La France repart sans médaille mais avec des promesses de championnats d’Europe dominés sans partage par les Britanniques

Les championnats d’Europe de concours complet se sont achevés sur un triomphe de la Grande-Bretagne, en or par équipes et de toutes les couleurs en individuel grâce à Nicola Wilson, Piggy March et Sarah Bullimore, cet après-midi à Avenches, en Suisse. Comme il y a deux ans à Luhmühlen, la France, en position de remporter deux médailles, est repartie sans la moindre récompense… Finalement cinquièmes derrière l’Allemagne, en argent, la Suède, en bronze, et la Suisse, les Bleus peuvent se consoler avec les prometteuses performances de Maxime Livio, sixième sur Api du Libaire, Luc Château, douzième avec Troubadour Camphoux, et Stanislas de Zuchowicz, à son avantage avec le jeune Covadys de Triaval.



On aurait tant aimé que ne se reproduise pas la scénario des précédents championnats d’Europe, disputés il y a deux ans à Luhmühlen… Et pourtant, à quelques nuances près, l’équipe de France de concours complet, qui était en ballotage assez favorable pour repartir avec une médaille, voire deux, a vécu la même mésaventure qu’en Allemagne, aujourd’hui à Avenches, en Suisse. Troisième hier après le cross, l’escouade conduite par Thierry Touzaint, réduite à trois après la chute de Gwendolen Fer sur Romantic Love, a commis une faute de trop à l’hippique pour se parer du bronze. Au terme d’une épreuve haletante, elle a perdu son duel contre la Suisse, pourtant elle aussi réduite à trois et qui a ravi son public jusqu’au bout… à défaut de lui offrir une médaille.

Ce matin, après que l’Helvète Patrick Rüegg a signé un probant sans-faute sur Fifty Fifty (50,1 points), Stanislas de Zuchowicz et Covadys de Triaval (48,8) ont renversé l’oxer 9a, défendant l’entrée du double. En début d’après-midi, Jean-Lou Bigot a péché sur le vertical 6a et l’oxer 6b, les deux premiers éléments du triple, puis sur le vertical 12 avec Utrillo du Halage (41,5), qui n’avait jamais concédé trois fautes… Dans la foulée, Robin Godel, l’enfant du pays, a ruiné les derniers espoirs helvétiques en fautant sur les oxers 5 et 6b avec Grandeur de Lully (36,7), lui aussi né dans ce charmant coin de Suisse. Trois minutes plus tard, Felix Vogg a signé un sans-faute impeccable avec Cartania (28,1), huitième, mais la Suisse a fini un point derrière la Suède…

En rentrant en piste, Maxime Livio, dernier Tricolore, avait une double balle de match dans la raquette, comme le lieutenant-colonel Thibaut Vallette et Qing du Briot*IFCE il y a deux ans: un sans-faute et il s’offrirait au moins deux médailles de bronze; quatre points, et il perdrait toute chance de podium. Api du Libaire, qui a parfois rencontré de petits soucis dans cet exercice, s’est alors fort bien comporté, sautant comme il faut et demeurant concentré, mais il n’a pu empêcher une légère, si légère faute des antérieurs sur l’oxer 6b (26,5)… Douche froide sous le soleil, qui a chassé les orages redoutés. La Suède, dont la dernière équipière, Sara Algotsson-Ostholt, avait concédé quatre points vingt minutes plus tôt avec Chicuelo (33,7), après les deux sans-faute de Malin Josefsson et Malin Petersen sur Golden Midnight (39,3) et Charly Brown 311 (40,9), a finalement arraché le bronze… comme à Luhmühlen. Incroyable scénario. Terrible pour la France, qui avait tant de raisons d’y croire.

Maxime Livio et Api du Libaire

Maxime Livio et Api du Libaire

© PSV Morel/FFE



God Save The Queens!

Nicola Wilson et JL Dublin.

Nicola Wilson et JL Dublin.

© Richard Juilliart/FEI

Comme prévu, en revanche, le duel pour l’or par équipes, a tourné à l’avantage des Britanniques, qui comptaient hier neuf points d’avance sur les Allemands. L’indémodable God Save The Queen a donc retenti pour la vingt-troisième fois de l’histoire de cette compétition lancée en 1953. Colossal! Après les deux dérobades qu’Allstar B a infligé hier à Rosalind Canter (77), Kitty King, Piggy March et Nicola Wilson ont parfaitement maintenu le navire insulaire à flot, la première ne poussant qu’une barre avec son excellent Selle Français Vendredi Biats (28,9), neuvième, et les deux autres survolant le parcours de Gérard Lachat avec Brookfield Inocent (23,3) et JL Dublin (23,3). Ces deux couples ont finalement été médaillés d’argent et d’or.

“J’ai vécu une semaine incroyable, au sein d’un fantastique groupe de filles qui s’entendent toutes très bien. Nous avons pris du plaisir tous les jours et nos chevaux ont été phénoménaux”, s’est félicitée Nicola Wilson. “C’était le premier championnat de Dublin, qui a perdu un peu de temps quand je me suis blessée au cou (il y a deux ans, ndlr), puis avec la pandémie de Covid-19. Aujourd’hui, je suis tellement heureuse pour ses propriétaires. J’ai été ravie de son dressage, très solide, puis il a survolé le cross et a réussi un beau parcours en saut d’obstacles. C’est si agréable de l’avoir depuis qu’il est tout jeune cheval et d’avoir construit ce beau couple fondé sur la confiance.” Championne du monde par équipes en 2018 à Tryon, puis vice-championne d’Europe par équipes en 2019, Piggy March n’a pas manqué, à l’instar de tous les cavaliers qui ont pris la parome, de saluer les organisateurs suisses, “qui ont su mettre sur pied cet événement en si peu de temps et si bien. Pour la grande nation que nous sommes, avoir deux championnats au calendrier cette année a vraiment eu le goût d’une bouffée d’air frais après ce que nous avons vécu pendant un an et demi. Brookfield Inocent est certainement l’un des meilleurs que j’aie jamais monté. Il n’aurait pas pu faire mieux dans aucune des trois phases de noter sport! Finir devant Ingrid Klimke et Michael Jung, quoi qu’il arrive, est déjà une médaille en soi!”

Comme les deux Anglaises, côté allemand cette fois, Michael Jung a conservé ses points du dressage avec Fischer Wild Wave (23,9), neuf ans et finalement quatrième de ses premiers championnats. Pas si mal! Si le sans-faute d’Andreas Dibowski, un peu trop lent hier avec FRH Corrida (40,8), n’a pas compté, la Mannschaft a accusé deux tours à quatre points d’Anna Siemer, dix-septième de son premier grand rendez-vous, en selle sur FRH Butts Avondale, et d’Ingrid Klimke, en quête d’un troisième titre individuel consécutif sur SAP Hale Bob, mais piégée sur le vertical 10 et finalement cinquième (25,4). “Parfois on a de la chance, parfois pas. Bravo aux Britanniques, qui ont bien fait de nous chiper notre ancien entraîneur, Chris Bartle! Et bravo surtout parce qu’elles l’ont bien mérité. Elles ont fait du grand travail”, a salué la multi-médaillée. “Nous n’aurions pas pu gagner ici, mais comptez sur nous pour bosser dur et tout donner pour vous battre la prochaine fois”, a plaisanté Andreas Dibowski.

Kitty King et Vendredi Biats.

Kitty King et Vendredi Biats.

© Richard Juilliart/FEI



Chapeau, Luc Château

Piggy March et Brookfield Inocent.

Piggy March et Brookfield Inocent.

© Richard Juilliart/FEI

L’Autriche, l’Irlande, l’Italie, l’Espagne et la République tchèque se sont classés des rangs six à dix, tandis que la Russie, la Belgique et les Pays-Bas ont été éliminés ce matin lors de la seconde inspection vétérinaire. Sélectionnés uniquement en individuel, Sarah Bullimore, Christoph Wahler et le Français Luc Château ont été récompensés de leur beau sans-faute à l’hippique. La Britannique a décroché le bronze avec Corouet (23,6). L’Allemand a fini à une très honorable septième place sur Carjatan S (26,8), vingtième en 2019. Enfin, le Français, qui vivait ses premiers championnats, s’est classé douzième avec Troubadour Camphoux (35,7), que l’on imagine fort bien concourir à Badminton et/ou Burghley en 2022. On pourrait aussi y retrouver Corouet, qui n’est autre que le fils de Lilly Corinne, jument avec laquelle Sarah Bullimore avait disputé ses premiers Européens, en 2015 à Blair, en Écosse. “C’est une force de la nature! Il est phénoménal dans tous les tests. Il pourrait concourir en saut d'obstacles pur comme en dressage pur. Il est unique. Hier, je me suis dit: ‘Ne commet pas d’erreur stupide sinon ta chance ne se représentera peut-être pas avant dix ans!’ Il a été fantastique toute la semaine.”

Dieu que ce fut bon, malgré ce dur dimanche pour la France, de vivre du grand sport en plein air, dans un tel écrin de verdure, conçu pour l’équitation, et devant un public aussi connaisseur et enthousiaste. Hier, Avenches a accueilli quelque dix mille spectateurs. Gageons qu’ils seront deux, voire trois fois plus nombreux dans deux ans au Pin-au-Haras. Avec une Marseillaise à la clé?

Le classement individuel en direct
Le classement par équipes en direct
Le parcours du test de saut d’obstacles