“La FFE devrait rapidement renouer avec les 700.000 licenciés”, Frédéric Bouix

Après plusieurs années “de vaches maigres”, selon les termes employés par Frédéric Bouix, la Fédération française d’équitation voit de nouveau croître son nombre de licenciés, au point de s’approcher à nouveau du cap de 700.000. Une excellente nouvelle pour les poney-clubs et centres équestres, et pour toute la filière équestre. Au terme d’une année marquée par une franche reprise des activités, même si le secteur de la compétition n’a pas encore retrouvé son niveau d’avant la crise sanitaire, le délégué général de la FFE tire un bilan positif de 2021. Il évoque également les Jeux olympiques de Tokyo, l’encadrement des équipes de France, qui devrait évoluer en saut d’obstacles et dressage en vue de Paris 2024, mais aussi les pénuries de personnel et de chevaux d’instruction, parmi d’autres sujets.



Le salon Equita Lyon s’est achevé il y a quelques jours. Quel sentiment vous a laissé cet événement et comment allez-vous en cette fin d’année?

Cela fait du bien de revoir beaucoup de monde, comme ce fut le cas à Lyon. Nous avions pu retrouver quelques beaux événements extérieurs cet été, mais n’avions plus vécu un tel événement indoor depuis l’édition 2020 du Jumping de Bordeaux, donc il y a dix-huit mois. Comme toujours, Equita Lyon fut un très beau rendez-vous, avec tout ce qu’il comporte, en termes d’exposition comme de sport.

L’année qui s’achève a été riche et chargée pour la Fédération française d’équitation, entre l’assouplissement progressif des restrictions sanitaires, les élections fédérales, la reprise du sport, y compris à haut niveau, avec des championnats dédoublés dans les trois disciplines olympiques, etc. Quel bilan en tirez-vous?

Effectivement, l’année civile touche à sa fin en matière de compétition. Pour autant, pour la Fédération, l’exercice 2021 s’est achevé le 31 août 2021. Depuis le 1er septembre, nous sommes entrés dans un nouveau millésime. Concernant la gestion d’une crise telle que celle liée à la pandémie de Covid-19, on peut toujours faire mieux, mais je pense que la FFE a vraiment été au rendez-vous. Dès le début du deuxième confinement, en novembre 2020, nous avons réussi à faire valider un protocole sanitaire par le ministère de l’Agriculture, permettant l’accès aux centres équestres au titre du bien-être des équidés. Cela a permis de maintenir une activité quasiment normale sur la partie école d’équitation des poney-clubs et centres équestres, même si s’appliquaient des restrictions et contraintes administratives. Les professionnels comme les pratiquants ont salué ces mesures. Parallèlement, comme en juin 2020, nous avons obtenu la possibilité d’organiser des compétitions à huis-clos réservées aux professionnels. Bien que cela n’ait pas concerné tous les compétiteurs, cela a permis à ceux dont c’est le métier de continuer à valoriser leurs chevaux et de ne pas vivre un hiver blanc. Ils ont ainsi pu tenir le coup… jusqu’au malheureux épisode de la rhinopneumonie (HVE-1, ndlr). À ce moment-là, tout s’est de nouveau arrêté. S’en est suivi le dernier confinement du mois de mars, pour lequel le protocole sanitaire a pu être maintenu. Les activités ont ainsi été très peu affectées. 

Ensuite, nous avons assisté à une bonne reprise de l’activité avant l’été, ce qui a permis à la période estivale de bien se dérouler. Le pan qui a le plus souffert est celui de la compétition. En effet, si avons observé une hausse de 10% du nombre de licenciés pratiquant l’équitation, ce qui est un excellent indicateur, le nombre d’engagements en concours a baissé d’environ 40% lors de millésime 2021. L’année précédente avait été meilleure, puisqu’elle n’avait été interrompue que de mars à juillet. Là, malgré la reprise des concours cet été, et le bon déroulement de ceux de l’automne, de nombreux compétiteurs ne sont pas revenus sur les terrains. Une saison de compétition reste un choix personnel et n’est pas neutre financièrement. Voyant que la saison n’avait pas encore commencé en mars et avril, certains compétiteurs de niveaux Amateurs et Clubs se sont détournés de la compétition. D’autres l’ont fait parce que l’offre était trop faible et qu’ils n’avaient pas d’échéance finale à préparer, comme le Generali Open de France, par exemple.



“Notre action continue auprès des pouvoirs publics a joué un rôle essentiel pendant la crise”

À la faveur de cette crise, la FFE a fortement resserré ses liens avec les élus et l’État…

Oui, et cette action continue auprès des pouvoirs publics a joué un rôle essentiel. Nous ne les avons pas seulement sollicités en raison du confinement. Un travail quotidien a été mené, en contact avec eux à tous les niveaux. Cela nous a permis d’être très réactifs avec, à la clef, l’obtention du protocole mis en place dès novembre 2020. S’il n’y avait pas eu de relations nourries entre le ministère de l’Agriculture et la fédération, nous n’aurions pas obtenu ce protocole en quatre jours. Représenter les clubs au quotidien fait partie de notre travail. D’ailleurs, je pense que les dirigeants avaient conscience du rôle que pouvait jouer un organisme tel que la FFE dans une période comme celle-là, auprès des pouvoirs publics, malgré la période compliquée avec l’approche des élections. Nos actions se sont aussi concrétisées par l’obtention d’une deuxième aide financière de l’État, également en novembre, la première ayant été débloquée à la fin du printemps 2020. Ce n’est pas le fruit du hasard – l’État ne nous a pas proposé gracieusement 20 millions d’euros – mais d’un travail coordonné et sérieux, porté politiquement avec les bons mots et au bon moment dans le calendrier législatif. Encore une fois, avec le recul, on peut se dire qu’il y a des choses que nous aurions pu faire mieux ou différemment, mais nous sommes globalement satisfaits de la gestion de la crise, et surtout d’avoir pu préserver au maximum les activités des établissements équestres.

Dans quel état de forme sont-ils sortis de cette crise?

L’an dernier, la hausse du nombre de licenciés, supérieure à 10% (665.873 fin août 2021 contre 601.166 fin août 2020, ndlr), a redonné confiance aux dirigeants. Les dispositifs mis en place avec l’État et une campagne de communication relativement puissante nous ont permis de bien relancer nos activités, à l’heure où d’autres sports n’arrivaient pas à redémarrer. Nous avions pu reprendre très tôt en étant proactifs dès la fin du printemps 2020, et cette avance nous a été bénéfique. On l’oublie parfois, mais après plusieurs millésimes de vaches maigres, la Fédération avait renoué avec la croissance avant le premier confinement, en mars 2020. Depuis septembre 2019, celle-ci s’établissait entre 1,5 et 2%. Interrompue par le début de la crise, cette dynamique a repris, grâce à l’aspect sport de nature, à la distanciation sociale naturelle et à une importante campagne de communication menée en septembre 2020.

La rentrée 2022 confirme-t-elle cette tendance?

Oui, cette saison se présente plutôt très bien. Aujourd’hui, à date égale, nous connaissons à nouveau une croissance de 8 à 10%. On ne peut pas affirmer que le tendance se maintiendra jusqu’à l’été 2022, mais nous allons l’accompagner tout au long du millésime. Nous devrions, et espérons, renouer rapidement avec les 700.000 licenciés. On le dit souvent sur le ton de la boutade, mais notre but est de fabriquer des cavaliers, de transformer des piétons en équitants afin de nourrir la croissance de tous les pans de la filière. Plus de cavaliers veut dire plus de compétiteurs, plus de propriétaires de chevaux en devenir, plus d’acheteurs de selles, de vans et autres… et plus de lecteurs pour la presse équestre!



“Nous avons été virtuellement champions olympiques pendant quelques minutes”

Le Generali Open de France Poneys et Clubs a été remplacé par un Open régionalisé. Quels enseignements ont été tirés de cette initiative?

Sa mise en place a été très inégale et différenciée selon les territoires, mais ce fit une bonne alternative au moment de la reprise de la compétition, offrant un projet sportif et une forme d’aboutissement à celles et ceux qui avaient déjà accompli une partie de la saison de concours. Cela a aussi permis de redynamiser la pratique. Cela fut notamment une bonne opération en Île-de-France. Très peu de comités régionaux ont accueilli l’ensemble des disciplines sur un même site, à des dates similaires, comme le veut l’esprit de l’Open, mais c’est normal compte tenu du contexte sanitaire et des délais impartis pour trouver des sites adéquats. 

En mars, au moment où les sorties extérieures étaient interdites, nous avions déjà lancé des compétitions interclubs. En restant dans les clubs, nous avions développé un système permettant à chaque structure de développer des concours avec ses propres cavaliers, qui cumulaient des points en vue de futures échéances. Nous imaginions alors que la reprise serait plus rapide et que nous pourrions peut-être organiser nos championnats de France comme d’habitude. Ce ne fut finalement pas le cas, mais cette initiative a malgré tout été intéressante.

Qu’en sera-t-il pour 2022?

Nous avons imaginé la saison à venir comme une année normale, avec le retour du Grand Tournoi et du Generali Open de France au Parc équestre fédéral de Lamotte-Beuvron. Nous adapterons la programmation aux jauges et conditions sanitaires en vigueur. Nous avons déjà procédé à des simulations concernant le flux de personnes afin de limiter les contacts et regroupements trop importants au même moment. En 2022, la principale nouveauté sera la mise en place de l’Open Amateurs. Les trois championnats (poneys, clubs et amateurs, ndlr) s’enchaîneront sur deux sites différents au cours du mois de juillet.

Concernant à présent le haut niveau, quel goût vous ont laissé les Jeux olympiques et les championnats d’Europe de saut d’obstacles, concours complet et dressage?

Nous avons dressé le bilan des grands championnats avec Sophie (Dubourg, directrice technique nationale, ndlr). Quand nous allons aux Jeux olympiques, nous visons bien sûr une médaille, au moins dans les deux premières disciplines citées. Cela faisait partie du projet. Nous avons été virtuellement champions olympiques pendant quelques minutes (en jumping, après les tours à un points de Simon Delestre et Mathieu Billot sur Berlux et Quel Filou 13, et avant l’élimination de Pénélope Leprevost et Vancouver de Lanlore, ndlr). Si cela avait tenu jusqu’au bout, nous qualifierions nos résultats en d’autres termes. Ce sont les lois du sport. Sans se chercher d’excuses, le décalage d’un an de l’échéance ne nous a pas favorisés. Certains chevaux se sont trouvés un peu âgés, d’autres n’étaient plus là, ou pas au rendez-vous le moment venu. Nous avons connu une préparation compliquée, au cours de laquelle nous avons perdu quelques couples, etc. Nous avons finalement pu espérer jusqu’au bout, mais cela ne l’a pas fait dans cette discipline.

En complet, même si la couleur est moins belle qu’en 2016 à Rio (où la France avait décroché l’or, ndlr) la médaille de bronze de notre équipe (composée de Karim Laghouag, Christopher Six et Nicolas Touzaint aux rênes de Triton Fontaine, Totem de Brécey et Absolut Gold*HDC, après avoir encaissé les forfaits de Qing du Briot*IFCE, Babylon de Gamma et Birmane, les cracks du lieutenant-colonel Thibaut Vallette, d’Astier Nicolas et Thomas Carlile, ndlr) illustre une forme de stabilité. Cela conforte l’encadrement technique de cette discipline, que nous comptons reconduire jusqu’en 2024.

Il y aura des ajustements à faire pour préparer les deux ans et demi qui nous séparent des Jeux, dans cette olympiade raccourcie. Nous sommes vraiment tournés vers Paris avec l’ambition de donner le meilleur à domicile. Étant qualifiés d’office, ce qui n’est absolument pas anodin en termes de choix stratégiques et d’ambiance générale, nous pourrons aborder un peu différemment les championnats du monde de 2022 et les Européens de 2023.



“En dressage, il faut repenser le dispositif fédéral”

À ce titre, la sélection aux championnats d’Europe Longines de saut d’obstacles de Riesenbeck a pu surprendre. Comme aucune qualification n’était en jeu et qu’il s’agissait de la seconde échéance majeure de l’année, certains cavaliers et propriétaires auraient aimé que les portes de l’équipe s’ouvrent à davantage de couples n’ayant pas ou très peu d’expérience en championnats…

On peut toujours discuter des sélections. Pour autant, nous devons respecter les choix des femmes et des hommes que nous avons choisis pour encadrer nos équipes de France. Il y a toujours de l’arbitraire dans une sélection. Et nous pouvons aussi entendre, moi le premier, qu’il y avait une certaine forme de revanche et une volonté de se racheter de Tokyo. Il y a aussi des enjeux vis-à-vis des cavaliers et propriétaires de chevaux. Malheureusement, il n’y a pas eu de médaille. Mais là encore, si nous avions gagné une, on qualifierait nos résultats en d’autres termes. Les tenants d’un argument en tiendraient un autre, et vice versa.

Les Jeux olympiques de Paris 2024 s’ouvrent dans moins de mille jours. L’encadrement des équipes de France va-t-il évoluer en vue de cet objectif?

Le staff qui conduira nos équipes vers Paris 2024 sera connu en fin d’année. D’ici là, nous avons un certain nombre de réunions de travail avec les cavaliers et propriétaires des disciplines concernées. Notre réflexion se poursuit. En complet, nous devrions être dans la stabilité et la continuité. En saut d’obstacles, quelques ajustements sont à prévoir. Et en dressage, il faut repenser le dispositif, car nous constatons, année après année, que les performances et progrès ne sont pas au rendez-vous. Les personnes qui ont œuvré pour la discipline jusqu’à présent n’ont pas démérité, mais on ne comprendrait pas que nous ne changions rien. Il faut être réaliste vis-à-vis de Paris 2024 en dressage. Nous devons fixer un objectif atteignable pour ces Jeux à domicile, puis un autre plus lointain, et mener un travail de fond dans cette discipline. Quelques pistes sont déjà à l’étude. Le fonds de dotation ÉquiAction, créé il y a un an, va nous permettre d’accompagner le sport de haut niveau. Le dressage en fait partie et sera prioritaire. Tout cela devrait être finalisé pour la fin d’année.

Je n’oublie pas le para-dressage, où nous sommes plutôt satisfaits des progrès constatés. Nous allons essayer de renforcer notre partenariat avec l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE) afin de préparer davantage de chevaux pour l’avenir. Les cavaliers en situation de handicap rencontrent des difficultés pour maintenir des chevaux à un niveau de dressage qui leur permet de performer. Nous devons prendre ce paramètre en compte. Nous allons poursuivre sur cet élan, tout en essayant de trouver d’autres montures, avec le soutien du fonds de dotation. Pour le reste, nous allons conserver le principe des master classes au cours de l’hiver et lors des compétitions. Dans cette disciplines, nous visons une médaille par équipes à Paris.

Comme souvent, après les Jeux olympiques, on a enregistré bon nombre de transferts. La France n’a pas échappé à ce mercato, notamment avec les ventes de Berlux et Urvoso du Roch. Certains acteurs et observateurs s’alarment du manque de chevaux, tandis que d’autres se montrent plus optimistes. Quel est votre opinion à ce sujet?

Les effectifs de chevaux pour les Jeux de Paris seront stabilisés en 2023. Bien-sûr, il est toujours dommage de perdre des chevaux, pas seulement dans la perspective des JO. Compte tenu de leur âge, certains ne seraient pas entrés en ligne de compte pour cette échéance. Cela peut poser des questions pour les cavaliers, qui ne pourront plus forcément défendre les couleurs de la France lors de grands concours. Le côté positif est que nous savons produire ces bons chevaux. La preuve, les étrangers viennent nous les acheter. C’est une marque de qualité pour le travail effectué par les éleveurs, les cavaliers formateurs et les instances fédérales. Je ne veux pas minimiser cela, mais pour Paris, il ne faut pas vingt-cinq chevaux, mais cinq ou six capables de performer le moment venu. Ces chevaux existent. Désormais, il nous faut des propriétaires fidèles, ayant une vraie ambition olympique. La Fédération fournit des efforts, mais quels qu’ils soient, ils ne peuvent pas être à la hauteur des prix auxquels se vendent les meilleurs chevaux sur le marché. On parle de plusieurs millions d’euros. De toute façon, ce n’est pas le rôle de la Fédération. Le plan stratégique pour 2024 est de parfaire la préparation et de mieux accompagner les propriétaires. La Fédération et le fonds de dotation y seront pleinement engagés.



“Les prix des chevaux d’instruction ont considérablement augmenté ces dernières années”

ÉquiAction a été lancé au printemps dernier. Quelle seront ses prochaines actions?

L’idée était de le lancer, afin de montrer qu’il existait, sans pour autant qu’il ne soit concentré sur sa mission première. Nous sommes en train de le structurer. Il a été doté par la Fédération il y a un an (de 3 millions d’euros, ndlr). Nous sommes désormais à la recherche de fonds supplémentaires. Le but n’est pas de distribuer uniquement la dotation fédérale, mais de trouver d’autres sources de financement. Cela se passera en deux étapes: une recherche d’entreprises ou d’institutions, puis un appel à la générosité publique afin de galvaniser tout le monde. Tout cela aura pour but de contribuer à l’objet du fonds, à savoir soutenir les équipes de France, ainsi que les aspects sociaux et sociétaux, tant sur les questions de handicap que de bien-être animal. Il faut aussi penser à l’après. Nous avons les Jeux en 2024, mais l’échéance olympique revient tous les quatre ans.

Recruter et fidéliser du personnel semble de plus en plus compliqué pour les clubs. Quel regard portez-vous sur cette situation?

Nous avons d’autant plus de problèmes à recruter en ce moment que nous connaissons une forte croissance depuis deux ans. Les effectifs avaient été ajustés pour des volumes moindres. De plus, nous n’avons pas formé le nombre de personnes requises pendant ces deux années marquées par les restrictions sanitaires. Habituellement, nous formons environ mille deux cents enseignants par an. La conjoncture actuelle cause forcément un petit trou d’air. La Fédération ne peut pas tout, mais elle accomplit sa part de travail de différentes manières, notamment à travers des campagnes de recrutement ou la promotion des valeurs et métiers de l’équitation. Ce problème touche l’ensemble de la filière. Équi-ressources a d’ailleurs lancé une grande campagne avec l’IFCE et l’État. De notre côté, nous avons fondé un Centre de formation d’apprentis (CFA) il y a un an, afin d’aider les clubs. La réforme de l’apprentissage et de la formation professionnelle impose des démarches de qualité obligatoires pour les organismes de formation. Aussi, notre CFA permet aux établissements qui n’avaient pas d’organismes locaux ou régionaux de pouvoir devenir une unité de formation pour apprentis. Pour le moment, il se concentre sur le métier d’animateur d’équitation mais, avec le temps, nous élargirons nos horizons au métier de moniteur, puis à tous les autres besoins. La Fédération poursuit ses efforts sur les titres d’animateur et de moniteur, avec l’État, et sur le diplôme d’accompagnateur de tourisme équestre. Au-delà de tout cela, il y a malheureusement assez peu de moyens pour faire face à cette pénurie conjoncturelle.

Le bien-être, humain et animal, est un sujet de plus en plus prégnant dans nos sociétés. La FFE s’attache depuis longtemps à populariser et démocratiser la pratique de l’équitation. Comment peut-on concilier toutes ces problématiques, particulièrement dans les villes, où la pression foncière est très élevée? 

L’équitation doit rester un sport ouvert. Ce n’est pas qu’une question de tarification. Il faut être présent aux côtés des personnes en situation de handicap, des publics scolaires et des autres sports de nature qui contribuent au développement des territoires ruraux. Ensuite, il appartient à chaque entrepreneur de s’adapter, en fonction de sa situation géographique, de ses besoins, de sa structure, de son terrain, de ses poneys ou de ses chevaux. 

Les difficultés à trouver des chevaux d’instruction semblent également peser sur l’économie des centres équestres. Que peut faire la FFE en la matière?

Des réflexions sont en cours avec les éleveurs et associations de race, par l’intermédiaire de la Société hippique française. Cela ne fera pas tout, mais nous nous rendons compte qu’il y a une pénurie de chevaux, ou du moins que les prix ont considérablement augmenté ces dernières années. Même s’il y a des explications conjoncturelles à ce phénomène, il faut essayer de trouver des solutions.



“La fédération ouvre un service des territoires, pour accompagner les CRE et CDE”

Après les dernières élections, au printemps, le comité fédéral a confié à Emmanuel Feltesse, président du comité régional d'équitation d’Île-de-France la mission de restructurer les relations entre la FFE, ses comités régionaux (CRE) et départementaux (CDE) et ses clubs. Où en est ce chantier?

Notre travail sur ce sujet se poursuit et va se traduire par des éléments plus concrets. Les premières actions du comité fédéral nouvellement élu, et notamment ce que nous avons appelé les Assises du territoire, peuvent paraître un peu abstraites pour le grand public. Emmanuel, qui préside le conseil des présidents de comités régionaux, en a effectivement eu la responsabilité. Dès le printemps, il y a eu une large consultation via des enquêtes et visioconférences avec les clubs, les CDE, les CRE et les comités de tourisme équestre. L’objectif était de mieux articuler l’action fédérale au sens large. Cette dernière est à la fois portée par la Fédération au niveau central, et aux niveaux des régions et départements. Nous avons réfléchi à comment mieux répartir les différentes missions. Un paramètre important est à prendre en compte: depuis la réforme territoriale, certaines régions se sont considérablement élargies et certains clubs se trouvent désormais éloignés des organes régionaux. Ces Assises du territoire ont fait émerger un certain nombre de pistes de réflexion. La première a mené à une réforme des statuts des CRE et CDE. Elle a été adoptée très récemment, et servira de base pour les élections du 16 décembre dans la plupart des régions et départements. Quelques-uns tiendront de nouvelles assemblées générales en raison de quorums non atteints lors de l’assemblée générale modificative, tandis que d’autres ont choisi des dates ultérieures pour leurs prochaines élections. 

En parallèle, la fédération ouvre un service des territoires, qui proposera un accompagnement dédié aux CRE et CDE afin d’aider les présidents et élus de ces organes déconcentrés dans l’ensemble de leurs missions, et notamment dans leurs relations avec les pouvoirs publics et collectivités. Ce service sera opérationnel mi-décembre. Il s’agit d’un centre de support technique pour accompagner, mais aussi pour mutualiser les bonnes pratiques. Il existait déjà dans nos branches formation, compétition, tourisme et juridique. Il s’agit donc de centraliser ces moyens en un seul service et d’offrir un seul groupe d’interlocuteurs, dédiés quotidiennement aux organes déconcentrés. Cela nous permettra d’aider concrètement les élus au quotidien, sur le terrain. Un système de conventions d’objectifs sera aussi mis en place avec les CRE et CDE, qui sont aujourd’hui majoritairement financés par la Fédération et les fonds des licences. Nous leur allouons près de cinq millions d’euros par an. L’idée est de mettre en place un système de financement permettant de mener davantage d’actions avec ceux qui s’impliquent dans le développement de la pratique sur leurs territoires. Nous nous adapterons en fonction des territoires et des occupations des élus, mais les choses resteront concrètes et quantifiables en matière de développement. Même s’il existe déjà indirectement à travers les licences, l’intéressement à la progression du nombre de cavaliers sera renforcé.

Un mot pour conclure sur le prochain congrès fédéral, qui se tiendra les 25 et 26 novembre?

Il comprendra à la fois des temps d’assemblée plénière, en visioconférence, depuis le siège de la Fédération au Parc équestre, et des parties conduites dans chaque régions, où les dirigeants de structures équestres seront réunis autour des élus de leur CRE. Il s’agit d’un format inédit, qui permettra d’impliquer le plus de dirigeants et enseignants possibles. L’assemblée générale ordinaire de la fédération sera incluse dans ces deux jours.