“Les Anglo-Arabes sont toujours sur les podiums!”, Alain James

Alain James, président de l’Association nationale de l’Anglo-Arabe (ANAA), qui gère le stud-book de la race, revient sur l’édition 2021 des Journées internationales de l’Anglo-Arabe, qui se sont déroulées du 9 au 12 septembre à Pompadour, en Corrèze, en parallèle des finales des Cycles classiques et libres de concours complet de la Société hippique française. Il parle également de la situation actuelle de la race.



Quel bilan tirez-vous de l’édition 2021 des Journées internationales de l’Anglo-Arabe?

Le bilan est très bon. D’abord, nous avons eu de la chance avec le temps: il a plu un peu en début de semaine, puis il a fait beau, ce qui est important pour le public. Nous avons accueilli beaucoup de monde et beaucoup de participants, vu un très bon lot de chevaux présentés, et assisté à pléthore de ventes. On ne peut être que satisfait quand cela se passe comme ça.

Qui sont aujourd’hui les acheteurs de chevaux Anglo-Arabes?

D’une manière générale, il y a les cavaliers de concours complet, parce que les Anglo-Arabes brillent dans cette discipline, de manière presque étonnante compte tenu de nos effectifs. Il y a toujours des Anglos qui s’illustrent dans les grandes compétitions, comme aux Jeux olympiques de Tokyo, où Vassily de Lassos (Jaguar Mail x Jalienny) a offert à l’Australien Andrew Hoy la médaille d’argent par équipes et le bronze en individuel. Aux championnats d’Europe Juniors et Jeunes Cavaliers, il y avait encore cinq Anglos sur les douze chevaux sélectionnés en équipe de France. À Pompadour, les cavaliers en profitent un peu pour faire leurs emplettes, achetant surtout des chevaux de deux et trois ans. Et puis, il y a une clientèle étrangère, notamment allemande, qui vient acheter surtout des poulains sous la mère: parfois des femelles, mais surtout des mâles en race pure avec une bonne génétique. 

Lin’go de Crabille (AA, Djaros de Leyre x David de la Brunie).

Lin’go de Crabille (AA, Djaros de Leyre x David de la Brunie).

© Anaïs Levé



Comment se porte actuellement la race, en termes de production?

Actuellement, nous comptons six cent soixante-dix à six cent quatre-vingts naissances, dont environ deux cent cinquante pour la filière des courses. Notre production avait considérablement diminué il y a une quinzaine d’années, mais la tendance s’est inversée depuis quelques années, avec une croissance de l’ordre de 5% par an. Depuis quatre ou cinq ans, nous avons mis en place un programme de soutien à la race pure, avec des primes, des encouragements et des labellisations, qui semble porter ses fruits. À une époque, nous avions deux mille naissances par an. Nous ne reviendrons jamais à un tel niveau, mais il est quand même encourageant de voir que cela remonte un peu. Et sur ce petit effectif d’environ quatre cent cinquante, puisqu’environ un tiers des naissances sont à orientation courses, nous continuons à produire des champions de complet et d’endurance, discipline où un Anglo a récemment été médaillé de bronze par équipes aux championnats du monde Jeunes Cavaliers. L’Anglo-Arabe une petite race étonnante, dans le sens où avec quelque quatre cent cinquante naissances pour le sport, contre six mille pour le Selle Français, soit 8%, elle est toujours sur les podiums. C’est une petite race qui s’accroche!

Son problème est que, en tant qu’améliorateur reconnu par de nombreux stud-books, il est beaucoup utilisé en croisements, si bien que la race pure s’étiole. En race pure, on compte environ quatre cent cinquante naissances, dont environ deux cents pour le sport. Ce n’est pas énorme, mais cela remonte grâce aux encouragements. Ces chiffres ne sont pas satisfaisants dans le sens où cela pourrait aboutir à une base génétique pas suffisamment large. À ce sujet, nous ne rencontrons pas encore de graves problèmes de consanguinité. En effet, notre race étant internationale, nous pouvons nous tourner vers l’étranger s’il nous faut du sang un peu différent.

La section 3, où l’on tolère d’autres géniteurs, avec un minimum de 12,5% de sang Arabe, et qui permet d’utiliser les bonnes souches d’autres stud-books, à dose homéopathique, était un mal nécessaire, car cela accélère le progrès génétique pour le sport. Qu’on approuve cette orientation ou pas, un cheval comme Upsilon (Canturo et O’Vive, AA x Fusain du Defey), par exemple, promeut indéniablement l’Anglo-Arabe dans le monde entier, et il présente quand même beaucoup des caractéristiques de notre race. 

Comment se porte le marché de l’Anglo-Arabe?

Très bien. Aujourd’hui, on assiste à un phénomène étonnant: nous recevons beaucoup de demandes et n’avons pas assez de chevaux à vendre. Du coup, une partie de la demande se porte sur les chevaux voués aux courses. Les clients achètent des réformés, qui sont très intéressants pour des disciplines comme le complet. Du coup, les prix ont augmenté. Tout cela bénéficie globalement à la race, comme ses résultats sportifs.

Ivresse du Vialard (AA, Cestuy La de Lesques x Iago C).

Ivresse du Vialard (AA, Cestuy La de Lesques x Iago C).

© Anaïs Levé