“Quand on se lance en Coupe du monde, on a toujours la finale dans un coin de notre tête”, Edward Levy

Après une saison extérieure ponctuée de nombreux succès, notamment lors du Paris Eiffel Jumping, durant lequel il a remporté deux des trois épreuves majeures, Edward Levy est en route pour la première étape du circuit de la Coupe du monde Longines, le CSI 5*-W d’Oslo, en Norvège. Alors qu’il a dû affronter la blessure de son cheval de tête et le départ de Broadway de Mormoulin au mois de septembre, le cavalier installé près de Deauville a pu se réjouir de nouvelles arrivées au sein de ses écuries. À l’aube de ce qui pourrait être les plus beaux jours de sa carrière déjà fleurissante, Edward Levy dresse le bilan de son année.



La saison extérieure se clôture petit à petit, quel bilan en tirez-vous?  
Pour ma part, la saison extérieure s’est clôturée la semaine dernière à l’occasion du CSI 4* de l’Hubside Jumping de Grimaud. Je suis vraiment satisfait de l’ensemble de ma saison. J’ai pu compter sur un piquet de chevaux très fourni ce qui m’a permis d’être présent de nombreux week-ends à haut niveau. J’ai la chance de pouvoir disposer de chevaux d’expérience et de qualité. Le bilan est vraiment positif pour l’ensemble de ma structure que ce soit du côté de mes chevaux d’âge ou des plus jeunes.   

Vous aviez confié, en août, vouloir participer à un des évènements majeurs prévus en septembre à savoir les championnats d’Europe Longines de Riesenbeck, le CHIO d’Aix-la-Chapelle ou la finale des Coupes des nations de Barcelone. Pourquoi vos plans ont-ils été contrariés?  
J’étais sélectionné pour participer à la Coupe des nations du CHIO d’Aix-la-Chapelle et en lice pour Barcelone avec Uno de Cerisy (SF, Open Up Semilly x Siego). Lors du CSI 5* de Bruxelles, au paddock de détente, mon cheval a fortement trébuché à la réception d’un vertical à un mètre. Il s’est donné un coup, ce qui nous a contraints à ne pas le faire sauter durant trois semaines. Ce n’était rien de grave, il prendra d’ailleurs part au CSI 4* de Saint-Lô la semaine prochaine, mais il a dû être écarté des terrains durant quelques semaines.
Cette petite blessure est malheureusement très mal tombée en survenant en amont du concours d’Aix-la-Chapelle que je préparais depuis quelques semaines déjà. Ça a été un coup dur mais je reste positif, cela doit me faire avancer, ce sont des évènements que nous ne pouvons éviter. C’est forcément regrettable, trébucher à la réception d’un obstacle est vraiment un coup de malchance mais il faut faire avec. Je suis allé de l’avant et j’ai continué à faire ce que je savais faire.   

Le fait de ne pas avoir pris part à l’un de ces évènements a-t-il été une déception?  
Bien sûr, sur le moment je me suis dit : “à mon âge, aller à Aix-la-Chapelle aurait été super, c’est significatif, cela marque une certaine réussite” mais ressasser les mauvaises choses ne changera pas les faits. Le principal est qu’Uno aille bien et que nous ayons pu rapidement le prendre en charge de façon à ce qu’il soit de retour en compétition assez rapidement. En parallèle, cela m’a permis de participer à d’autres concours et d’avancer. Il faut tirer le positif de chaque situation et cela n’entache en rien notre saison.



“Les premiers Grand Prix vont déterminer la suite de l’hiver”

Broadway de Mormoulin et Edward Levy lors de l'une de leurs dernières apparitions, ici au Longines Deauville Classic début août.

Broadway de Mormoulin et Edward Levy lors de l'une de leurs dernières apparitions, ici au Longines Deauville Classic début août.

© Scoopdyga

Vous allez vous envoler pour Oslo et le circuit de la Coupe du monde, est-ce l’objectif de votre saison hivernale?  
Lorsque nous démarrons le circuit de la Coupe du monde, la finale est toujours dans un coin de notre tête. Pour y aller, il faut faire preuve de constance dans les résultats au fil des étapes et donc disposer d’un piquet de chevaux vraiment en forme et fourni. C’est une carte que je vais essayer de jouer, le début de saison nous dira quelle direction je prendrai. Si j’obtiens de bons classements lors des premiers Grands Prix, j’essaierai de me qualifier pour la finale. En revanche, si ma saison démarre en dents de scie et que les résultats se font rares, je ne sais pas si je courrai ce circuit jusqu’au bout. Les premiers Grand Prix vont déterminer la suite de l’hiver mais, évidemment, c’est un circuit que j’affectionne énormément.
J’ai la chance de pouvoir compter sur Rebecca Ls (SLS, Rebozo La Silla x Cassini I) qui est une jument exceptionnelle en indoor, sur Uno qui a beaucoup de métier ainsi que sur des chevaux comme Catchar Mail (SF, Diamant de Semilly x Calvaro) qui arrivent à haut niveau. Tout est réuni pour que je tente ma chance. 

Vous n’aviez jamais vraiment couru ce circuit auparavant, qu’est-ce qui vous motive à y prendre part cette année?  
Il n’y pas eu de réel rapport entre ma non-participation au CHIO d’Aix-la-Chapelle et ma présence sur le circuit Coupe du monde. Les sélections pour ce circuit se basent sur le classement mondial Longines. Cette année, j’ai fait pour la première fois mon entrée dans le top 30 mondial. Cela a motivé Thierry Pomel (sélectionneur national, ndlr) et Henk Nooren (entraîneur national, ndlr) à me proposer d’y participer puisque, de toute façon, je ferai partie des cavaliers invités grâce à mon classement. Dès qu’un nouvel objectif se présente à moi, je suis toujours extrêmement motivé donc j’ai tout de suite accepté, même si aller jusqu’à Oslo représente un trajet important. 

Vous prépariez Uno de Cerisy pour les évènements extérieurs, va-t-il garder ce rôle de cheval de tête en indoor?  
Uno était mon cheval de tête dans les concours extérieurs parce qu’il était le plus à l’aise sur ces grandes pistes, notamment celles en herbe. En indoor, je vais jongler entre Rebecca et lui, voire même Sirius Black (SF, Calisco du Pitray x Laudanum). J’ai vraiment la chance de pouvoir compter sur des chevaux d’expérience très respectueux et qui ont toujours envie de bien faire. Sur ce genre d’épreuves, la plus aguerrie est Rebecca mais je vais pouvoir alterner entre les trois.



“C’est forcément frustrant quand un cheval avec lequel vous avez tant travaillé quitte vos écuries”

S&L Rocky et Edward Levy le week-end dernier lors du CSI 4* de l'Hubside Jumping de Grimaud.

S&L Rocky et Edward Levy le week-end dernier lors du CSI 4* de l'Hubside Jumping de Grimaud.

© Sportfot

Vous avez connu beaucoup de mouvement ces dernières semaines avec notamment le départ de vos écuries de Broadway de Mormoulin (SF, Kannan x For Pleasure) pour celles du Belge Jérome Guéry en septembre. Vous aviez confié en août qu’il devait être commercialisé. Que ce départ a-t-il représenté pour vous?
Lorsqu’un cheval quitte nos écuries, c’est toujours une déception. Il n’est pas parti parce qu’il a été commercialisé mais parce qu’il a été récupéré par un autre cavalier, son propriétaire devait le vendre assez urgemment. J’ai la chance de pouvoir compter sur des propriétaires qui me suivent et me font confiance et je me dois de leur offrir le meilleur. En ce qui me concerne, j’ai simplement jugé que les exigences du propriétaire n’étaient pas assez intéressantes pour que je demande à mes partenaires d’investir. Le départ de Broadway a été le prix à payer, j’en ai été très attristé parce que je me suis énormément engagé dans son travail depuis deux ans, il est parti de presque rien et arrivé à un bon niveau. Cependant, je ne suis pas là pour juger, j’ai pris grand plaisir à l’entraîner, Stéphane Saunier, son propriétaire, a suivi son évolution de très près et m’a fait confiance. Cela a pris un peu plus de temps que prévu au départ mais il a cru en mon système et m’a laissé gérer l’évolution du cheval et je l’en remercie.
Avec les chevaux, nous ne pouvons pas savoir quand une vente va se faire, et compte tenu de l’urgence, son départ a été un peu précipité. C’est forcément frustrant quand un cheval avec lequel vous avez tant travaillé quitte vos écuries du jour au lendemain mais c’est le jeu. La déception était aussi présente pour mon équipe qui s’y était attaché et n’a pas pu s’y préparer et lui dire au revoir.
Aujourd’hui j’ai perdu un cheval, j’en récupère parfois également mais j’ai toujours essayé d’être le plus transparent possible. Désormais, je lui souhaite le meilleur, j’espère également que M. Saunier parviendra à atteindre son objectif de commercialisation, qui est important pour lui (Broadway de Mormoulin a réalisé, le week-end dernier, ses premiers parcours sous la selle de Jérôme Guéry sur des épreuves à 1,30m et 1,40m, conclus sans pénalité, ndlr) 

Vous avez, en parallèle, accueilli de nouvelles montures dont S&L Rocky (SF, Lamm de Fetan x Ephebe For Ever) qui a obtenu de bons classements à Grimaud. Est-il prêt pour le haut niveau?  
S&L Rocky saute avec énormément de facilité, il a déjà obtenu un classement dans une épreuve à 1,50m le week-end dernier (à l’occasion d’un CSI 4* organisé par l’Hubside Jumping de Grimaud, le couple s’est classé sixième, ndlr). Avec lui, j’ai la sensation de sauter une épreuve à 1,30m alors que les obstacles sont vingt centimètres plus haut, ce qui augure de bonnes choses.
Il était auparavant chez Vincent Lambrecht, un marchand avec lequel je travaille beaucoup et appartient désormais au haras de Lécaude et à Showjump International. Nous visons le haut niveau avec lui, je vais en tout cas le former pour. Il a l’air d’en avoir l’envergure. Comme toujours, la question de la commercialisation se pose, nous ne savons jamais de quoi demain sera fait mais cela ne change rien à notre travail. Pour l’instant, un cheval de cette qualité est destiné à rester dans mes écuries, je ne me soucie que de son évolution vers le haut niveau. 

Quid de Cevrine du Banney (Z, Chippendale Z x Papyrus de Chivre)?  
Elle est arrivée dans mes écuries il y a quinze jours. Tous comme Rocky, son entrée au sein de mon piquet s’est faite par le biais de Simon Lorrain qui m’épaule dans mon système de valorisation et commercialisation. Elle a déjà réalisé de beaux parcours avec René Lopez et a notamment participé à quelques Grand Prix CSI 4 et 5* (avec le cavalier colombien, la jument de douze ans a participé à des épreuves à 1,60m ainsi qu’à des Grands Prix CSI 3*, se classant notamment onzième de celui de Maubeuge en 2019, ndlr). Elle appartient à Vincent Lambrecht qui me l’a confiée pour de la valorisation. L’objectif est d’atteindre de bonnes épreuves. Une commercialisation sera peut-être envisagée cette fois-ci mais nous ne sommes pas pressés, elle vaut vraiment le coup d’être travaillée et valorisée.
Lorsque de nouveaux chevaux intègrent notre piquet et que des classements arrivent dès les premières sorties sur des épreuves à 1,45m et plus, c’est toujours très bon signe. Cevrine est une jument extrêmement généreuse qui se bat pour son cavalier. Je dois former un couple avec elle mais je suis très content de la compter dans mon piquet. Elle m’accompagnera sur les concours en tant que deuxième ou troisième cheval afin de participer régulièrement à des épreuves à 1,50m voire plus si l’entente et le travail avancent bien. C’est une chouette recrue.


Revivez le sans-faute qui a permis à Edward Levy et S&L Rocky de prendre la sixième place d'une épreuve à 1,50m la semaine dernière à l'occasion du CSI 4* de l'Hubside Jumping de Grimaud: