À Barcelone, Alexandr Onishchenko officie en tant que chef de l’équipe… d’Ouzbékistan!
Montant depuis quelques mois pour la Russie, sa patrie natale, Oleksandr Onyshchenko, ou plutôt Alexandr Onishchenko tel qu’il faut désormais l’écrire, est présent au CSIO 5* de Barcelone, support de la finale mondiale des Coupes des nations Longines, en tant que chef d’équipe. S’il a déjà occupé cette fonction par le passé au service de l’Ukraine, dont il a longtemps défendu les couleurs en compétition et présidé la fédération équestre nationale, personne ne l’attendait à la tête d’un collectif représentant l’Ouzbékistan!
Oleksandr Onyshchenko n’est jamais avare de surprises! Persona non grata dans son propre pays, l’Ukraine, où il est toujours accusé de corruption, l’homme d’affaires, noceur et cavalier invétéré avait été arrêté le 28 novembre 2019 au poste de police d’Achim, entre Brême et Verden. Un temps menacé d’extradition vers sa patrie de naissance, dont il avait longtemps président la fédération équestre nationale, l’ex-député était finalement sorti de la prison allemande où il était détenu, au printemps 2020. Depuis, le magnat de la potasse a disputé deux derniers concours sous les couleurs bleu et jaune, avant d’endosser la nationalité sportive russe, fin février 2021. On l’a vu concourir dans ce pays, où il est né, le 31 mars 1969, mais aussi en France, au printemps et en début d’été à l’Hubside Jumping de Grimaud, puis en Allemagne, notamment à Herzlake, où il serait toujours propriétaire du Gut Einhaus, mis en vente au printemps.
Alors qu’on pouvait imaginer qu’il ferait profiter des cavaliers russes de ses moyens, ses chevaux et son entregent, Alexandr Onishchenko, tel que ses prénom et nom sont désormais retranscrits sur la base de données de la Fédération équestre internationale (FEI), qui a participé aux Jeux olympiques de 2008 à Hong Kong et 2012 à Londres, mais aussi aux Jeux équestres mondiaux de Normandie 2014, n’en a encore rien fait. En revanche, on le retrouvera ce week-end à Barcelone avec la casquette de chef de l’équipe… d’Ouzbékistan! Cette petite nation, qui participe pour la première fois à la finale mondiale des Coupes des nations Longines, comptera trois cavaliers, Umid Kamilov, Bekzod Kurbanov et Azam Tolibbaevn. Ceux-ci n’ont jamais concouru à un tel niveau, en dépit de participations aux Jeux asiatiques ou eurasiens, et n’ont encore jamais concouru en selle sur les chevaux avec lesquels ils sont engagés au Real Club de Polo de Barcelone.
Un trio inédit
Le premier, Avelino de Cresta (SF, Diamant de Semilly x Casall), hongre de onze ans propriété du chef d’équipe, a été monté pendant quelques mois par la Russe Veronika Shchekoturova après avoir évolué sous les selles de la Suissesse Nadja Peter-Steiner, son ancienne propriétaire, des Français Olivier Robert, Julia Dallamano et Edward Levy, ainsi que de l’Allemande Katharina Offel, ancienne cavalière et compatriote d’Onyshchenko, se classant jusqu’à 1,55m. Le deuxième, Kamiro D (SCSL, Kashmir van Schuttershof x Canturo), mâle de neuf ans né chez le Lorrain Philippe Berthol et indiqué comme ayant été vendu en septembre 2020 aux écuries Euro Horse du marchand belge Axel Verlooy, est monté par Aleksandr Onishchenko depuis juillet 2021 après avoir évolué avec les Belges Grégory Wathelet, qui fut un temps Ukrainien lui aussi, et Jos Verlooy, ainsi que les Irlandais Philip Carey et Christopher Megahey, avec de bons résultats jusqu’à 1,45m. Enfin, Class de Catoki (OS, Class de Luxe 2 x Catoki), mâle de neuf ans, appartient à la société allemande Gut Einhaus Liegenschafts, vraisemblablement toujours liée à l’homme d’affaires, lui-même enregistré en tant que propriétaire du cheval par la FEI du 27 avril au 2 juillet 2021, et a été présenté en CSI par l’Allemand Thomas Weinberg en 2019, puis cette année par l’Ouzbèke Feruz Abdullaev, non sélectionné à Barcelone, puis le Russe Sergey Petrov, se classant à 1,50m en CSIO 1*.
Bref, à n’en pas douter, cette équipe ouzbèke sera l’attraction de la manche qualificative de la finale mondiale, programmée demain soir à 20h sur le rectangle en sable catalan, où les parcours du chef de piste espagnol Santiago Varela sont toujours très sélectifs. Pour autant, le quota de vingt et une équipes n’ayant pas été atteint cette année, Jeux olympiques et championnats d’Europe obligent, les portes de ce bel événement se sont grand ouvertes. Quoi qu’il en soit, souhaitons bonne chance à ce collectif on ne peut plus inédit.