’environ une seconde. On notera que le couple aura tout de même eu la chance avec eux au premier tour, l’une des barres de l’oxer du milieu du triple ayant littéralement rebondi sur les taquets... Son coéquipier Scott Brash, héros du Rolex Grand Slam depuis qu’il a réussi l’exploit d’en remporter les trois étapes d’affilée, a péché au même endroit avec Hello Jefferson. Laura Kraut et Baloutinue sont également sortis avec quatre points de leur dernier passage, tout comme Jérôme Guéry et Quel Homme de Hus, qui ont failli dès le début de leur parcours.
D’autres ténors, comme Martin Fuchs et Steve Guerdat, associés à Leone Jei et Venard de Cerisy, n’ont hélas même pas été invités au bouquet final – une petite déception pour ce dernier, qui venait de remporter le Grand Prix du CSIO 5* de Calgary le week-end dernier et pouvait donc prétendre au fameux bonus de 500 000 euros!
Il n’a pas manqué grand-chose aux Bleus...
Malchanceux dans ce mythique Grand Prix depuis fort longtemps, Marcel Rozier restant le seul à l’avoir empoché en 1971 avec Sans Souci, les Français n’ont toutefois pas à pâlir de leur prestation. Meilleur d’entre eux, Kevin Staut, qui avait fini deuxième de ce même Grand Prix en 2011 avec l’inoubliable Silvana*HDC, a terminé seizième avec Tolède de Mescam*Harcour. Signataire d’une excellente première manche, entachée d’une faute sur l’oxer en milieu de triple, l’étonnante fille de Mylord Carthago*HN n’a pas su confirmer en seconde manche, la quittant avec trois fautes. Auteur d’un magnifique double sans-faute jeudi dans la Coupe des nations, dans laquelle la France a terminé troisième, Marc Dilasser n’est pas passé loin. Associé au même Arioto du Gevres, le Normand a hélas péché sur la sortie du triple, placé en avant-dernière position. La fin de parcours, qui a concentré l’essentiel des fautes, a aussi été fatale pour Nicolas Delmotte. Aux rênes d’un Urvoso du Roch peut-être un poil plus contracté qu’il y a deux jours, lorsqu’il avait remporté l’épreuve phare du vendredi, le Nordiste a buté sur le milieu du triple.