God Save The Queen et la France sauve les meubles à Barcelone
La Grande-Bretagne a remporté la Challenge Cup du CSIO 5* de Barcelone, autrement dit la Consolante de la finale mondiale des Coupes des nations Longines, ce soir en Espagne. Holly Smith, Emily Moffitt et Harry Charles ont produit trois excellents parcours, sans même devoir compter sur le vétéran John Whitaker. Deuxième de cette épreuve plutôt terne, la France a assuré son maintien en Division 1 européenne, tout comme la Norvège et la Suisse, tandis que l’Italie a été reléguée en D2.
Disons-le sans mauvais esprit mais en toute sincérité: on a connu des soirées plus glorieuses et palpitantes, y compris à Barcelone, où se tient depuis 2013 la finale mondiale du circuit des Coupes des nations FEI Longines. Ce n’est pas la formule, désormais bien rodée, avec une qualificative, puis une Consolante et une finale de la finale réservée aux meilleures nations, qu’il faut remettre en cause. Pour autant, on s’est retrouvé ce soir avec une épreuve qui n’a opposé que cinq nations. Certes, celles-ci étaient au niveau de la compétition. Et certes, les retraits du Canada et de l’Ouzbékistan, éliminés de la qualificative, ont servi la cause du bien-être animal. Mais il est difficile de s’enthousiasmer pour une épreuve courue seulement par dix-neuf couples.
Oui, dix-neuf et non vingt, car la Suisse, après avoir dû composer avec la non-acceptation hautement discutable de Campari, le cheval d’Elian Baumann, lors de la visite vétérinaire, a préféré préserver Twentytwo des Biches, la jument de Bryan Balsiger, légèrement boiteuse ce matin. Michel Sorg, chef d’équipe de la nation sacrée championne d’Europe il y a un mois à Riesenbeck, a eu beau demander au jury et à la Fédération équestre internationale l’autorisation de faire partir Dubaï du Bois Pinchet, le deuxième cheval de Bryan Balsiger, celle-ci s’en est tenue à la stricte application de son règlement stipulant que chaque nation ne dispose que de cinq chevaux pour les épreuves de la finale. Le même règlement n’a pas empêché l’Ouzbékistan de présenter trois couples n’ayant jamais couru la moindre épreuve internationale… La FEI ne gagnerait-elle pas parfois à se montrer plus souple, dans l’intérêt du cheval, du sport et du spectacle?
Cette Challenge Cup s’est courue sur un parcours encore plus épais et technique que celui d’hier, avec à nouveau dix-sept efforts, dont deux doubles (barres de Spa-vertical puis vertical-oxer) placés en sortie de virage et un triple (oxer-vertical-vertical) disposé… en sortie de virage et sur une demi-largeur de piste, une rivière et très peu de temps pour souffler face à un chronomètre imparti serré. Du grand Santiago Varela, peut-être un peu trop ambitieux, seuls deux couples étant parvenus à boucler l’exercice avec un score vierge. Le mérite des jeunes Britanniques Emily Moffitt et Harry Charles, qui a décroché le jackpot de 50.000 euros promis aux doubles sans-faute (qualificative et Challenge), n’en a été que plus grand, eux qui ont véritablement brillé en selle sur Winning Good, crack formé par le champion olympique Ben Maher, venu à Barcelone juste pour coacher son élève, et sur l’olympique Romeo 88, révélé par l’Irlandais Darragh Kenny. Holly Smith, l’ouvreuse désignée par Di Lampard, l’une des meilleures sélectionneuses de la planète, n’ayant renversé que l’oxer 10 avec Denver, la Grande-Bretagne a fini avec un score de quatre points qui a suffi à sceller sa victoire, si bien que John Whitaker, vétéran toujours aussi passionné et admirable, n’a pas eu à concourir avec son Selle Français Unick du Francport.
Les Bleus finissent sur une bonne note
La France, antépénultième de la qualificative hier, a finalement été le meilleur challenger de la Perfide Albion ce soir. Après les très sérieux parcours à un point de Pénélope Leprevost et Marc Dilasser, associés à Excalibur de la Tour Vidal*GFE et Arioto*du Gèvres, entrecoupés d’une prestation formatrice pour Grégory Cottard et Bibici, fautifs sur la rivière et l’oxer 8 qui la suivait, les Bleus auraient pu contraindre le Master Whitaker à entrer en piste et “servir pour le match”. Il fallait pour cela que Mathieu Billot et Quel Filou 13, qui ont remplacé Olivier Robert et Vivaldi des Meneaux, ne concèdent pas plus d’un point. Hélas, le géant gris a produit un énorme saut sur l’oxer 1, et les six foulées planifiées avant le vertical 2 à la reconnaissance se sont avérées impossibles à tenir, si bien que le couple a écopé d’un refus. Il est reparti sans stress apparent, mais le cavalier a logiquement jeté l’éponge devant le vertical 9a, son score ne pouvant plus influer sur l’issue de l’épreuve. Les Bleus ont donc fini bons deuxièmes. On aurait préféré les retrouver demain, mais ils ont fait ce qu’ils ont pu avec leurs moyens actuels, alors il faudrait être sot pour leur jeter la pierre.
L’enjeu majeur de la soirée était le maintien en Division 1 européenne, qui concernait les cinq équipes en lice. Pour cela, le défi était clair: il ne fallait pas finir dernier. Tout près de l’exploit hier, où elle n’avait été devancée par la Belgique qu’au chronomètre, la Norvège, représentée par les Gulliksen père, fille et fils, accompagnés de la performante Marie Longem, a confirmé sa bonne forme du moment, en finissant troisième. Le match pour la relégation en Division 2 a donc opposé la Suisse, réduite à trois comme expliqué plus haut, et l’Italie, privée de ses cadors Emanuele Gaudiano, dont le cheval de tête est au repos depuis les Jeux olympiques, Lorenzo de Luca, qui vient de quitter les écuries Stephex, et Alberto Zorzi, moins bien équipé que naguère par Jan Tops et Athina Onassis. Les Helvètes s’en sont finalement sortis d’une tête, malgré six fautes concédées à parts égales par Steve Guerdat, Edwin Smits, qui a aussi lâché un point de temps, et Martin Fuchs, associés respectivement à Victorio des Frotards, pourtant vainqueur du Grand Prix CSI 5* Hubside de Grimaud dimanche dernier, Farezzo et Chaplin. L’honneur est sauf pour nos glorieux voisins. Quant aux Transalpins, ils n’étaient sans doute pas suffisamment bien armés pour cette compétition exigeante, qui clôt traditionnellement la grande saison extérieure. À n’en pas douter, ils s’en remettront!