L’insubmersible Albion et l’élevage allemand ont fait les petites histoires des Européens de complet à Avenches

Retour sur les petites histoires qui ont ponctué les championnats d'Europe de complet d’Avenches.



INSUBMERSIBLE ALBION

Très forte sur le papier, l’armada britannique n’a laissé que des miettes à la concurrence lors de ces championnats d’Europe, terminant avec 13,3 points d’avance sur l’Allemagne, pourtant défendue par un collectif de haute volée, mené par Ingrid Klimke et SAP Hale Bob, sacrés en 2017 à Strzegom et 2019 à Luhmu¨hlen. L’indémodable God Save The Queen a retenti pour la vingt-troisième fois de l’histoire de cette compétition lancée en 1953. Colossal ! Après les deux dérobades infligées par Allstar B à Rosalind Canter lors du cross, Kitty King, Piggy March et Nicola Wilson ont parfaitement maintenu le navire insulaire à flot, la première ne concédant que deux secondes de temps dépassé au cross puis une faute à l’hippique avec son excellent Selle Français Vendredi Biats, neuvième (28,9 points), et les deux autres survolant les trois tests avec Brookfield Inocent (23,3) et JL Dublin (20,9). Ces deux couples ont finalement été médaillés d’argent et d’or. Sarah Bullimore, sélectionnée en individuel avec Corouet (23,6), fils de Lilly Corinne, jument avec laquelle elle avait disputé ses premiers Européens en 2015 à Blair, a brillamment décroché le bronze. Déjà en or aux Jeux olympiques de Tokyo avec trois autres couples, la Grande-Bretagne a encore confirmé sa suprématie sur la discipline.

 

WHO RUN EUROPE ? GIRLS !

Entièrement britannique, le podium d’Avenches a aussi été 100 % féminin. Si cette situation, fort courante en dressage, ne s’est encore jamais produite en saut d’obstacles, elle n’est pas inédite aux championnats d’Europe de complet. Ainsi, dès 1989 à Burghley, en Angleterre, trois cavalières britanniques avaient trusté les trois premières places : Virginia Leng sur Master Craftsman, Jane Thelwall sur King’s Jester et Lorna Clarke-Sutherland sur Fearliath Mor. Il en fut de même en 1995 à Pratoni del Vivaro avec l’Irlandaise Lucy Thompson (Welton Romance), la Française Marie-Christine Duroy de Laurière (Ut du Placineau) et la Britannique Mary King (King William), puis en 1999 à Luhmu¨hlen avec l’Anglaise Pippa Funnell (Supreme Rock) et les Suédoises Linda Algotsson-Ostholt (Stand By Me) et Paula Törnqvist (Monaghan). Quant au dernier podium 100 % masculin, il remonte à l’édition de 1981, disputée à Horsens, au Danemark !

 

© Richard Julliart/FEI

 


L’ÉLEVAGE ALLEMAND SURPASSE LE SELLE FRANÇAIS

Si les Selle Français et Anglo-Arabes avaient cartonné aux JO, trustant six des sept premières places du classement individuel, dont les trois marches du podium, il n’en a rien été lors de ces Européens. Ainsi, la moitié des chevaux du top huit sont issus du stud-book Holsteiner : JL Dublin (Diara-do x Cantano), médaillé d’or, Fischer Wild Wave (Water Dance, Ps x Acobat 2), quatrième avec l’Allemand Michael Jung, Carjatan S (Clearway x Galant Vert, Ps), septième avec l’Allemand Christoph Wahler, et Cartania (Cartani 4 x Clinton), huitième sous la selle du Suisse Felix Vogg. Si l’on ajoute à cela les trois et cinquième places des Oldenbourgeois Corouet (Balou du Rouet x Lovis Corinth) et Hale Bob (Helikon, Ps x Noble Champion), on obtient ce qu’il convient de qualifier de véritable triomphe pour les éleveurs d’outre-Rhin. Brookfield Inocent (Inocent x Kings Servant), en argent, et Api du Libaire (Fusain du Defey, AA x Trésor de Cheux), sixième, n’ont guère pu que sauver l’honneur de l’Irish Sport Horse et du Selle Français, stud-books dominant traditionnellement la discipline.