“Gagner est toujours très satisfaisant, surtout face à une si belle concurrence”, Lalie Saclier

Dimanche à Fontainebleau, Lalie Saclier a signé l’une des plus belles performances de sa carrière et la meilleure avec Ultra Blue de Jaurand, son cheval de tête, en remportant le Grand Prix Hubside CSI 2* du Jump Bost. Une étape importante pour la Mâconnaise de vingt-quatre ans, qui continue son petit bonhomme de chemin vers les sommets de son sport, tout en développant ses activités commerciales.



Dimanche à Fontainebleau, vous avez signé le meilleur barrage du Grand Prix CSI 2* du Jump Bost, terminant avec une demi-seconde d’avance sur le Suisse Pius Schwizer avec WH Delilah. Vous avez remporté non seulement cette épreuve, mais aussi le prix de la meilleure cavalière du concours. Quelles sont vos impressions sur cette journée triomphale?

C’était en effet une très bonne journée. Je suis très contente et fière de mes deux chevaux. J’ai été soulagée de voir Pius Schwizer un tout petit peu moins rapide que moi, car c’était le concurrent le plus sérieux. D’ailleurs, il avait remporté la première épreuve majeure du concours. Gagner est toujours très satisfaisant, surtout devant un si beau plateau de cavaliers. J’ai surtout obtenu des classements dans les dernières épreuves du week-end alors que je n’avais engagé que deux chevaux, dont un âgé de sept ans, quand d’autres en avaient trois. Dans ce contexte, le prix de la meilleure cavalière du concours est une belle récompense.

Dans le Grand Prix, vous êtes partie en troisième lors du tour initial, puis avez ouvert le barrage. Comment avez-vous abordé l’épreuve, puis le barrage?

À la reconnaissance du tour initial, j’ai trouvé le parcours assez délicat car les obstacles me semblaient fautifs. Il y avait notamment des choix à faire dans les contrats de foulées. J’ai la chance d’avoir été aidée de ma sœur (Lolita, ndlr), qui passait plus loin après moi. Elle a été un soutien précieux à la reconnaissance puis pendant ma détente. L’autre point fort est que je connais très bien mon cheval. Passer parmi les premiers ne m’a donc pas dérangée. Au barrage, je suis partie assez vite dans le galop, sans trop mettre mon cheval dans le rouge. J’ai réussi à enlever une foulée après le double: je pensais en placer huit et j’ai réussi à n’en faire que sept. J’ai également trouvé une distance en avant sur l’avant-dernier oxer. Ce sont vraiment ces deux obstacles qui m’ont permis de gagner du temps et même de pouvoir soigner le dernier. Le fait d’ouvrir le barrage est à double tranchant: d’un côté, on n’est pas influencé par les parcours rapides que l’on aurait pu voir; de l’autre, on n’a aucune indication sur les distances ou options. Le fait d’avoir réussi un tour propre et un chronomètre rapide a clairement joué en ma faveur.

N’est-ce pas la plus belle victoire de la carrière d’Ultra Blue de Jaurand? A-t-il franchi un nouveau cap à treize ans?

C’est la première fois que je remporte une épreuve comptant pour le classement mondial Longines avec lui. Nous avions déjà accédé à des barrages avec lui, mais nous avions à chaque fois manqué de réussite. Nous l’avons acheté à six ans. C’est ma sœur qui le montait au début. Elle était très performante avec lui, mais je l’ai finalement récupéré en raison de son caractère et de sa gestion un peu complexe. Oui, je peux maintenant affirmer qu’il a vraiment franchi un cap cette année. La saison passée, il sautait plutôt des épreuves à 1,35m et 1,40m. Il ne se laissait pas faire mentalement; il s’opposait à ce qu’on lui demandait. Aujourd’hui, j’ai réussi à m’en faire un copain, donc il est plus facile à monter et il est très généreux avec moi.



“En piste, J’Adore est une vraie tueuse!”

Quels sont vos prochains objectifs avec lui?

Le prochain objectif pour nous sera le CSI 2* de Longines Equita Lyon. C’est un concours que j’affectionne particulièrement et lors duquel je tiens toujours à réussir de bonnes performances. Ensuite, je pense disputer quelques autres concours indoor mais je n’en sais pas plus pour le moment. 

J’Adore, votre “petite prodige”, comme vous aimez l’appeler, s’est classée deuxième d’une épreuve à 1,40m. Quels sont vos objectifs avec elle?

À sept ans, elle confirme tout le bien que nous pensons d’elle. C’est une jument que nous avons achetée à cinq ans à Axel Borel. Elle arrivait tout juste des Pays-Bas et était encore très verte. Elle a très bien évolué ces deux dernières années. J’ai beaucoup de mal à lui trouver des défauts, nous croyons beaucoup en elle. Elle pourra sauter de belles épreuves car elle est très intelligente et extrêmement respectueuse. En revanche, J’Adore est très sensible au quotidien: le moindre bruit ou geste un peu trop vif peut l’émouvoir mais en piste, c’est une vraie tueuse. 

Pourra-t-elle prendre la relève de Tescari’Jac, hongre vendu au printemps à la famille de la jeune Espagnole Arantza Berastegui Garro?

Tescari’Jac obtient de bons résultats avec sa jeune cavalière (le couple a contribué à la deuxième place de l’Espagne lors de la finale mondiale des Coupes des nations Jeunes Cavaliers, fin septembre à Kronenberg, ndlr) et j’en suis très contente. J’Adore pourra prendre sa relève mais ce sont deux chevaux très différents, voire opposés. En attendant, c’est Ultra Blue qui a pris la succession de Tescari. Pour J’Adore, je dois être patiente et ne pas brûler les étapes, notamment l’an prochain, car je pense qu’elle a toutes les qualités requises pour briller à haut niveau.

Dans quel état d’esprit abordez-vous la saison indoor qui va démarrer? 

J’établirai mon programme en fonction d’Ultra Blue, qui est mon seul cheval d’âge en ce moment. Mon calendrier devrait s’alléger, car les plus jeunes auront droit à une bonne pause. (rires) Ma victoire de ce week-end est très motivante et me donne envie de poursuivre la saison. Je disputerai peut-être quelques étapes du Grand Indoor (le pendant intérieur du Grand National, avec des Grands Prix Pro Élite à 1,50m, ndlr). Nous aimons bien aller au Mans mais je n’ai pas encore planifié le reste des étapes, car nous fonctionnons mois après mois en fonction de l’état de forme des chevaux.

Le monde semble peu à peu se rouvrir et la vie retrouver une forme de normalité. Que retiendrez-vous de la longue crise sanitaire? Et comment se portent les nouvelles activités que vous avez développées lors des périodes d’arrêt des compétitions?

En tant que cavaliers, nous avons été impactés par la crise, comme tout le monde, mais nos activités n’ont pas vraiment été mises à l’arrêt. Concernant le commerce, cela ne s’est jamais arrêté. Au contraire, j’ai même l’impression que les cavaliers n’ont jamais autant cherché de chevaux, et particulièrement des jeunes à former. Quant au coaching, la clientèle amateur a répondu présent. Tout le monde était content de reprendre les concours, et les épreuves Amateurs sont toujours très courues. Le contexte sanitaire de ces derniers mois a fortement impacté l’organisation des concours et je dois dire que le Jump Bost était parfaitement organisé. Cela faisait longtemps qu’on attendait son retour au stade équestre du Grand Parquet. Je n’étais pas revenue à Fontainebleau depuis la rénovation du Petit Parquet et la restructuration de la Carrière des Princes. Franchement, la qualité des infrastructures est exceptionnelle. Nous avons la chance en France d’avoir de beaux sites de compétition, dont celui-ci avec ses deux pistes irriguées par le fond. À nous d’en profiter!



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